Ils sont de plus en plus audacieux de nos jours. En journée comme en début de soirée, divers types de vols sont perpétrés. La prudence est de mise !
Les vols dans les voitures semblent être la nouvelle tendance. Dans un morcellement huppé de Pointe-aux-Sables, plus d’une demi-douzaine de cas ont été enregistrés, depuis le début de l’année. Les individus ont fait voler en éclats la vitre des portières des véhicules en stationnement pour faire main basse sur les effets personnels de leurs victimes. Avec, en sus, les nombreux vols à l’arraché recensés, le public doit redoubler de vigilance.
Ce n’est pas Nadinee (prénom fictif) qui dira le contraire ! Cette habitante de Pointe-aux-Sables fait partie des victimes de vols commis dans les véhicules en stationnement. L’incident s’est produit à Quatre-Bornes alors qu’elle allait déposer son fils à l’école le jour de la rentrée scolaire. À son retour, son sac à main, laissé sur le siège de sa voiture, avait disparu. « C’est une chose que je n’ai pas l’habitude de faire. Mais ce jour-là, c’était la rentrée et j’étais pressée d’accompagner mon fils à son école », nous confie-t-elle.
Prudence à pied !
La ruelle où elle avait garé sa voiture était assez fréquentée et comme c’était la rentrée des classes, il y avait du mouvement autour de l’école. « Cela a été la consternation ! En sus de mon portefeuille et de mon téléphone portable, j’ai aussi perdu mes cartes bancaires qu’il a fallu refaire et d’importants documents qui n’ont aucune utilité pour les malfrats », déplore notre interlocutrice, visiblement très amère. La prudence doit aussi être de mise pour ceux qui sont à pied ! Le nombre de vols à l’arraché dans plusieurs endroits de l’île semblent prendre l’ascenseur depuis ces dernières années. Bijoux en or, argent ou téléphone portables sont les objets tant convoités par ces individus, se déplaçant souvent à moto. Une quadragénaire habitant Plaines-Wilhems a été trainée sur plusieurs mètres par deux malfrats à moto qui voulaient lui voler son sac. La dame rentrait chez elle après le boulot à la tombée de la nuit. « Elle était à quelques mètres de son domicile. Il commençait à faire noir ce jour-là et il pleuvait des cordes. A un moment, une moto avec deux individus à bord s’est approchée d’elle et le passager a voulu lui prendre son sac. Comme elle ne le lâchait pas, elle a été trainée sur l’asphalte sur une vingtaine de mètres », nous confie une voisine, témoin de la scène. Même si les deux malfrats sont repartis bredouille, la victime qui a pu garder son sac a été blessée sur tout le corps.« Neigbourhood Watch »
Toutefois, plusieurs subterfuges sont utilisés pour les vols à l’arraché. Deux habitantes de la région de Palma, Samila et Hema, avancent que le mode opératoire a évolué. Dans les deux cas, des individus les ont approchées pour leur demander un renseignement, avant de leur substituer leur chaine en or. Pour mettre fin à la série de vols, la force policière a développé le Community Policing. Ainsi, la Crime Prevention Unit invite les membres du public à être des acteurs de leur propre sécurité à travers le Neigbourhood Watch. Avec ce système de surveillance du quartier, les habitants concernés disent vivre avec une plus grande quiétude. C’est le cas pour Olivier Rose de Splendid Village à Albion. Après avoir failli être victime d’un vol, il a eu l’idée de proposer un système de surveillance à ses voisins. « Dans le quartier nous nous sommes rendu compte que nous ne nous connaissions pas. Mais, depuis, nous avons fait connaissance et échangé nos numéros de téléphone. Ce qui fait que tout le monde est prévenu s’il y a des mouvements louches dans la région et la police est avertie également », explique-t-il. Rajesh Bessoon de Palma abonde dans le même sens et espère que les habitants du quartier se montreront plus concernés par ces vols à répétition. Pour l’heure, un petit groupe a pu bénéficier des conseils de la CPU et assure une petite surveillance des mouvements louches. Les inconnus sont interpellés et la police est également prévenue des faits et gestes des personnes qui ne résident pas les environs, explique-t-il. « J’espère vivement la mise en place du Neighbourhood Watch pour une surveillance plus efficace », martèle notre interlocuteur.Rajen Suntoo, sociologue: « Les voleurs sont des opportunistes »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8260","attributes":{"class":"media-image alignnone size-full wp-image-16130","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Rajen Suntoo, sociologue"}}]] Le nombre vols en tout genre semble être en hausse. Comment peut-on expliquer cette situation ? Il y a plusieurs facteurs. Ce qu’il faut savoir c’est que quelqu’un ne devient pas voleur du jour au lendemain. Si un enfant a grandi dans un environnement où il existe cette manie de voler, il va forcément suivre la même tendance une fois adulte en mettant en pratique ce qu’il aura appris dès son plus jeune âge. Il en est de même pour les braquages. Cela peut venir de l’influence des personnes qu’on fréquente et aussi par le fait que certaines personnes n’arrivent pas à suivre le pas concernant la modernisation de la société. Pour arriver à joindre les deux bouts, certains ont choisi le vol comme moyen de se faire rapidement de l’argent. Selon la police, certains des vols ont été commis par d’anciens codétenus. Est-ce une faille de notre milieu carcéral qui n’arrive pas à réhabiliter les détenus ? L’influence des pairs est très forte. La prison ne va jamais changer une personne qui a acquis un mode de vie. Si voler fait partie de sa culture et qu’un détenu rencontre d’autres qui ont la même culture, ils vont continuer à agir de la même façon. La prison est comme une université parallèle où les détenus se partagent leurs méthodes. Les vols sont de plus en plus audacieux. Diriez-vous que les voleurs sont plus avertis et organisés ? Oui, en effet, les voleurs sont plus malins. Ils ont de meilleurs moyens de communication et jouent la carte de la prudence à chacun de leur forfait. C’est ce qui explique qu’il est parfois difficile de les retrouver. Ils sont plus avertis et font un travail de fourmi avant de passer à l’acte. Il ne serait pas étonnant qu’ils prennent la peine, en sus de faire un travail de reconnaissance des lieux, de filmer la scène avant de passer à l’action. Cela afin de bien étudier la manière dont ils vont opérer. Peut-on dire que les victimes sont moins vigilantes ? Je ne dirais pas que les victimes sont moins vigilantes. C’est juste que voler n’est pas dans leur culture et qu’elles pensent que les personnes dans leur entourage immédiat sont comme elles. Ce n’est que quand une personne est victime de vol qu’elle devient plus vigilante et réalise que tout le monde n’est pas pareil. Mais les voleurs sont des opportunistes également.Bhimsem Ramma de la Crime Prevention Unit: « Il ne faut pas tenter le diable »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8261","attributes":{"class":"media-image alignnone size-full wp-image-16131","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Bhimsem Ramma"}}]] Le mode opératoire des voleurs a évolué et le public doit suivre le pas afin de déjouer leur plan, lance l’inspecteur Ramma de la Crime Prevention Unit (CPU). Il recommande aussi aux commerces d’être particulièrement vigilants en améliorant leur système de sécurité, notamment à travers les caméras de surveillance. « Les cas de vols recensés ces derniers temps, surtout dans les commerces, ne se déroulent pas la nuit mais en pleine journée également. Cela, pendant la période creuse où il n’y a habituellement pas beaucoup de monde. Ce qui nous fait dire qu’ils ont dû faire des visites de reconnaissance avant de passer à l’acte. Dans certains cas, nous avons observé qu’ils évitent minutieusement les caméras de surveillance. Nous estimons qu’ils ont déjà fait un repérage des lieux les plus vulnérables avant de passer à l’action ». Ce qui a incité la police a intensifié ses campagnes de prévention auprès des petites et moyennes entreprises afin qu’ils prennent les mesures appropriées pour mieux se protéger contre ce type de braquage. Pour l’inspecteur Ramma, les commerçants et les particuliers, également, devraient développer une culture de prévention et faire en sorte de compliquer la tâche des malfrats en installant des grilles ou antivols là où l’argent est sauvegardé. « Nos campagnes de prévention visent à les guider sur les mesures à mettre en place pour contrecarrer les vols. Les malfrats sont soit des opportunistes soit des personnes qui ont un mode opératoire précis », indique-t-il, soulignant aussi que la routine doit être bannie du vocabulaire des commerçants. « Ils ne doivent plus faire les choses comme d’habitude mais être constamment sur leurs gardes et adopter de nouvelles mesures de précautions ». En ce qu’il s’agit des vols dans les véhicules en stationnement, il rappelle que les objets de valeurs ne devraient pas être placés à la vue de tout le monde, mais être enfermés dans le coffre du véhicule. « Il ne faut pas tenter le diable », martèle l’inspecteur.Braquages: Les commerces pas en reste
La police a mis la main, la semaine dernière, sur deux récidivistes, Patrick Joseph Marianne et Seewooram Babajee. Ils ont avoué être les auteurs de plusieurs cas de vols à main armée dans divers commerces du pays semant le désarroi parmi les victimes. Parmi, les supermarchés Dream Price de Montagne Blanche et de Rose-Belle en début du mois, où une somme totale de Rs 188 000 a été emportée. Les cambrioleurs ont aussi avoué avoir braqué, avec d’autres complices, la station-service Engen à Roches-Brunes quelques jours plus tard, emportant la caisse et le sac d’une employée. Toutefois, le propriétaire d’une quincaillerie à Curepipe a eu plus de chance car les malfrats ont dû repartir bredouille suite à l’intervention courageuse d’un policier, qui pourtant n’était pas de service ce jour-là. Plusieurs autres cas ont été enregistrés l’an dernier, concernant aussi bien les petits commerces et les résidences, selon l’inspecteur Bhimsem Ramma. Outre les supermarchés et la quincaillerie, ce sont aussi des pharmacies qui ont été braquées, indique l’inspecteur de la brigade de prévention des crimes.Depuis le début de l’année
En l’absence des chiffres officiels de la police, nous avons répertorié quelques-uns des cas de vol commis depuis le début de l’année, parus dans divers médias.- Un malfrat a détroussé une touriste suisse alors qu’elle effectuait un retrait à un guichet automatique à Pereybère. La somme emporté s’élève à Rs 10 000.
- Une somme de Rs 184 000 a été volée dans un bungalow à Belle-Mare au détriment d’un Autrichien. Parmi les objets emportés, des bijoux, chaussures et parfum ainsi des devises étrangères.
- Une église et une mosquée ont été vandalisées. L’église de Ste Marie Madeleine à Pointe aux Sables a reçu la visite de voleurs qui ont pris le calice et une petite somme d’argent. A la mosquée Noor-E-Mohammadi, les malfrats ont tout simplement mis le feu au lieu de culte.
- Un policier a été arrêté. Il est impliqué, avec son complice, d’un vol à la tire commis à Quatre-Bornes.
- Série de vols dans le nord, plusieurs malfrats, dont un mineur ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs de plusieurs cas de vol commis dans des domiciles à Grand-Gaube, Pereybère, Pointe-aux-Canonniers et Calodyne.
- Le chauffeur de taxi Issoop Bhurtun a été agressé et séquestré par trois individus qui se sont fait passer pour des clients. Ils lui ont volé la somme de Rs 2 700.
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