Interview

Vishal Ragoobur, Senior Economist: « Le Budget 2016-2017 sera un compromis entre l’économie et le social »

Si la marge de manœuvre du nouveau ministre des Finances semble « modérée », l’enveloppe qu’a accordée le gouvernement indien à Maurice devrait lui donner des moyens de réaliser des projets d’infrastructures, avance le ‘Senior Economist’ Vishal Ragoobur. Entretien… [blockquote]« La croissance à elle-seule ne résoudra pas le problème du chômage. Il faudrait des mesures plus ciblées. »[/blockquote] « Je veux donner le maximum pour que le pays progresse. » Ces paroles prononcées par Pravind Jugnauth semblent donner le ton de ses intentions pour le prochain Budget… Pravind Jugnauth veut dire qu’il fera de son mieux en tant que ministre des Finances pour apporter des mesures pour relancer l’économie et soutenir le développement du pays. Qu’on soit ministre des Finances ou pas, il faut donner le meilleur de soi-même quand on occupe un poste de responsabilité. C’est ce qu’on attend d’une personne responsable. Quelle est la stratégie économique que doit adopter le nouveau ministre des Finances pour redonner confiance aux opérateurs et à la population ? Je ne pense pas qu’on va drastiquement dévier de la stratégie économique qu’on a adoptée jusqu’à présent. Il y aura une continuité dans la politique gouvernementale, qui est d’apporter plus d’ouverture,  d’améliorer la compétitivité de divers secteurs, de réformer les institutions publiques pour les rendre plus efficientes, de poursuivre la diversification de l’économie, d’améliorer l’environnement des affaires tout en investissant dans les infrastructures, l’éducation et la formation. Le ministre des Finances sera certainement à l’écoute des attentes des opérateurs et du public pour essayer d’attaquer, à moyen terme, certains problèmes auxquels ils font face. Sous Vishnu Lutchmeenaraidoo aux Finances, le pays ambitionnait de réaliser une croissance forte de 5 % par an. Avec Pravind Jugnauth aux commandes, doit-on s’attendre à des objectifs plus réalistes ? Le ministre des Finances peut avoir des objectifs pour la croissance économique, mais on s’attend à ce que les estimations, qui sont normalement présentées dans le Budget, soient faites de façon objectif en se basant sur des scénarios probables. Quelle est la marge de manœuvre de Pravind Jugnauth dans un contexte où le gouvernement doit payer le PRB et s’acquitter des dépenses liées à la gestion de la MauBank tout en prenant en considération que la dette publique a grimpé à 56,9 % en mars dernier s’approchant du seuil critique de 60 %, cote d’alerte préconisée par Maastricht ? Tenant en considération la dette publique, la marge de manœuvre du ministre des Finances est modérée. Toutefois, il y a un autre facteur qui entre en jeu, soit les Rs 12,7 milliards que le gouvernement indien a accordées au pays. Cette somme devrait donner au gouvernement les moyens d’investir dans des projets infrastructurels. Doit-on s’attendre à un Budget d’austérité ou à un exercice budgétaire plus social ? Il y aura une balance entre l’économie et le social dans la mesure où ces derniers mois, il y a eu un effritement de la popularité du gouvernement sur le plan politique. Il y a, donc, de grosses attentes de part et d’autre. Il faut qu’il y ait cette part sociale dans le Budget, sans pour autant négliger l’économie. Pour certains observateurs, la priorité des priorités doit être le recul du chômage, pour d’autres, c’est la relance de l’investissement qui doit primer. Vos commentaires ? Je dirai que l’investissement est un moyen de faire reculer le chômage, car il apporte la croissance et la création d’emplois. Toutefois, la situation du chômage est compliquée, car elle est d’ordre structurel. La croissance, à elle-seule, ne résoudra pas le problème. Il faudrait des mesures plus ciblées. Parlons des dossiers économiques. Pravind Jugnauth doit-il, selon vous, prendre la main sur le traité Inde-Maurice face aux appréhensions des opérateurs du ‘global business’ ? Le traité a été signé. Il faut maintenant que les opérateurs s’adaptent à la nouvelle donne. Ils ont certainement des craintes sur les implications de cet accord sur leurs activités et l’emploi. Il faut que le ministre des Finances soit à leur écoute afin qu’ils puissent trouver ensemble des solutions pour minimiser les risques.
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