Actualités

Visite guidée à la prison des femmes

La vie en prison comporte, certes, des contraintes et autres privations. Toutefois, les responsables de la prison des femmes s’évertuent à aider leurs pensionnaires dans leur processus de réhabilitation.

Publicité

Cette semaine, nous avons eu le privilège de visiter l’Open Prison for Women, à Beau-Bassin,  qui opère selon un nouveau concept de réhabili­tation basé sur le modèle australien.

Il faut dire que, d’emblée, nous avons été surpris par la qualité du service et le niveau d’excellence de la prison, qui n’a pas à envier celui d’un hôtel 4-étoiles. Ce nouveau concept a été lancé depuis novembre 2015 dans le but de donner la chance aux femmes de s’habituer à un nouvel environnement pour rentrer à la maison après avoir purgé leur peine.

Mlle Mirella Latchman, Assistant Superintendent de la prison, nous accueille avec le sourire devant la porte, dans une cour propre et respirant la tranquillité. Elle nous explique que les détenues ayant terminé les trois quarts de leur peine sont traitées non comme des détenues, mais comme des mères de familles disciplinées. « Quand elles termineront la totalité de leur peine, elles pourront rentrer chez elles pour réintégrer la société et vivre en famille. À la prison, 14 détenues dorment dans les dortoirs. Elles font la cuisine à tour de rôle et leur lessive personnelle », dit-elle.

Préparation des repas

Il y a trois dortoirs d’une capacité de 14 lits, avec des draps. Leurs lits sont rangés comme elles le feraient dans leur propre maison. « Les détenues consomment les mêmes repas que celles de la prison de Beau-Bassin, mais à la différence que c’est elles-mêmes  qui les préparent. C’est une Non smoking prison et elles doivent regagner leur dortoir à 17 h 30, après un bain obligatoire. Elles peuvent regarder la télévision jusqu’à 22 heures. Par contre, si elles veulent rester dans leur dortoir ou dans leur lieu de prière, elles sont libres de le faire. Une bibliothèque avec livres et magazines est aussi disponible », ajoute-t-elle.

Melle Latchman nous explique que, depuis la mise sur pied de cette unité, aucun problème n’a été rapporté. « Les femmes se sentent plus épanouies et apprennent à vivre en communauté. Il y a plus de respect entre les détenues et les officiers. Elles ont droit à trois visites  par mois et peuvent téléphoner à leurs familles, même si le nombre d’appels est limité », explique-t-elle.

Melle Latchman fait ressortir que, pour gérer une prison, il faut avoir beaucoup de patience, de la compréhension et savoir comment gérer les situations. Les femmes à la prison apprennent la broderie, le jardinage et la pâtisserie. Elle est derrière le projet Kids R Kids, où les enfants de détenues sont gardés à la crèche. Melle Latchman pense que la réhabilitation est une façon sûre d’aider les femmes à réintégrer la société.


Marie Annick Nelson, assistante commissaire de prison

Mirella Latchman
Marie Annick Nelson, au centre.

Elle dirige la prison des femmes comme assistante commissaire avec une main de fer dans un gant de velours. Marie Annick Nelson compte 37 ans de service et a gravi tous les échelons. Elle nous parle de réhabilitation des femmes comme son dada. « Nous accordons beaucoup de facilités aux femmes pour une réintégration dans la société par la voie de la réhabilitation », souligne-t-elle. L’assistante commissaire nous fait savoir que le taux de récidive a chuté grâce à la réhabilitation. Actuellement, il n’y a que 95 détenues. Pour Marie Annick Nelson, le métier d’officier de prison est une vocation, mais elle regrette que son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Mirella Latchman, adepte de la réhabilitation

Mirella Latchman

Mirella Latchman compte 35 ans de carrière. Elle a gravi tous les échelons de la hiérarchie. Elle a une grande expérience dans la réhabilitation des détenues et jouit de leur estime. D’ailleurs, elles l’appellent affectueusement maman. Elle a suivi des cours à Maurice et à l’étranger. Elle estime que quand une femme est condamnée, c’est toute sa famille qui en souffre, surtout les enfants en bas âge qui n’ont pas de repères et tombent dans le piège de la délinquance.

Chammadevi Sridat, gardienne de prison

Chammadevi Sridat

Chammadevi Sridat est  gardienne de prison depuis 9 ans. Elle est actuellement à l’Open Prison for Women. Coquette sous son maquillage et ses cheveux blonds, elle projette l’image d’une femme ouverte et   attentive aux problèmes des détenues. Elle a travaillé aux prisons de Melrose, de Beau-Bassin et  au CYC. Chamma­devi a  été inspirée par l’émission de Gérard Sullivan Baro pas arrête la vie et cela l’a poussée à postuler pour découvrir  ce monde considéré comme sordide.

Elle est d’avis que ce sont les circonstances qui ont  fait basculer la vie de ces femmes. Elle prône le respect pour hommes ou femmes. Chammadevi rêve de diriger la prison un jour, malgré le fait qu’elle est consciente que la route est encore longue et semée d’embûches. Elle a suivi  des cours sur les droits humains, les causes du suicide, le health and safety, entre autres.

Mariée à Dheeraj Sridat, Trainee Instructor à la SMF, elle tient à remercier celui-ci pour son support, ses supérieurs et aussi sa famille. Elle s’engage à faire honneur  à la confiance placée en elle.


Patience Makinana, condamnée pour trafic de drogue

Patience MakinanaPatience Makinana, d’origine Sudafricaine, est en prison depuis 2005. Condamnée pour importation de drogue, elle sera libérée en 2018. Quand elle fut arrêtée à l’aéroport, c’est en larmes qu’elle s’est confiée aux officiers qu’elle est mère d’un fils de cinq ans. Quand elle sera libérée, son fils aura 18 ans. Patience regrette son geste, mais elle refuse de parler du passé. Elle raconte qu’elle vient d’une famille très pauvre de Cape Town et a voulu tenter sa chance pour de l’argent. À la prison de Beau-Bassin, elle a beaucoup appris et considère son séjour chez nous comme une expérience. Elle lance un message aux autres femmes du monde d’éviter de transporter de la drogue à Maurice. Elle se rappelle toujours du premier jour en prison. « I cried all day and night. I had the feeling that I would never be able to see my family », nous dit-elle. Patience a des mots élogieux pour Mirella Latchman, qu’elle considère comme sa maman.

Ludmilla, condamnée pour meurtre

LudmillaLudmilla est condamnée à 17 ans de prison pour meurtre. Elle sera libérée en 2017. Souriante, d’une voix agréable, elle nous regarde droit dans les yeux avec un sourire désarmant. Quand on lui demande pourquoi elle est en prison, elle sourit et nous  répond qu’elle était en compagnie de son concubin quand ils ont commis le crime. Mais en 2015, elle a épousé en civil son concubin à la prison. Ludmilla était enceinte de deux mois quand elle  fut condamnée. Son enfant est né en prison et y est resté avec elle jusqu’à l’âge de cinq ans. Elle a eu toutes les facilités à la crèche de la prison. Maintenant, c’est sa sœur qui s’occupe de son enfant. Souvent, son fils vient lui rendre visite. Ludmilla raconte que cette prison est une unité exceptionnelle pour les femmes. Elle a appris à faire la cuisine et a suivi un stage pour devenir esthéticienne. Elle remercie Melle Latchman et a décidé de changer sa vie pour son enfant.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !