Vols de sacs, d’argent, coups et blessures en pleine rue, menaces… De plus en plus de personnes âgées sont ciblées par des délinquants sans scrupules. Pour beaucoup de retraités, la vieillesse, au lieu d’être une période de repos, rime désormais avec peur et insécurité. De par leur vulnérabilité, nos aînés deviennent des proies faciles. Au cours des derniers mois, de nombreuses plaintes ont été enregistrées pour des vols avec violence commis sur des seniors.
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Un retraité de 86 ans agressé avec une brique sur la tête
Clifford (prénom fictif) n’en revient toujours pas. À 86 ans, il fait partie des victimes ayant vécu une expérience traumatisante. Il ne s’attendait pas à vivre une telle situation. Mardi 9 septembre, ce retraité, un habitant de Beau-Bassin, s’est fait surprendre alors qu’il marchait sur la route Vandermeersch, vers 11 heures.
« Mo ti sorti pou al bazar, ler mo pe marse pou retourne, inn ariv sa », explique-t-il. En effet, malgré son âge, il a l’habitude de sortir seul. « Ler mo pe ariv pre kot mo lakaz, mo trouv enn misie pe vini dan direksion opoze. Mo pa finn fer tro atansion ar li », raconte la victime.
Mais en arrivant à sa hauteur, l’inconnu s’est adressé à lui. « Kan li finn ariv kot mwa, li dir mwa – donn mwa larzan ! – monn kontinie marse », se souvient Clifford. L’instant d’après, il n’est pas prêt de l’oublier. « Monn trouv li pran enn brik dan so lame, li tap sa lor mo latet », raconte l’octogénaire. Un coup violent qui l’a surpris. « Monn tonbe, monn santi mwa etourdi », poursuit-il. Son agresseur, profitant de son état, a ensuite mis la main dans sa poche de chemise. « Li finn riss mo pos, li finn pran poset kot ti ena kass ek mo bann kart. Li finn sove », dit-il.
« Des passants ont essayé de l’arrêter, mais ils n’ont pas réussi. Un homme est venu m’aider. Je saignais », relate Clifford. Il a été conduit dans un centre de santé de la région pour recevoir des soins. « Souvan mo fer sa semin la, pa ti atann sa. Sirtou ti ena dimounn lor semin », confie la victime. « J’ai effectué un scan à la tête et heureusement, il n’y a pas de fracture », lâche-t-il. Depuis, il se montre méfiant envers quiconque essaie de l’approcher : « Je vis seul. Après ce qui s’est passé, je suis plus prudent. » La police criminelle de Beau-Bassin s’est saisie de cette affaire et recherche le suspect.
Une veuve de 74 ans, souffrant d’un cancer, à la merci de deux malfrats
En juin dernier, Jina Babounbhoy, une veuve de 74 ans, avait été attaquée à son domicile par deux hommes se faisant passer pour des peintres bénévoles, à Camp-de-Masque. Ils l’avaient alors ligotée et bâillonnée avant de faire main basse sur l’argent qu’elle comptait déposer à la banque.
Une épreuve marquante pour cette dame souffrant de cancer. « Mo pa ti konn zot, mo ti krwar bon dimounn », explique-t-elle. Ne se doutant de rien, elle leur avait donné accès à l’intérieur de sa maison. Ils avaient commencé à peindre mais, après une demi-heure, leur attitude a changé. « Zot ti ena enn kouto, zot inn met li lor matla. » Ils l’ont ligotée, puis bâillonnée pour qu’elle ne crie pas. « Mo ti pe dir : Bondie, Bondie, sap mwa. Mo pa konn zot lintansion : zot ti kapav pik mwa, touy mwa… », se souvient la victime. Leur forfait commis, les deux hommes sont repartis en laissant la vieille dame attachée.
« J’ai pu appeler à l’aide et un proche est venu me libérer », confie-t-elle, toujours marquée par ce drame. La CID de Brisée-Verdière a arrêté les deux suspects.
Un policier : « Ces voleurs pensent à tout. Ils s’attaquent à la fragilité des victimes »
Pour un enquêteur de la police criminelle, les personnes âgées sont des proies faciles. « Ces voleurs pensent à tout. Ils s’attaquent à la fragilité de leurs victimes. Ils savent que bien souvent, ces personnes, quand on les attaque dans la rue ou on leur arrache leurs effets à moto, elles ne peuvent rien faire. Elles ne peuvent pas courir, parfois même pas crier. Elles sont vulnérables et fragiles », explique-t-il.
Il ajoute qu’avec l’âge, les réflexes ne sont plus les mêmes. « Les malfrats savent que ces victimes auront du mal à les décrire et même à les reconnaître. Beaucoup de victimes sont traumatisées et parfois n’osent pas porter plainte, par crainte de représailles. Même quand il y a des arrestations, l’identification reste difficile », souligne le policier.
Des conseils essentiels de la police pour votre sécurité
Quand vous sortez :
• Soyez vigilant et faites-vous accompagner par un proche ou une personne de confiance.
• Évitez de porter des bijoux ou de transporter de grosses sommes d’argent.
• Ayez sous la main le numéro d’un proche ou celui de la police en cas d’urgence.
À la maison :
• Si vous êtes seul, verrouillez toutes les portes, y compris l’arrière.
• Ne jamais ouvrir aux étrangers, surtout si vous êtes seul.
• Ne laissez entrer quiconque prétendant vérifier un compteur ou faire un travail.
• Ne donnez aucun accès à la cour ou à la maison aux étrangers.
• En cas de tentative d’intrusion, appelez immédiatement le 148 (appel gratuit et opérationnel).
• Gardez le contact avec vos voisins et échangez vos numéros de téléphone.
Ashok Subron, ministre de l’Intégration sociale, de la sécurité sociale et de la solidarité nationale : « 607 cas d’abus envers des personnes âgées entre janvier et juillet »
« Les cas d’abus et de maltraitance envers nos aînés se multiplient. Selon les données de la Welfare and Elderly Persons' Protection Unit (WEPPU), qui relève de mon ministère, 607 cas ont été enregistrés entre janvier et juillet de cette année, soit une moyenne de 85 cas par mois. Ces abus vont des violences physiques aux agressions sexuelles, en passant par des abus financiers et autres formes de maltraitance.
Je rappelle le cas du Fieldview Care Home, en mai dernier, où deux cas d’abus sexuels sur des résidentes âgées avaient été signalés. L’enquête a révélé que cet établissement opérait sans permis. Nous avons aussitôt ordonné sa fermeture et le transfert des résidents vers des lieux sûrs.
Nous travaillons actuellement à une réforme du cadre légal afin de renforcer la protection de nos aînés. Deux chantiers majeurs sont en cours : l’instauration d’une loi créant un Ombudsperson for the Elderly et un amendement visant à introduire l’émission de protection orders en faveur des seniors. »
Il commandite un vol sur une dame de 99 ans
Un autre cas, survenu en juin, avait aussi interpellé les autorités. Une dame de 99 ans, domiciliée à Forest-Side, avait été victime d’un vol à son domicile. Deux hommes avaient fait irruption chez elle. L’un d’eux s’était jeté sur la nonagénaire pour lui asséner un coup au visage avant de lui arracher sa chaîne en or et d’autres bijoux. Ils avaient pris la fuite, laissant la victime traumatisée. C’est sa locataire, vivant à côté, qui lui est venue en aide.
Deux suspects avaient été arrêtés, ainsi que le commanditaire, très connu de la vieille dame et de son fils. « Nous lui faisions confiance. Je lui donnais des travaux à faire dans la maison. Il venait deux à trois fois par semaine et il ose commanditer ce vol contre moi et s’attaquer à ma mère », lâche le fils, encore bouleversé. « Lorsque je travaille, j’appelle souvent maman pour voir si tout va bien. Cette affaire nous a secoués », indique-t-il.
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