Le 28 janvier, lors d’un événement organisé par la South African Chamber of Commerce à Maurice et Stewards Investment Capital à Grand-Baie, Dhaneshwar Damry, junior minister aux Finances, a présenté la vision 2025 du gouvernement. Il a exposé les grandes lignes des objectifs économiques et financiers pour les années à venir.
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Le gouvernement a récemment présenté son programme 2025-2029 qui s’intitule « A bridge to the futur ». Celui-ci vise à jeter les bases d’un pont vers l’avenir. Le nouveau modèle de développement proposé s’appuiera sur l’innovation et la créativité. Selon Dhaneshwar Damry, chaque membre du gouvernement s’investit dans la mise en œuvre du programme gouvernemental et du changement. Il a élaboré plusieurs axes qui, selon lui, sont prioritaires pour le développement économique du pays.
Sécurité de l’eau et de l’énergie
La sécurité de l’eau et de l’énergie s’inscrira dans le cadre du programme de lutte contre le changement climatique du gouvernement. Le changement climatique est, selon Dhaneshwar Damry, une priorité du programme gouvernemental. « Nous serions intéressés par un partenariat public-privé pour développer la capacité des moteurs renouvelables. Plus vite nous y parviendrons, mieux ce sera pour le pays. Nous discutons également beaucoup avec de nombreuses IFD sur le financement du climat », a-t-il souligné.
En ce qui concerne l’eau, le gouvernement invite le secteur privé à manifester son intérêt. L’eau est un problème qui perdure depuis plusieurs années. Il s’agit pour Dhaneshwar Damry d’une nécessité absolue à laquelle il faudra répondre. Il indique : « Nous n’avons pas de solution miracle pour le moment, mais nous y travaillons. Il n’est pas acceptable qu’à notre époque, les gens soient confrontés à des problèmes d’eau ».
Le nouveau modèle de développement proposé s’appuiera sur l’innovation et la créativité.»
Créer des opportunités pour retenir les talents à Maurice
Maurice a assisté à une énorme fuite des cerveaux au cours des cinq dernières années. Que compte faire le gouvernement pour conserver les compétences et encourager les jeunes qui quittent l’île à revenir ? Une cheffe d’entreprise, présente à l’événement le 28 janvier, a fait comprendre que le recours à la main-d’œuvre étrangère n’a pas toujours été un premier choix. « Nous voulons faire croître et développer les talents ici et les retenir. Toutefois, nous avons constaté que c’était de plus en plus difficile », a-t-elle indiqué.
Dhaneshwar Damry se veut rassurant. Il affirme que c’est un sujet qui tient le gouvernement à cœur. D’ailleurs, l’un de leurs enjeux électoraux était de faire revenir les concitoyens à Maurice. Pourquoi donc les gens quittent-ils le pays ? Selon lui, l’absence d’opportunités en est la cause principale. Il a expliqué : « Nous vivons dans un monde interconnecté. La jeune génération pense qu’elle peut travailler et vivre mieux avec des salaires plus élevés en dehors de Maurice. Mais l’herbe n’est pas toujours plus verte à l’extérieur. Elle est plus verte là où vous l’arrosez, ou là où il y a déjà de l’herbe au départ ».
Avant tout, le gouvernement et le secteur privé doivent collaborer pour offrir des opportunités permettant à la jeunesse mauricienne de rester dans le pays et d’y progresser. L’exode des années précédentes résulterait du fait qu’il n’y a pas eu d’opportunités dans le pays. La deuxième raison est que les jeunes aiment être libres. « Ils n’aiment pas que l’internet soit coupé, ils n’aiment pas être censurés sur les médias sociaux et ils aiment être entendus. Il y a aussi le facteur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée », concède Dhaneshwar Damry. Le gouvernement devra travailler activement pour créer des opportunités. Il devra également veiller à garantir la liberté promise par la constitution à tous les citoyens.
Par ailleurs, concernant les règlements dissuasifs, il affirme que le gouvernement va essayer de lever ces obstacles et faciliter la vie des investisseurs étrangers à Maurice.
Attirer davantage d’investissement étranger
L’un des piliers fondamentaux du programme économique du gouvernement est l’investissement. L’objectif est d’attirer les investissements à Maurice. Cependant, il existe d’autres étoiles brillantes dans le monde où les investisseurs peuvent se rendre. « Nous comprenons que nous sommes en concurrence avec Singapour, Malte ou le Portugal, entre autres. Maurice doit voir quel est son créneau, son avantage concurrentiel durable par rapport aux autres », a fait comprendre Dhaneshwar Damry. Ce dernier se dit conscient qu’un investisseur n’est pas un individu isolé, ayant une famille. Il a ajouté : « Nous allons essayer de voir comment nous pouvons rivaliser avec d’autres pays sur ce front et rendre Maurice très compétitive pour pouvoir attirer les investisseurs ».
Environ 80 % des investissements directs étrangers de ces dernières années ont été entièrement consacrés à l’immobilier. Il a aussi expliqué : « Nous ne disons pas qu’il ne faut pas avoir d’investissement dans l’immobilier, mais il y d’autres secteurs dans lesquels on peut investir. C’est pourquoi, le gouvernement va consacrer beaucoup de temps et d’énergie à la promotion d’autres secteurs ».
L’économie numérique, l’économie bleue, la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique sont, entre autres, vues comme des secteurs à potentiel de croissance, d’où la quête du gouvernement de diversifier les investissements dans l’immobilier. Pour ce faire, une restructuration de l’Economic Development Board (EDB) afin de remplir la mission de création de nouveaux piliers économiques, est prévue.
Convaincre Moody’s de ne pas rétrograder Maurice
Le prochain déplacement de la délégation de Moody’s s’annonce crucial. L’enjeu demeure indéniablement la notation de Maurice. L’agence de notation a d’ailleurs pris connaissance du rapport « State of the Economy ». Dhaneshwar Damry soutient qu’alors que le gouvernement préparait le rapport sur l’état de l’économie, il était très conscient des conséquences possibles pour les agences de notation. « Je peux vous assurer que le gouvernement a travaillé avec diligence, avec une équipe très crédible, pour faire en sorte que Maurice conserve sa cote d’investissement. C’est très important et je suis assez optimiste », poursuit-il.
Le gouvernement a déjà fait savoir qu’il y aurait des réformes structurelles visant à réduire les dépenses et à créer de nouvelles voies de croissance. Le gouvernement serait également en contact permanent avec les agences de notation, notamment Moody’s.
Indépendance des institutions
Sous ce gouvernement, a martelé Dhaneshwar Damry, la séparation des pouvoirs est quelque chose de très important. La Banque de Maurice est une entité totalement distincte de la structure gouvernementale. Si l’économie a mal tourné au cours des dix dernières années, c’est en partie parce qu’il existait une sorte de relation incestueuse entre le ministère des Finances et la Banque de Maurice.
Le paragraphe 38 du programme gouvernemental parle de reconstruire la force et l’intégrité institutionnelles. « C’est l’une des choses que nous faisons, et cela doit être vu. Les questions relatives à la politique monétaire doivent donc être adressées au gouverneur de la banque de Maurice », a-t-il souligné.
Hausser les revenus de l’État via les taxes ?
La victoire aux dernières élections de l’Alliance du Changement a appris à ce dernier que « les gens n’oublient pas », d’où la nécessité selon Dhaneshwar Damry de victoires rapides. Pour l’instant, l’augmentation de la TVA ne figure pas à l’agenda. En revanche, une simplification de la structure fiscale s’imposerait. Pour cause, le gouvernement précédent a créé tant de couches de structures fiscales que c’est devenu très complexe. Pour obtenir des résultats rapides, le gouvernement va se concentrer sur la croissance. « Nous nous intéressons par exemple au secteur des services financiers », appuie-t-il.
L’inquiétude des PME autour du 14e mois
Les PME ont fait part de leur préoccupation dès l’annonce d’un 14e mois durant la campagne électorale. Leur inquiétude ne s’est pas apaisée après les élections. Conscient de ce coût supplémentaire que cette mesure représente pour les entreprises, notamment les PME, Dhaneshwar Damry souligne que la liberté a un coût. « Nous avions tous besoin de cette liberté. Le pays tout entier voulait cette liberté et nous avons tous dû participer à cette quête et à cette lutte pour la liberté », a-t-il ajouté.
Le gouvernement essaie de voir comment il peut aider les PME. Le junior minister affirme qu’il existe bien un programme de la Mauritius Revenue Authority (MRA).
La diversification de l’espace économique renfermée dans le discours-programme
- Pour diversifier davantage l’espace économique, le gouvernement s’est engagé à développer de nouveaux secteurs transformateurs, tout en consolidant les piliers existants et traditionnels.
- Le développement du secteur local des énergies renouvelables sera un élément clé de l’effort du gouvernement pour introduire de nouveaux secteurs transformateurs, tout en visant à faire de l’île Maurice une économie verte.
- Le gouvernement accélérera le développement du secteur des énergies renouvelables afin de parvenir à une plus grande sécurité énergétique.
Des mesures du discours-programme pour booster l’investissement
- Deux leviers seront mobilisés pour élargir et diversifier l’espace d’investissement. Il s’agit des solides relations commerciales et économiques avec les pays de la région et du monde, ainsi que du vaste potentiel de l’économie océanique.
- Encourager les entreprises mauriciennes à intégrer les chaînes d’approvisionnement régionales, en se concentrant sur les secteurs à forte croissance tels que l’agroalimentaire, le textile et les TIC.
- Faciliter les partenariats triangulaires pour faire de Maurice une plaque tournante de la fabrication et de la réexportation.
- Consolider les marchés d’exportation existants grâce à des campagnes de marketing et de promotion plus ciblées.
- Veiller à ce que les accords existants avec les partenaires commerciaux soient utilisés au maximum de leur portée et de leur potentiel.
- Tirer parti de la coopération économique et de ses relations avec les pays d’Afrique et d’Asie afin d’accroître ses exportations.
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