La violence domestique coûte Rs 2 milliards par an au pays. Un chiffre que la ministre de l’Égalité des genres a répété au Parlement mardi après qu’il a été rendu public en mai dernier.
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Le ministère ne souhaite pas rendre publique l’intégralité du rapport. Pourtant, il est riche en enseignements…
La violence domestique coûte Rs 2 milliards annuellement au pays. Ce chiffre avancé par la ministre de l’Égalité des genres mardi dernier au Parlement, en réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, concernant la violence domestique, a étonné plus d’un. Pourtant, elle l’avait déjà dévoilé en mai dernier lors de l’atelier qui avait validé les conclusions d’une étude menée sur le sujet par l’Université de Maurice (UoM). Six mois après, Fazila Daureeawoo ne souhaite toujours pas rendre ce rapport public. Le Défi Quotidien a toutefois pu prendre connaissance de l’essentiel des 15 conclusions de ce rapport et de la répartition exacte des Rs 2 milliards.
Le rapport est basé sur deux enquêtes faites sur deux échantillons différents. Sur une base nationale, le premier échantillon concernait 550 personnes, dont 100 hommes, pris au hasard. 130 des femmes choisies ont répondu avoir subi des actes de violence de la part de leur partenaire intime. La plupart n’avait même pas conscience que ces actes étaient considérés comme des actes de violence. La seconde enquête porte sur un échantillon de 85 femmes ayant porté plainte pour violence domestique aux Family Support Bureau (FSB) du ministère de l’Égalité des genres ou à la Family Protection Unit de la police.
Les types de violence
L’échantillon national révèle que 12 % des femmes interrogées ont enduré des violences physiques, 9 % ont subi des violences sexuelles et 6-8 % ont souffert de la violence émotionnelle. Au total, 18,43 % des femmes ont été victimes de violence de la part de leur partenaire intime (IPV). Ce qui équivaudrait à 53 047 femmes au total.
La fréquence des épisodes violents
Selon l’enquête nationale, 5 % des femmes font l’expérience d’un épisode violent un à trois fois par semaine. La plus grande partie, soit 41 %, en sont victimes une à deux fois par an. 23 % sont victimes de tels épisodes une fois chaque trois mois alors que la fréquence est de deux à trois fois mensuellement pour 14,8 %.
Concernant celles qui ont porté plainte, les cas d’épisodes violents au nombre d’un à trois par semaine atteint les 33,3 %. Dans cette même catégorie, on retrouve le même taux pour celles qui sont victimes de violence une fois chaque deux mois. Le taux est de 16,67 % pour celles qui en sont victimes deux à trois fois par mois.
Les 12 000 cas extrêmes
Le rapport de l’UoM s’intéresse aussi à la catégorie « extrême », définie comme celles qui sont victimes d’IPV au moins une fois par mois. Ces dernières font face à un épisode violent 43 fois par an en moyenne, soit un épisode chaque sept ou huit jours.12 000 femmes seraient dans cette situation.
Rs 20 millions pour le silence et les proches
14 % des femmes victimes d’IPV, préférant se murer dans le silence, ne cherchent pas de soutien. L’enquête nationale révèle toutefois que 53,3 % des femmes victimes d’IPV se tournent vers leurs parents alors que celle sur les victimes qui ont porté plainte montre que 59,2 % d’entre elles ont trouvé refuge chez des membres de la famille. Le coût total de ces déplacements vers les proches est estimé à Rs 20,3 millions par an.
Des soutiens à Rs 38 m
Selon l’enquête menée, 34,7 % des femmes recherchent le soutien des amis en premier lieu. 20 % ont été chercher secours auprès des collègues, 36 % chez des voisins, 33,3 % à la police, seulement 12 % se tournent vers SOS Femmes et 16 % vers le ministère. Le coût de ces soutiens : Rs 38 millions !
Rs 300 m à l’aide médicale
Pour l’aide médicale, 56 % se tournent vers les pharmacies et 25,3 % se rendent chez des médecins du privé. Les femmes, dans la catégorie des cas extrêmes, préfèrent l’hôpital (64,6 %), 18,9 % les médecins privés, et 6,7 % optent pour les cliniques. Ces services coûtent Rs 300 millions par an.
Rs 642 m de pertes pour les ménages
Les ménages où ont cours les IPV perdent Rs 642 millions annuellement. Le rapport indique aussi que les femmes qui travaillent consacrent en moyenne quatre heures par jour aux corvées ménagères, alors que les femmes au foyer y passent six heures. On compte huit heures pour celles qui se trouvent dans les cas extrêmes.
Rs 545,9 m de pertes pour le monde du travail
Pour les victimes occasionnelles, chaque épisode violent entraîne trois jours d'absence du travail alors que pour les victimes dans la catégorie extrême, chaque épisode leur coûte quatre jours. 50 % de ce temps perdu s’explique par des heures passées dans un état dépressif ou de fatigue ou encore des erreurs commises. Le bilan : Rs 545,9 millions.
Le rapport révèle aussi que 17 % des femmes victimes occasionnelles de violence et 22 % des victimes fréquentes ont pris un congé payé durant les 12 derniers mois.
Les causes les plus fréquentes
- Argent - 50 %
- Abus d’alcool - 41 %
- Affaires extramaritales - 27 %
- Expérience abusive passée - 27 %
- Problèmes de relations sexuelles - 23%
- Heritage de biens fonciers - 20%
- Conflit sur le statut professionnel - 20%
Le ministère tient à garder le rapport confidentiel
Pourquoi le rapport n’a toujours pas été rendu public six mois après sa validation ? Au ministère de l’Égalité des genres, on explique officiellement que le rapport a été préparé pour l’utilisation interne du ministère « dans un premier temps ». Il n’est donc pas prévu que la totalité des conclusions de la publication soient rendues publiques, hormis les quelques chiffres déjà dévoilés par la ministre elle-même en mai dernier et au Parlement mardi.
Toutefois, la position de la ministre sur le plan d’action qui a suivi le rapport a de quoi étonner. En effet, la position officielle est qu’il « est en train d’être finalisé ». Pourtant, Le Défi Quotidien tient de sources sûres que le plan d’action a déjà été finalisé au mois de septembre. Il comprend 18 points, indiquant les sources de financement disponibles pour l’application de chacun. Ces 18 points sont articulés autour de quatre piliers : la législation et la poursuite, la prévention, la formation et l’amélioration des services.
Répartition des Rs 2 milliards de la violence domestique
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