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Violence domestique : des vies éteintes et des existences arrachées    

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Vilasha, Swapna, Lajwantee, Madoomuttee, Anita… Ce sont des vies éteintes par la violence domestique. Elles ne sont pas de simples statistiques, mais des existences arrachées, laissant des familles brisées. En cette période festive, la consommation d'alcool augmente et d’autres raisons accentuent la violence. Et la nécessité de mettre fin à la violence domestique est d'actualité. Voici des cas de violence domestique en 2023.

13 novembre 2023 - Meurtre à Moka : Vilasha Sooriah tabassée et ébouillantée par son époux 

vilasha_sooriah
Vilasha Sooriah.

Vilasha Sooriah, 39 ans, a été trouvée sans vie chez elle à Camp-La-Serpe, à Moka. La police a découvert son cadavre dans son lit. Elle avait des traces de brûlures au niveau de la nuque. Son époux Souvendra Sooriah, 43 ans, a été appréhendé. Lors de son interrogatoire, il a avoué qu'il avait agressé son épouse et qu'il l'avait ébouillantée. L’autopsie a attribué la mort de celle-ci à des brûlures graves. L'époux répond d’une accusation provisoire de meurtre.


22 octobre 2023 - Meurtre à Pereybère : Lajwantee Beerbul succombe après une dispute conjugale 

Lajwantee Beerbul.
Lajwantee Beerbul.

Après un différend conjugal, Lajwantee Beerbul, 47 ans, est morte, le dimanche 22 octobre 2023. Grièvement blessée à la tête, elle a été conduite par des proches à l’hôpital national Sir Seewoosagur Ramgoolam. Suspectant qu’elle a été agressée, le médecin de service a alerté la police. 

Après la mort de cette mère de deux enfants, l’affaire a été transmise au Police Medical Office, en vue d’une autopsie. Celle-ci a révélé que la cause du décès était une hémorragie intracrânienne. Le médecin légiste a décelé également des traces de blessures sur la défunte.

David Latour, 43 ans, le concubin de Lajwantee Beerbul, a été appréhendé par la Central Investigation Department de Grand-Baie. Il a relaté qu’il s'était disputé avec sa compagne. Il aurait dit qu'il l'a giflée et qu'elle est tombée. Toutefois, l’autopsie a révélé des marques de blessures provoquées par un objet contondant, ce qui contredit son témoignage.


5 octobre 2023 - Meurtre à Grand-Baie : Swapna Dawood étranglée par son époux

Burkut Ally Ibrahim Dawood et Swapna Dawood.
Burkut Ally Ibrahim Dawood et Swapna Dawood.

Le cadavre de Swapna Dawood, 32 ans, a été trouvé sur un terrain en friche, par la police, à La Salette, à Grand-Baie. Il était soigneusement dissimulé. Son époux Burkut Ally Ibrahim Dawood, 37 ans, a été arrêté. « Monn trangle mo madam », a-t-il déclaré. Swapna et Burkut Ally Ibrahim Dawood vivaient séparés. La jeune femme était portée manquante, depuis le mardi 3 octobre 2023. Ce qui a inquiété sa famille.

Fait étrange : son époux Burkut Ally Ibrahim Dawood avait aussi été rapporté disparu à la police. La Division Crime Intelligence Unit du nord a ouvert une enquête sur cette double disparition. 

Les policiers ont appris que Swapna Ibrahim Dawood était une femme battue. L’itinéraire quotidien de la mère de famille a été ainsi passé à la loupe. Et le Field Intelligence Office a élucidé cette affaire. Leurs investigations les ont menés sur un terrain en friche non loin du lieu de travail de la femme. L’autopsie a conclu que la mère de famille est morte étouffée.


6 août 2023 - Meurtre à Mahébourg : Madoomuttee Mungrah agressée à coups de marteau par son fils 

madoomuttee.

Le cadavre calciné de Madoomuttee Mungrah, 62 ans, a été trouvé sur son lit. Cette résidente de Ville-Noire à Mahébourg est morte dans des circonstances tragiques. Elle vivait seule au rez-de-chaussée, tandis que son époux et son fils occupaient le premier étage. 

L’autopsie a révélé que la cause de son décès était une fracture du crâne causée par un objet contondant. Le lundi 7 août 2023, la Major Crimes Investigation Team a trouvé un marteau au premier étage de la résidence de cette sexagénaire où son fils Vidoor Mungrah, 33 ans, réside. Ce dernier, le principal suspect dans cette affaire, répond d’une accusation provisoire de meurtre.


7 avril 2023 - Meurtre à Bel-Air/Rivière-Sèche : Anita Assegadee mortellement poignardée par son concubin 

Anita Assegadee, 55 ans, a été mortellement poignardée au cœur à son domicile à Bel-Air/Rivière-Sèche. Son cadavre a été trouvé dans un état de décomposition avancée. Ce sont ses voisins qui ont alerté la police. Une odeur nauséabonde émanait de sa maison.

Dans un premier temps, la thèse d’un décès naturel était privilégiée. Cependant, l’autopsie a indiqué qu’il s’agissait d’un meurtre. Elle avait été poignardée au cœur et sa mort remontait à environ quatre jours. Les premiers éléments de l’enquête montrent qu’elle a eu une dispute avec son concubin.


Raise Brave Girls  - Prisheela Mottee : « Gestion émotionnelle et communication défaillantes dans la violence domestique » 

Prisheela Mottee, présidente de Raise Brave Girls.
Prisheela Mottee, présidente de Raise Brave Girls.

Victimes de violence domestique, cinq femmes ont trouvé la mort cette année. Est-ce alarmant ? 
« Rien n’a changé dans le pays en ce qui concerne la mort des femmes, victimes de violence domestique », note Prisheela Mottee, la présidente de l’Association Raise Brave Girls. 

Selon elle, la société continue à faillir à protéger les femmes contre la violence domestique. Les lois rigides, la force policière, le ministère dédié aux genres et de nombreuses ONG n'ont pas résolu le problème. 

« La preuve : la violence domestique a causé la mort de plusieurs femmes cette année », dit-elle. Se référant aux statistiques, elle fait ressortir qu’une femme sur quatre est victime de violence domestique. 

« Dans de nombreux cas, la violence domestique a malheureusement conduit à la mort », ajoute-t-elle. En ce qu’il s’agit d’un cas récent : Vilasha Sooriah, elle est d'avis que sa mort est liée à un certain nombre de problèmes sociaux complexes. 

« Il n'y a pas de plateforme appropriée pour permettre à la personne de s’exprimer : des groupes de soutien par exemple. Il y a un manque de culture pour dénoncer de tels cas. La société est patriarcale et les femmes sont soumises, en raison de responsabilités et de pressions sociétales », explique-t-elle. 

Pour elle, l’alcoolisme est une des principales causes de la violence domestique. Qu’est-ce qui engendre la violence domestique ? « À Maurice, nous n’avons pas d’éducation pour les couples. La communication dans le couple, la gestion des émotions, la résolution des conflits et d’autres thèmes pourraient être expliqués aux nouveaux mariés », estime-t-elle. 

De plus, selon elle, nous manquons d’une culture de conseil. Les citoyens auraient dû rencontrer des conseillers ou des psychologues pour partager leurs émotions, leur situation, etc. « Nous n’avons pas de groupe de soutien où les gens peuvent se réunir pour parler de leurs problèmes. » 

Ensuite, elle a abordé le cas de Swapna Dawood. « Une fois de plus, le motif du crime est la jalousie comme rapporté par les médias. Et nous revenons au problème de la communication de couple. »

Prisheela Mottee va plus loin en partageant son avis sur la société mauricienne. « Elle a mis tellement l’accent sur une société patriarcale qu’elle n’a pas appris au genre masculin à gérer ses émotions, à faire face au rejet dans une relation et à accepter une rupture. »

Le manque de gestion des émotions et de communication est apparent dans tous les cas de violence domestique. « Les autorités ont mis en place l’application L’Espwar avec le bouton de panique qui a fait ses preuves et qui a également remporté un prix. » 

Cependant, elle pense qu’il faut aller plus loin en permettant aux victimes d’envoyer des messages et de partager ce qui leur arrive au lieu de simplement appuyer sur un bouton de panique. 

« Les autorités devraient envisager de fournir un téléphone mobile post-payé aux femmes qui ont demandé des Protection Orders surtout celles qui figurent sur la liste des registres sociaux. »

Elle ajoute qu'il est aussi grand temps de développer la culture de la dénonciation pour aider les femmes victimes de violence domestique. En cette période festive, elle conseille à tout un chacun de consolider les liens familiaux à travers des relations saines et de qualité. De plus, elle suggère d’éviter la consommation excessive d’alcool et de ne surtout pas en boire devant les enfants. « Les adultes sont des modèles pour les enfants et nous croyons fermement en la nécessité pour les adultes de donner le bon exemple. Lors des fêtes, il est crucial de veiller en permanence à la sécurité de tous les membres de la famille. Cette responsabilité incombe à tous. »


Le parcours poignant d’Anna 

Anna (nom fictif) est une femme d’une trentaine d’années qui a surmonté des épreuves grâce à sa détermination. Elle aime ses trois enfants et témoigne de la résilience face à l’adversité.

Elle s'est mariée à 18 ans et a rapidement fondé une famille. Mais son rêve de bonheur a été éclipsé par la violence inattendue de son époux. La situation atteint son paroxysme, surtout lorsque son mari se met à se droguer. Elle travaille alors en secret pour subvenir aux besoins de ses enfants. 

Puis, elle s'est séparée de son mari et elle est retournée vivre chez sa mère. Elle trouve un boulot. Comme, il n’y a pas de loyer à payer, elle économise des sous tout en subvenant aux besoins de ses enfants. Cependant, elle ne parvient pas à s'entendre avec son père alcoolique et elle quitte la maison maternelle. 

Avec l’aide d’une personne compréhensive, elle parvient à louer une maison pour y vivre avec ses enfants. Six ans plus tard, elle décide de refaire sa vie. Tout va bien jusqu’à ce que la mère de son nouveau compagnon vienne habiter chez elle. 

« Linn koumans mont so latet ek nou inn koumans gayn problem », confie-t-elle. Elle tombe enceinte, ce qui ne réjouit son compagnon. Ce dernier ayant un penchant pour l’alcool, commence à devenir violent. 
La tragédie atteint son apogée lorsque son compagnon apprend qu’elle a l’intention de quitter la maison. Il menace Anna avec un couteau. Ses enfants, alertes et courageux, se réfugient chez les voisins qui alertent la police.

Sans prendre ses affaires et avec le soutien d’amis, Anna qui est enceinte, se réfugie chez une copine. Avec l’aide de sa maman, elle trouve ensuite refuge dans un centre d’accueil pour les femmes victimes de violence domestique. Au début, ses enfants et elle, ont eu du mal à s’adapter à cette nouvelle vie. Anna accouche de son enfant. 

Il y a trois mois, elle a trouvé un boulot. En ce moment, elle travaille et économise en vue d'offrir un foyer stable à ses trois enfants. Retrouver son identité et offrir à ses enfants une vie meilleure sont désormais ses priorités. Elle conseille aux femmes victimes de violence domestique de privilégier leur sécurité et de croire en la possibilité de la reconstruction.

Natasha se libère de la violence domestique 

Natasha (prénom fictif) porte le fardeau de vingt ans de violence domestique. Elle est la mère de six enfants. Son mari, un homme à la retraite, est alcoolique. Elle l'accuse d’agressions physiques et sexuelles ainsi que de violences financières et verbales. Après vingt ans de vie commune, elle a quitté le toit familial. Actuellement, elle vit dans un centre d’accueil pour les femmes victimes de violence domestique avec ses enfants. 

Elle raconte qu’elle était mariée à un homme qui la maintenait prisonnière. « Les rares moments quand il n’était pas là, j'échangeais quelques mots avec les voisins », confie-t-elle. Elle raconte que les soirées alcoolisées de son mari la transformaient en cible. « Parfois, je me défendais et parfois, je ne pouvais que rester immobile et la violence physique devenait inévitable. » Des ecchymoses témoignent de ses batailles silencieuses durant toutes ces années. 

« Parfois, je nourrissais mes enfants très tôt et je les confinais dans une chambre pour les protéger des assauts de leur père. » Pendant le confinement lié à la pandémie de la covid-19, l’horreur atteint son paroxysme. Natasha endure un calvaire intolérable, prise au piège dans un huis clos infernal. 

À la mi-2023, elle trouve le courage de briser le silence. Elle quitte le toit conjugal et porte plainte à la police. Elle trouve refuge dans un centre d’accueil pour les femmes victimes de violence domestique. Par la suite, elle retourne chez elle. Son mari lui fait la promesse de changer de comportement. Mais deux jours après, avec ses quatre enfants, elle retourne au centre d’accueil. 

Composez le 139 pour dénoncer la violence domestique

Votre sécurité et votre bien-être sont des priorités. Faites le premier pas vers une vie exempte de violence en appelant le 139. Cette ligne d'assistance téléphonique mise en place par le ministère de l'Égalité des genres et du Bien-être de la famille vous offre un soutien immédiat et confidentiel. 

L’application mobile Lespwar est également à votre disposition pour demander une assistance rapide en cas de violence. Pour vous aider à briser le silence, ce ministère met en œuvre plusieurs initiatives préventives pour lutter contre la violence. 

Le ministère mise sur l'éducation et la sensibilisation. Il met en avant des campagnes d'information, d'éducation et de communication à travers des affichages, des clips diffusés à la radio, des messages sur les réseaux sociaux et dans les écoles. 

De plus, il y a une législation rigoureuse : Protection Against Domestic Violence. Elle offre des services de soutien familial, des conseils, des services psychosociaux, une aide pour obtenir des ordonnances judiciaires et elle oriente vers d'autres institutions. 

En ce qui concerne l'hébergement, le ministère de l'Égalité des genres et du Bien-être de la famille dirige les femmes victimes de violence et leurs enfants vers des ONG.

1er janvier au 23 décembre 2023 : six meurtres liés à la violence domestique 

Selon les données de la police, du 1er janvier au 23 décembre 2023, cinq femmes sont mortes, après avoir été agressées par leur époux. Et une femme a été tuée par une autre personne vivant sous le même toit. 

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