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Vive tension entre les collèges privés et la PSEA : les managers feront connaître leur position ce lundi

Des élèves d’un collège privé en classe.
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Basheer Taleb, président de la Fédération des Managers des collèges privés.
Basheer Taleb, président de la Fédération des Managers des collèges privés.

La direction des différents collèges privés de l’île souhaite une meilleure considération de la Private Secondary Éducation Authority (PSEA). Pour sa part, l’autorité indique qu’elle recherche de la transparence pour l'argent distribué à ces établissements. La Fédération des managers des collèges privés étudie toutes les options pour continuer à dispenser une éducation de qualité aux élèves. 

« La contribution des collèges privés dans le paysage éducatif mauricien est importante et reconnue ». C’est l’avis de Basheer, Taleb, président de la Fédération des Managers des collèges privés. Cette union regroupe des responsables des collèges privés et confessionnels existants. 

Le président précise que ces établissements ont pendant de nombreuses décennies contribué à l’épanouissement des élèves. « Nous admettons des élèves de tous les niveaux depuis ces dernières années. Et cela englobe également ceux qui n’obtiennent pas de place dans les collèges d’État. Nous avons introduit pratiquement toutes les nouvelles matières. Nous agissons promptement, car la direction n’a  pas besoin d’attendre les ordres du ministère de l’Éducation. De plus, la discipline est plus stricte dans nos établissements et les collèges confessionnels sont très soucieux du respect des valeurs… ».

Circulaire du 15 octobre 

Les responsables des collèges privés estiment qu’ils sont en situation conflictuelle avec la PSEA. Ils

avancent qu’il n’est plus possible de travailler avec cette autorité. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est une condition qui apparait dans une circulaire en date du 15 octobre dernier. Il est stipulé que « managers should seek prior endorsement of the Authority before embarking on any major project in particular for non-recurrent expenses ».

Pour tous travaux à être effectués au sein de leur établissement, indique un manager, il faudra engager des personnes avec un « Business Registration Number » (BRN). Les conditions étant de soumettre les reçus de paiement à la PSEA. Ils devront aussi avoir l’aval de cette autorité avant de démarrer tout projet. 

Dr. Jimmy Harmon, responsable du secondaire au Service diocésain de l'Éducation catholique (SeDEC).
Dr. Jimmy Harmon, responsable du secondaire au Service diocésain de l'Éducation catholique (SeDEC).

Depuis la réception de cette directive, les managers se sont rencontrés à deux reprises. Ils déplorent le manque de discussion avec la PSEA sur la gestion de leur collège. Ces derniers insistent sur le fait qu’ils gèrent une institution privée. Ils disent ne pas être d’accord avec l'idée de demander la permission à quiconque pour développer un projet. Cette situation, selon eux, leur enlève toute liberté d’avoir un projet d’éducation pour leurs élèves. 

C’est ainsi qu’ils n’écartent aucune possibilité dans leur façon d’agir dans les prochains jours. Le président précise que toutes les options sont étudiées, y compris l’option légale pour contrer la circulaire. La fédération fera connaître davantage sa position lors d’un point de presse prévu dans la matinée de ce lundi 8 novembre. Basheer Taleb souligne que le sentiment des responsables est de tout faire pour changer la situation. 

Avec la nouvelle formule des autorités, les collèges reçoivent entre Rs 100 000 à Rs 200 000 en moins du montant qui leur revenait pour le maintien de leur établissement. Le président souligne qu’un collège privé fait attention aux besoins de tous ses élèves et y pourvoit. « Lorsqu’un élève vient au collège et qu’il n’a rien à manger, nous lui donnons un repas. S’il n’a pas de cartable ou d’uniforme pour se rendre au collège, nous lui offrons cela aussi. Étant à la tête d’un collège privé, je dois pouvoir faire ces choses-là pour l’épanouissement de mes élèves. Avec tout ce contrôle, je ne pourrai pas le faire et c’est l’élève qui en souffrira. À la longue, nous n’allons pas pouvoir survivre, alors que nous sommes à la base en partenariat avec les autorités pour dispenser une éducation de qualité aux élèves », fait-il remarquer.

Basheer Taleb est pour la transparence. Toutefois, il insiste que s’il y a des doutes dans la gestion de certains établissements, la contribution d’autres instances est requise. « Si vous voyez qu’il y a des brebis galeuses, sévissez by all means. On ne peut pas détruire toutes ces années de confiance en un instant ! ».

Contribution

Le Dr Jimmy Harmon, responsable du secondaire au Service diocésain de l'Éducation catholique (SeDEC) indique : « Des noms comme Bhujoharry, Chan Lam, Obeegadoo, Roy résonnent dans l'histoire des collèges privés au sein de l'éducation nationale. Il y a également les grandes figures de l'éducation catholique qui se sont battues aux côtés des collèges privés après 1976. L’objectif était de s'assurer de l'apport d'une éducation diversifiée et non unique. Nous pouvons dire que dans les collèges privés, les valeurs sont vécues par le travail acharné, en faisant des efforts à tous les niveaux ».

Ramdass Ellayah, manager des collèges Bhujoharry et président de la Mauritius Private Secondary School Union (MPSSU).
Ramdass Ellayah, manager des collèges Bhujoharry et président de la Mauritius Private Secondary School Union (MPSSU).

Le responsable insiste qu’il faut aller plus loin que l’aspect financier. « Il est aussi question de reprendre notre liberté pédagogique que la PSEA a grignoté au fil des années. Le time tabling imposé par la PSEA doit aussi être contesté », ajoute-t-il.

À ce propos, il fait ressortir qu’avant 2005, chaque collège préparait son emploi du temps pour les enseignants guidés par des principes pédagogiques. Notamment le profil des élèves pour dispenser plus de périodes d'enseignement dans telle ou telle matière. « Au fil des années, cette liberté a été complètement enlevée aux recteurs. Ils ont dû allouer le nombre de périodes comme décidé par la PSEA. C’est un non-sens pédagogique. Le time-table doit être ajusté aux besoins de l'école, mais pas aux éléments tenus par la PSEA. Un regulatory body ne peut être un managing body ».
Pour sa part, Ramdass Ellayah, manager des collèges Bhujoharry et président de la Mauritius Private Secondary School Union (MPSSU), qualifie la contribution des collèges privés d’inestimable. « Ils ont sauvé toute une génération de Mauriciens en dispensant une éducation de qualité, alors que ces derniers n'avaient nulle part où aller ».

Concernant le collège Bhujoharry, il fait ressortir que celui-ci a marqué ses empreintes dans le domaine de l'éducation à l'île Maurice. « Nous avons adopté la philosophie où tout le monde doit avoir la possibilité d'être éduqué. Nous pensons aussi que les connaissances doivent être transmises à tous les étudiants. Au cours des dernières décennies, le collège a produit plusieurs lauréats, ministres, historiens, hommes d'affaires et autres personnalités célèbres », indique-t-il.

En 2024, le collège Bhujoharry fêtera ses 100 ans de contribution dans le secteur de l'éducation à Maurice. « De 2011 à aujourd'hui, notre philosophie s'est renforcée. Nous sommes au service des élèves et des familles les plus nécessiteux. Nous sommes plus qu'une école. Nous sommes une famille. Ensam nu Capav, telle est notre devise pour encourager, conseiller et motiver les étudiants peu performants à travailler dur, à croire en leurs talents et à développer un sens de la citoyenneté. Nous prônons une culture de l'effort, du sacrifice et du travail acharné », ajoute notre interlocuteur.

 

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