Ce n’est pas une petite gifle mais un violent coup de poing que son bourreau de mari lui a donné. Un filet de sang s’écoulant de la commissure de ses lèvres a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase après presque un quart de siècle de violence. Soutenue par ses enfants, Rani a enfin décidé de rompre le silence.
Rani rencontre Rohit alors qu’elle travaille dans une usine. Ils se lient d’amitié avant de tomber amoureux. À 17 ans, ils se marient. De cette union naissent trois enfants. Le conte de fées ne dure pas longtemps. Un an après les noces, les choses commencent à dégénérer au sein du couple. « Linn koumans bwar ek maltret mwa », raconte Rani. Les injures sont quotidiennes et c’est une douloureuse étape pour celle qui a grandi avec un père alcoolique. « Monn fer siziem. Apre monn bizin al travay pou ed mo fami. »
Aujourd’hui, Rani et Rohit ont 41 et 48 ans respectivement. Rani dit vivre un véritable calvaire depuis 24 ans entre les quatre murs de la chambre conjugale. Souvent forcée à faire des choses qui vont à l’encontre d’une vie de couple, elle subit en silence les caprices de Rohit. Elle hésite à en parler. « Mo ti pe pardonn li, mo mari sa. Mo pans mo bann zanfan mo dir pa fer nanye. » Elle vit toujours sous le même toit que son agresseur mais ils ne se parlent pas.
Il y a trois mois, un nouveau conflit rythme sa vie. Rohit insulte sa belle-mère avant de s’en prendre à sa femme. Les larmes aux yeux, Rani confie : « Mo mama sa. Sa bann koze ki linn dir li la pa fasil. Mo gagn onte devan dimounn. » Lorsqu’il est ivre, Rohit s’énerve. Les membres de la famille, les voisins, bref tout le monde y passe et surtout dans la soirée.
« Li vinn de pli zan pli insiportab, ajoute Rani. Tini, tini, nepli kapav aster. Komye tan pou ale koumsa ? »
Arjun, 23 ans, soutient qu’il voit son père maltraiter sa mère depuis qu’il est enfant et qu’en tant que fils, il ne peut plus supporter qu’il la tabasse. « Mo kontan mo mari. Mo anvi li sanze ek ki nou res byen, me dimans kan linn tir kouto, monn bizin fer enn deklarasyon lapoli », dit Rani. Elle a l’air fatiguée et elle ne peut contenir ses émotions. Les actes de violence qu’elle a subis sont à jamais gravés dans son esprit. Elle pèse ses mots, elle hésite et elle éclate en sanglots avant de tout déballer.
Son époux a été arrêté par la police à l’aube du lundi 14 mai 2018, après lui avoir infligé un coup de poing au visage. Cela s’est produit au retour de Rani du poste de police après une plainte pour violence conjugale. « Kan li bwar li insilte mwa. Li zour mwa ek bann zanfan gro gro betiz. Sa bann koze li dir la vreman blesan », dit-elle en s’essuyant les larmes.
Victime à tout moment
Le dimanche 14 mai dernier, une scène habituelle se jouée en soirée. Rohit a bu plus qu’il n’en faut. La famille a droit à une pluie d’insultes. Il doute de sa femme et il s’en prend à son dernier fils qui est assis à côté de sa mère. Il ne la laisse jamais seule lorsque son père est pompette.
Rohit, cachant un couteau dans le dos, s’approche de Rani. Celle-ci voit l’arme. Le cœur battant, elle parvient à avertir son fils avant de le pousser dans une chambre pour assurer sa sécurité. Rohit devient plus menaçant. Affolée, Rani hurle : « Li ena enn kouto ! »
Les autres enfants et leurs cousins accourent pour tenter de maîtriser Rohit pour qu’il ne blesse pas Rani. Ce n’est qu’après trois tentatives que le dernier fils réussit à lui enlever l’arme tranchante. « Ma gete ou. Seki ou dir samem. Pran ou desizion », dit Arjun à sa mère.
Toute tremblante, Rani se rend compte que son mari aurait pu commettre l’irréparable sous l’influence de l’alcool. Avec le soutien de ses enfants, elle se décide enfin à le dénoncer.
À leur retour du poste de police, Rohit s’en prend à sa femme encore une fois. D’un violent coup de poing au visage, il l’envoie valser. Rani, étourdie, perd l’équilibre touten criant à l’aide. Ses enfants accourent et Rohit s’enferme dans la chambre conjugale à double tour. La police est alertée et Rohit, arrêté, est placé en cellule policière.
Rani avoue vivre constamment dans la peur car son mari peut l’agresser à tout moment. Mais elle tient le coup pour ses enfants. Le matin, de 6 heures à 8 heures, elle vend des faratas pour arrondir ses fins de mois. À 10 heures, elle part travailler comme femme de ménage. À 15 heures, elle rentre chez elle pour s’occuper de ses enfants et du dîner.
Elle n’a pas de répit car une fois rentré à la maison, Rohit fait des siennes. Avec une main sur le cœur, elle jure qu’elle garde l’espoir qu’il change même si elle peine à le raisonner. Elle veut juste la paix d’esprit. Mais elle affirme qu’elle ne se laissera plus martyriser.
« Li bizin asim so responsabilite aster. »
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