Sarita est décédée dans des circonstances tragiques. Prisonnière d’un compagnon jaloux, elle a perdu la vie après un énième acte de violence à son égard. Cette perte afflige ses proches, d’autant que, selon eux, elle souhaitait quitter son présumé meurtrier.
Publicité
«Linn gagn boukou bater… » Vedna a les larmes aux yeux. Elle ne peut s’empêcher de penser au calvaire qu’a vécu sa sœur Lajwantee Beerbul, âgée de 47 ans, également connue sous le nom de Sarita, aux mains de son compagnon Pierre David Latour.
Au cours de ces deux dernières années, les coups et les injures ont rythmé la vie de la quadragénaire, mère de deux fils. Cette femme battue a tout subi entre les mains de son compagnon. Vedna et ses proches ont tenté de l’extirper de l’enfer qu’elle vivait au quotidien, mais n’y sont jamais parvenus.
Craignant pour la sécurité de sa sœur, Vedna l’avait prévenue : « Enn zour se to lekor ki pou revinn lakaz. » Des paroles qui se sont tragiquement avérées, puisque le 21 octobre dernier, Sarita a été victime de violents coups de la part de son compagnon. Des coups de trop. Elle est décédée tôt dimanche matin. Son compagnon a été arrêté, ainsi que ses quatre complices, mais pour la famille de Sarita, la douleur est vive.
« Ma sœur a toujours été une personne joviale, gentille. Elle aimait rire », raconte sa sœur. Après l’échec de sa première union, la mère de deux fils avait rencontré Pierre David Latour, il y a environ deux ans. « Sarita et lui travaillaient dans la sécurité sur un site à Mon-Choisy, c’est ainsi qu’ils se sont rencontrés », dit-elle. Peu après, elle est partie vivre avec son nouveau compagnon. Elle ne se doutait alors pas qu’il allait devenir son bourreau.
En effet, quelque temps après que Sarita s’est installée dans une maison abandonnée à Grand-Baie avec Pierre David Latour, sa vie a basculé. Les coups ont commencé à pleuvoir. « Elle avait en face d’elle un homme jaloux. Il ne supportait pas de voir ma sœur parler à quelqu’un d’autre. Même quand moi, je la voyais avec lui, elle devait baisser la tête et ne pas me parler. Il ne la frappait que pour cela. S’il sortait pour aller à la pêche, il exigeait que ma sœur le suive et l’attende sur la plage, sans rien à manger. Il l’a tenue éloignée de sa famille pendant longtemps », relate Vedna.
Les coups qu’elle recevait étaient de plus en plus violents. « Li met soulie bogi, li bat mo ser », s’indigne Vedna. Face au comportement violent de son compagnon, Sarita n’en pouvait plus et se confiait à ses sœurs. « Elle nous racontait ce qu’elle vivait. C’était horrible. Durant ces deux années, à plusieurs reprises, elle s’est échappée de chez son compagnon, mais il disait toujours que ma sœur finirait tôt ou tard par revenir vers lui. Elle était sous son emprise », explique la sœur de la victime.
Et malgré son comportement violent, Vedna constatait avec effroi que le compagnon de sa sœur disait vrai. « Je ne sais pas pourquoi au bout d’un moment ma sœur retournait auprès de lui », regrette-t-elle.
« La maison où ils vivaient est hantée ! » lâche-t-elle. « Il y a déjà eu des morts dans cette maison, et une seule fois je me suis rendue sur place pour voir ma sœur, son conjoint m’en avait interdit l’accès. Je l’avais alors prévenu que si jamais je voyais des bleus sur ma sœur, il aurait affaire à moi », se souvient-elle.
Il y a un mois de cela, Sarita avait été victime de violence une énième fois de la part de son compagnon. « Des démarches avaient été entreprises pour qu’elle rejoigne un centre pour femmes pour y résider quelques jours. Finalement, elle avait été conduite à l’hôpital pour des soins. Elle y est restée trois jours. Une fois sortie, son fils et son ex-époux l’avaient recueillie dans leur maison. Mais une fois encore, elle n’a tenu que quelques jours avant de retourner vers son compagnon », raconte Vedna.
Le 9 octobre dernier, Sarita a fêté ses 47 ans. Une date que Vedna dit ne pouvoir jamais oublier : « Monn dir li kit misie-la enn fwa. To lekor ki pou retourn dan lakaz sinon… » Ses craintes se sont confirmées le matin du 21 octobre dernier. Ce jour-là, Sarita avait indiqué à son conjoint qu’elle allait le quitter définitivement. « Mo pou kit twa mo pou ale », lui avait-elle affirmé. Elle a été rouée de coups sur tout le corps ce matin-là. Puis, dans l’après-midi, ils se sont rendus à la surveillance d’une villa dans la région de Grand-Baie. Il l’a de nouveau frappée après avoir bu quelques verres. Dimanche matin, elle a perdu connaissance et ne s’est jamais réveillée.
Les proches de Sarita ont été rattrapés par la dure réalité. Elle est décédée des suites des coups de son compagnon violent. « Mo ser in bien pas mizer dan so lame », se désole Vedna.
Les enfants du suspect et leurs conjoints complices arrêtés
Dans le cadre de cette enquête, la Criminal Investigation Division de Grand-Baie a procédé à l’arrestation de Pierre David Latour, présumé meurtrier. Les enquêteurs ont aussi mis sous les verrous le fils du suspect, Sen William Latour, sa fille, Emma Usha Latour, ainsi que leurs conjoints respectifs, Sephora Davina Jean et Didier Edouard.
Ne voyant pas la victime se réveiller après les coups qu’il lui avait infligés, le compagnon a voulu maquiller ce meurtre en une chute. Il a alors expliqué à ses quatre complices de dire à la police qu’elle était tombée dans les toilettes. Mais cette version n’a pas convaincu les enquêteurs. Ils ont fini par avouer leur participation dans ce meurtre.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !