La STC importera des médicaments qui sont consommés quotidiennement
L’achat des médicaments est devenu un véritable casse-tête pour de nombreux Mauriciens, en particulier pour les personnes âgées et ceux qui souffrent du diabète et d’hypertension. Désormais, il faut compter une hausse jusqu’à 30 % sur certains prix. Quel est l’impact sur le budget ménager ? Tour d’horizon.
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«Les prix pratiqués dans les pharmacies actuellement sont exorbitants », martèle Sitara Seetul, une habitante de Roches Brunes. Âgée de 74 ans, elle souffre de plusieurs complications de santé et se fie uniquement sur certaines marques de médicaments pour se faire soigner. « Ces médicaments ne sont pas disponibles dans les hôpitaux. Donc, je n’ai pas d’autre choix que de les acheter », soutient-elle. Avec la hausse des prix, elle dit avoir de la peine à joindre les deux bouts. « A titre d’exemple, pour le diabète et l’hypertension, la boîte de médicaments pour 15 jours se vendait à Rs 400 et Rs 500 respectivement l’année dernière. Aujourd’hui, je dois débourser Rs 600 et Rs 800 respectivement pour les mêmes médicaments », dit-elle.
Situation que vit Fabien chaque mois pour les médicaments de sa femme. Comptable de profession, il se dit surpris par la manière dont les prix des médicaments montent en flèche. « Suite à une chute, ma femme souffre du diabète depuis son jeune âge. En raison de mauvaises expériences dans le service de santé public, on a commencé son traitement dans le privé », explique-t-il. Maintenant, il commence à ressentir le poids des médicaments sur son budget ménager. « La boîte d’un médicament pour le diabète est passé de Rs 300 à Rs 600. Une autre boîte de médicaments qui se vendait à Rs 1 300 l’an dernier se vend maintenant à Rs 1 600 », indique-t-il.
Manisha Seegopaul, femme au foyer et mère de deux petites filles se trouve dans la même situation. « Avec deux enfants en bas âge, il faut toujours avoir certains médicaments à la maison », dit-elle. Si l’année dernière, elle consacrait un budget de Rs 500 pour l’achat des médicaments pour les enfants, aujourd’hui, elle affirme que les mêmes médicaments coûtent environ Rs 1 000, soit le double. « A titre d’exemple, le gel ‘Pansoral’ se vendait à moins de Rs 200. Maintenant, le prix est au-dessus de Rs 300 », dit-elle.
Ces médicaments dont les prix sont en forte hausse | ||
Produits | Prix en janvier 2020 (avant la Covid-19) | Prix en juillet 2021 |
Forxiga 10mg | Rs 50,32 | Rs 57,82 |
Diamicron | Rs 13,67 | Rs 17,40 |
Invokana 300 mg | Rs 53,80 | Rs 67,30 |
Janumet 50/1000 mg | Rs 24,98 | Rs 31,02 |
Zita-Met Forte 20/1000 mg | Rs 13,55 | Rs 15,02 |
Ketoplus | Rs 167,28 | Rs 198,68 |
Relcer | Rs 98,85 | Rs 117,40 |
Telma H40 | Rs 116,59 | Rs 138,47 |
Zetitor | Rs 494,25 | Rs 587,00 |
Metformin Denk 1gm x 30 | Rs 159,45 | Rs 163,55 |
Glucophage x 90 | Rs 222,18 | Rs 240,36 |
Astrix x 28 (Aspirin) | Rs 94,78 | Rs 106,15 |
Metformin Denk 850 mg | Rs 435,03 | Rs 520,25 |
Metformin Denk 500 mg | Rs 273,22 | Rs 280,07 |
Source : les pharmacies. |
Pourquoi les prix ont-ils augmenté ?
Nitin Busguth, vice-président du Pharmacy Council donne une série de raisons qui explique la hausse des prix des médicaments. « D’abord, il faut bien comprendre que la hausse des prix est hors du contrôle des pharmaciens. Ce sont plutôt les facteurs externes qui ont fait grimper les prix », explique-t-il. Le facteur principal, dit-il, demeure la dépréciation de la roupie mauricienne par rapport à d’autres devises étrangères. « Par ailleurs, le coût du fret a grimpé de 400 % en deux ans seulement », indique-t-il. Selon lui, si le gouvernement souhaite soulager les consommateurs, pourquoi ne pas donner une subvention aux importateurs comme c’est le cas pour les produits alimentaires de base. Il rappelle que les revendeurs travaillent sur un Mark-Up de 21,6 %. « Les prix des médicaments sont calculés avec un profit maximum grâce au Maximum Fixed Mark Up. En d’autres termes, les autorités fixent le prix maximum auquel les médicaments peuvent être vendus », affirme-t-il.
La STC importera des médicaments qui sont consommés quotidiennement
Suite à la flambée des prix des médicaments, la State Trading Corporation (STC) étudie la possibilité d’importer des médicaments. « Cependant un comité technique au ministère du Commerce et de la Protection des Consommateurs travaille déjà sur le récent rapport de la Competition Commission pour définir la marche à suivre », indique une source proche du dossier. Ce dernier affirme que la STC importera des médicaments uniquement dans le but de soulager les consommateurs – surtout ceux qui souffrent d’hypertension, de diabète et des problèmes cardiovasculaires et doivent par conséquent prendre leurs médicaments quotidiennement.
Le secteur pharmaceutique en chiffres
- 40 grossistes
- 354 pharmacies
- 43 de ces pharmacies de détail appartiennent à 8 grossistes
- Rs 5 milliards- c’est la valeur du marché des produits pharmaceutiques importés en 2019
- Rs 4 milliards- Le montant dépensé par les consommateurs pour l’achat des médicaments.
- Rs 1 milliard- Le montant dépensé par le gouvernement pour acheter des médicaments
Source : Competition Commission of Mauritius (CCM).
Mosadeq Sahebdin : « L’importation des médicaments par la STC est un pari difficile »
Le président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), Mosadeq Sahedin est catégorique : « L’importation des médicaments par la STC est un pari difficile. » Il explique que l’industrie pharmaceutique à Maurice est protégée par la représentation exclusive sur certains produits et ainsi ne permet pas de la concurrence. « Par exemple, les fournisseurs partagent une relation commerciale exclusive avec certains importateurs. Ainsi, les autres ne sont pas en mesure d’importer les mêmes marques », dit-il. Selon lui, si la STC envisage d’importer des médicaments, elle doit se rabattre sur les médicaments génériques qui ne portent pas ces marques. « La STC devra jouer le rôle d’importation parallèle. Toutefois, le régime à Maurice ne permet pas l’importation parallèle. Ce sera difficile pour la STC d’opérer sur le ‘same level playing field’ avec d’autres importateurs », dit-il.
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