Violence envers personnes âgées : victime d’abus, Bibi Sackina, 78 ans brise le silence et réclame justice

Bibi Sackina, 78 ans, ne rêve que d’une chose : couler des jours heureux dans sa résidence, à Port-Louis. Malheureusement, elle est victime des abus constants de la part de son propre neveu et de sa compagne. Lasse de subir les coups, elle a pris son courage à deux mains pour porter plainte à la police.

La vie est loin d’être un fleuve tranquille pour Bibi Sackina qui habite à la route Militaire, à Camp Yoloff, Port-Louis. Le mardi 27 février dernier, elle s’est rendue au poste de police de Fanfaron pour dénoncer les abus qu'elle endure. Son bourreau n’est autre que son neveu, Shameen, 36 ans, qui vit avec sa compagne, Anuradha 28 ans, sans profession, chez la septuagénaire. 

Dans sa plainte pour « Assault upon elderly person », elle relate que l’agression dont elle a été victime datait de la veille, aux alentours de 20h30. Ce soir-là, comme elle a entendu un bruit en provenance de l'extérieur de la maison, elle est allée ouvrir la porte où elle a trouvé un sac sur le seuil de la maison. Lorsque Bibi Sackina a demandé des explications à Anuradha, cette dernière lui a répondu de manière menaçante : « Eta vye… ki to pe gagner avec mo sac ». Le neveu, également présent, a poussé sa tante, la faisant chuter. Ensuite, sa compagne lui a donné une violente gifle sur la joue droite. Bien que la septuagénaire n'ait pas été blessée, elle ressent une douleur. Elle a précisé aux policiers n’avoir pas de témoin pour corroborer les faits. 

Après la plainte de Bibi Sackina, la police a monté une opération le jour même, car le neveu et sa compagne sont  tous deux connus de services de police pour des délits antérieurs. Suite aux instructions données par le surintendant de police, M. Bansoodeb, une équipe du poste de police de Fanfaron a arrêté le couple qui a été placé en détention sous une charge provisoire de « Assault upon elderly person ». Toutefois, cette interpellation est loin d’apaiser Bibi Sackina. Cette dernière estime que cela est loin d’être suffisant pour assurer sa sécurité. « Pa premier fois mo met li lapolis. Li vre lapolis fer zot travail zot aret li, me apre li sorti ek li kontigny fer moi viv dans la frayer », nous confie-t-elle.

Sa crainte est justifiée au vu des précédentes agressions dont elle a été victime.  Non seulement son neveu et sa complice lui ont volé des biens, mais ils ont aussi menacé de la tuer avec un couteau. Et ce n’est pas tout… De surcroît, elle a souvent le ventre vide, car le couple lui prive régulièrement de ses rations alimentaires et de ses aides sociales sous ses yeux impuissants. Sa vie quotidienne est devenue un enfer, où chaque jour apporte son lot de peur et de désespoir. Elle raconte : « Li kase kadna kot mwa li kokin tou seki li gagn, mo ration, la vyann dan friz, mo larzan. Parfwa mo mem pe per pou al denonce li lapolis pars ki souvan li menas mwa pou ki mo pa ale lapolis. To pou kone ar mwa kan mo sorti. Zot fini kokin mo ration, mwa mem pa kapav manz dan mo lakaz ».

Espérons que cette énième arrestation puisse permettre à Bibi Sackina de mettre une croix définitive sur son existence marquée par la terreur et l'incertitude.