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Visham Sahye: «Il est temps de revoir notre manière de construire»

Le décorateur d’intérieur voit plus loin et plus pratique.
C’est en travaillant dans des boîtes de nuit et des restaurants que Visham Sahye a fait ses premiers pas dans la décoration d’intérieur. Formé sur le tas, il cherche aujourd’hui à bâtir des maisons où les couleurs, les tons et les objets se répondent, en harmonie avec la nature. D’emblée, Visham Sahye lance une véritable profession de foi : « Je n’achète aucun produit électronique de la Chine, que ce soit un portable ou un aspirateur. Ce sont des objets destinés aux pays en développement ou sous-développés. Il faut acheter ces mêmes produits en Europe. Mais, en revanche, il ne faut pas hésiter à acheter rideaux, torchons, chaises et tables fabriqués en Chine. » Pourquoi ? Depuis qu’il fait des affaires en Orient, de la Chine à Bali, en passant par l’Indonésie, le décorateur d’intérieur a appris à reconnaître les escrocs. « Dans ces pays, il faut toujours avoir un contact fiable. C’est lui qui vous sert de guide, négocie les bonnes affaires et s’assure du suivi de vos marchandises. » Après des débuts dans la restauration et les boîtes de nuit, cet habitant de Pereybere a fini par comprendre qu’il y avait des affaires à faire dans l’immobilier, en proposant aussi des produits et accessoires en harmonie avec la morphologie et le climat du Nord de l’île. « Pendant des décennies, nous avons construit des maisons rectangulaires avec des angles droits, sans tenir compte de l’avenir. Certes, les cyclones nous avaient trop longtemps traumatisés, il nous fallait aller à l’essentiel, au plus pressé. Mais depuis plus d’une dizaine d’années, le temps de terribles cyclones est passé et nous n’avons pas revu notre manière de construire. » C’est sans doute la région Nord de Maurice qui illustre le mieux le manque de planification qui caractérise cette frénésie de construction. « Il faut arrêter de bétonner partout. Aujourd’hui, grâce à un climat chaud et humide, on peut se servir de bois et de vitres. Il s’agit de concilier deux impératifs : réaliser des économies d’énergie et réduire les coûts de construction », affirme Visham Sahye. Mais une maison sert aussi d’espace convivial, d’où la nécessité d’une utilisation judicieuse des lieux. Car « nous sommes entrés dans une ère où la gestion de l’espace est devenu un atout pour le mieux-vivre », explique le consultant en immobilier. Et pour mener à bien cet objectif, « tout doit commencer par les plans de la future maison » « Il convient de tenir compte du train de vie de ses occupants, de leurs professions, ce qui permettra à l’architecte de dessiner un plan adéquat et à un urbaniste de les conseiller sur l’aménagement de la cour. Notre but est de construire des maisons bioécologiques dont les caractéristiques principales sont les suivantes : la ventilation naturelle, l’énergie photovoltaïque, la domotique, les pompes solaires pour piscine, les meubles antibactériens et les peintures non polluantes, entre autres », souligne notre interlocuteur.

Une diversité de ton

Un objectif renforcé par la réalité que nous impose le manque d’espace, précise-t-il. Moins de béton, mais plus de bois, de verres et de matériaux composites : voilà aujourd’hui les matières indispensables à une maison qui s’inscrit dans le temps, sans nuire à l’environnement. Toutefois, cette configuration risque de paraître rébarbative si on « n’habille » pas l’intérieur, nuance Visham Sahye. «  Aujourd’hui, grâce à la diversité des tons en peinture, on peut se permettre de peindre les chambres en fonction de leur usage. Chaque chambre remplit une fonction, et selon les tons chauds ou froids, elle permet de mieux vivre, manger, dormir, discuter, travailler. Et grâce aux grandes baies vitrées et aux stores, on n’a plus besoin de rideaux. » Ce n’est pas tout. Le décorateur d’intérieur voit plus loin et plus pratique. Pour lui, le mobilier traditionnel, avec armoires et lits, cédera la place aux placards et lits-canapés. « Il y a même des gens qui rangent leur télé dans leur placard », dit-il, avant de faire remarquer que les parquets laminés aux tons contrastés ont déjà remplacé les carrelages. « C’est un matériau idéal pour Maurice : il est esthétique, pas cher, durable et il suffit d’une serpillière pour le nettoyer. Il y a aussi des types de piscines disponibles à des prix accessibles pour certaines familles. Mais encore faut-il que l’architecte ait conçu, en amont, un plan d’ensemble qui laisse suffisamment d’espace à la vie en extérieur. Avec le réchauffement climatique, on sera appelé à passer beaucoup de notre temps libre à l’extérieur, dans notre cour, sous la varangue. »
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