Il n’y a pas d’amélioration sensible et durable au niveau du chômage, constate Vishal Ragoobur. Dans cet entretien, le ‘Senior Economist’ commente également la publication prochaine du rapport du Pay Research Bureau et l’intention du gouvernement de rendre légal le prélèvement des empreintes digitales sur le lieu de travail.
7 400 emplois nets ont été créés en 2015. Ceux-ci passent ainsi de 530 900 en 2014 à 538 300 en 2015. Par contre, le taux du chômage est passé de 7,8 % en 2014 à 7,9 % en 2015. Quelle analyse faites-vous de ces données ?
Il y a eu création d’emplois. Ce qui est positif. Malheureusement, cela reste insuffisant pour faire reculer le chômage qui tourne autour de 8 % ces dernières années, reculant ou augmentant d’un ou de deux pourcent d’une année à une autre. Nous ne voyons donc pas d’amélioration sensible et durable. Le chômage reste un problème structurel touchant majoritairement les jeunes et les femmes. D’où l’importance de faire une évaluation, à un moment donné, de divers programmes (YEP, Back to Work Program, entre autres) mis en place pour résorber le chômage. Il faut voir si ces programmes sont efficaces et donnent les résultats escomptés.
Dans le premier numéro de SBM Insights, les analystes du département stratégie, recherches et innovation de la State Bank of Mauritius (SBM) s’attendent à ce que le taux du chômage reste au même niveau cette année. Êtes-vous sur la même longueur d’onde ?
Tout le monde le dit. Il suffit de voir la tendance pendant les dernières années en termes de chômage, de création d’emplois et de croissance. Nous ne voyons rien venir qui pourrait changer la situation jusqu’à la fin de l’année.
[blockquote]« Tout ce qui se passe en ce moment ne favorise pas la sérénité et la confiance au sein de la communauté des affaires. »[/blockquote]
Le gouvernement veut amender l’Employment Rights Act pour rendre légal le prélèvement des empreintes digitales sur le lieu de travail. Que pensez-vous de cette initiative ?
C’est une pratique assez courante dans beaucoup d’entreprises. Pour être en conformité avec les principes et les lois sur la data protection, c’est bien qu’on vienne clarifier la situation et enlever toute ambiguïté concernant la prise des empreintes digitales sur le lieu de travail.
Est-ce que les récents événements politiques (le malaise Lutchmeenaraidoo, les allégations à l’encontre de Raj Dayal, entre autres) pourraient affecter le ‘mood’ des opérateurs et entamer la confiance dans la communauté des affaires ?
C’est vrai que tout ce qui se passe en ce moment ne favorise pas la sérénité et la confiance au sein de la communauté des affaires. Est-ce que cela va durer ? Nous n’en savons rien. En tout cas, les scandales dominent l’actualité ces jours-ci. Avec le temps, les choses devraient s’estomper et les opérateurs vont se concentrer sur l’essentiel, soit leurs entreprises. Ils vont s’atteler à faire progresser leurs activités.
Quel impact cela pourrait-il avoir sur l’économie ?
Pas grand-chose, sauf s’il y a une instabilité au sein du gouvernement avec des tiraillements constants. Ce qui empêcherait le gouvernement de fonctionner comme il faut. Espérons qu’il n’y aura pas d’autres scandales et que nous arriverons à gérer la situation de façon correcte. Les opérateurs et la population en général cherchent un peu de crédibilité de la part de nos dirigeants politiques. Beaucoup de promesses ont été faites et les attentes sont grandes. Tout le monde doit pouvoir travailler ensemble pour atteindre les objectifs fixés. C’est la raison pour laquelle il est important qu’on ait cette confiance dans les décideurs politiques.
Le rapport du Pay Research Bureau (PRB) devrait être publié ce jeudi 31 mars. Dans sa circulaire, Dev Manraj soutient que la mise en œuvre de ce rapport viendra limiter davantage la marge du manœuvre du gouvernement pour le Budget. Vos commentaires ?
En termes d’enveloppe budgétaire, le PRB est assez conséquent. Nous connaissons tous la situation au niveau du déficit et de la dette publique. Le paiement du PRB réduit quelque part la marge de manœuvre du gouvernement. Cela dit, c’est un exercice qui est prévu. Le gouvernement sait qu’il faut payer le PRB chaque trois ans. Si on alloue ce package aux fonctionnaires et, qu’en contrepartie, il y a plus de productivité et d’efficacité de leur part, cette mesure pourrait sensiblement améliorer les services publics.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !