Faits Divers

Violence conjugale : Ashnaa Bhayraw poignardée par son amour de jeunesse

030518_couple_bhayraw.jpg Le suspect et son épouse.

Cette mère de famille de 30 ans, aussi connue sous le nom d’Ashnaa, est morte dans des circonstances atroces. Elle a été froidement assassinée à son domicile, rue Inkerman à Vallée-Pitot, Port-Louis, mercredi matin. Anjani Devi Bhayraw  a reçu deux coups de couteau à l’estomac. L’auteur de cet acte est son époux Oumesh Bhayraw (42 ans). Le suspect a avoué avoir commis ce geste parce qu’il soupçonnait son épouse d’infidélité. 

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«Mami kan mama pou vini », ne cesse de demander le fils aîné de la victime à sa grand-mère Anita Devi Samy (54 ans).  Âgé de neuf ans, le gamin constate l’affluence des proches chez sa grand-mère, à Montagne-Longue, et sent que quelque chose de grave s’est produite, mais ne la mesure pas encore.

« Je lui ai déjà expliqué ce qui s’est passé », nous dit la grand-mère. Anéantie par cette tragique disparition, elle tient à rester stoïque pour le bien des trois enfants de la défunte.

Pourtant, se remémore la grand-mère, les choses avaient bien débuté entre sa fille et son gendre Oumesh. « Je travaillais dans une usine et ma fille avait l’habitude de m’accompagner. Ils se sont rencontrés alors que nous prenions le bus. Ils s’aimaient et Oumesh n’a pas tardé à faire sa demande en mariage », pleure-t-elle. Ashnaa était alors âgée de 17 ans. Deux ans plus tard, le couple s’est marié. 

« Ma fille s’est installée chez son époux », ajoute-t-elle. Mais la vie de ce couple s’est vite transformée en un cauchemar. « Zot ti fer chawtaree lindi ek mardi mem li finn koumans laguerr ek mo tifi. Li ti avoy enn plat lor li. Mo tifi ti blesse dan so lipie. » Ce n’est que quelques semaines plus tard qu’Anita a appris ce qui s’était passé. 

« Elle nous cachait des choses et ne voulait pas dénoncer son époux », poursuit la mère. Au fil du temps, la situation s’est empirée. « Mo zann finn koumans drogue. Li batt mo  tifi pliss ankor. » Puis il a commencé à avoir des démêlés avec la justice. 

« Ma fille ne nous a rien raconté », regrette Anita. Puis il y a eu la venue des enfants. « Il s’est alors calmé, mais ce n’était pour longtemps », raconte la belle-mère. 

« Li kontan persiste »

« En apprenant ses agissements, j’avais parlé avec mon gendre et il m’avait écouté », se souvient Anita. Mais malgré tous les coups qui ont continué à pleuvoir, Ashnaa a fini par dénoncer son époux violent. La police de Vallée-Pitot a été alertée à plusieurs reprises pour tenter de calmer la situation. « Lorsque mon gendre a été incarcéré, c’est ma fille qui s’est occupée de tout à la maison », indique la belle-mère.

« L’épouse était employée dans une clinique. à sa sortie de prison, Oumesh Bhayraw est allé faire un scandale à la clinique et sa femme a perdu son 

emploi », s’indigne un voisin. Les disputes étaient leur lot quotidien. La femme avait obtenu un ordre de protection contre son époux. « Je la conseillais de quitter son mari, mais elle le défendait malgré tout », confie la mère de la victime.

Et mercredi, l’inévitable s’est produit. Vers 8 h 45, une dispute a éclaté. Selon la version du suspect à la police, il reprochait à son épouse de ne pas lui avoir remis de l’argent pour acheter de l’essence pour sa motocyclette.

Leur fils de 9 ans s’est rendu à pied à l’école. Le papa s’est mis en colère et a menacé d’agresser son épouse avec un morceau de bois. La police de Vallée-Pitot avait été mandée. 

Mais la jeune femme a expliqué aux policiers qu’elle ne comptait pas porter plainte. Les agents de l’ordre ont longuement parlé au mari et lui a adressé un avertissement et sont repartis en conseillant à Ashnaa de faire une déposition. Vers 11 heures, l’époux s’est de nouveau mis en colère, accusant son épouse d’infidélité.  Et de souligner aux enquêteurs :

« Elle avait un amant. Li kontan persiste.  Dan laraz mo finn pran enn kouto mo finn pik li. » Au moment du drame, leur bébé de six mois et leur fille de deux ans étaient dans une chambre à côté. La mère s’est effondrée sous les coups. Le voisinage a été alerté par les cris de détresse de la victime. L’époux est sorti de la maison alors que les voisins venaient aux nouvelles. C’est ainsi qu’ils ont vu Ashnaa gisant au sol dans une mare de sang. 

La police de Vallée-Pitot, celle de Plaine-Verte ont été immédiatement alertées. à leur arrivée sur le lieu du crime, les policiers ont constaté que la victime était déjà morte. L’époux a été arrêté peu après alors qu’il circulait à motocyclette dans la localité. Il a été remis à la CID de Port-Louis Nord, et est vite passé aux aveux.

L’autopsie pratiquée par le Dr Maxwell Monvoisin a attribué le décès d’Ashnaa Bhayraw à deux coups de couteau portés à l’estomac. La police a saisi l’arme du crime. L’interrogatoire de l’époux devrait se poursuivre ce jeudi sous caméra vidéo. Il sera provisoirement accusé de meurtre.

Colère et indignation 

Ce meurtre a bouleversé tout le voisinage. Ashnaa était connue comme une épouse douce et aimante alors que son époux ne cessait de la brutaliser. « Li ti dan prizon, so madam ki finn fer tou dan so lakaz.  Li revini, li fer britt ek li pa travay. Inn gayn enn mwa li finn gagn laguerr ankor.

Li finn batt so madam. Ena dimoun isi ti pe anvi batt li. Sa zour-la, li finn al batt mem so mama, so frère ek li finn pran  zanfan li finn menass pou zet amba. Nou dir madam-la al la polis, li pa oule », raconte un voisin. Et d’ajouter : « Madam-la ti mem aksepte  pou konverti. Amenn li la pryer. Get ki li finn fer so madam aster. »

Ils étaient nombreux à laisser éclater leur colère lors de la reconstitution des faits mercredi après-midi. « Bizin met li pandi », « to pa onte », « assassin »  sont certains des propos lancés par des badauds alors que le suspect était encerclé par les éléments de la CID de Port-Louis Nord.

Une voisine : « Li finn vin dir ki li fini pik so madam li pe kit zanfan »

Une voisine de la victime soutient que peu après le meurtre, Oumesh Bhayraw a débarqué chez elle. « Li finn amenn so bann zanfan li dir ki li finn fini pik so madam e ki li pe kit so bann zanfan ar nou », se souvient-elle.

« Il avait l’habitude de la traîner dans la rue en la rouant de coups. C’est terrible ce qu’elle a vécu. En tant que femmes, nous devons nous sentir interpellées par ce crime », s’indigne-t-elle.

Shobha Bhayraw, la mère du suspect : « Li ti kouma mo tifi » 

La mère d’Oumesh, le meurtrier présumé, est effondrée. Shobha Bhayraw a non seulement perdu un fils, mais aussi sa belle-fille Ashnaa qu’elle considérait comme sa propre fille. « Zot ti kontan. Ashnaa ti enn bon dimoun. Mo ena zis de garson ek li ti kouma mo tifi », ne cesse-t-elle de pleurer.

Partageant la même cour que son fils, elle soutient n’avoir jamais entendu de dispute entre son fils et sa bru.  « Je préparais à manger et je n’ai rien entendu. Ils s’étaient déjà séparés pour trois ou quatre mois, mais ils sont retournés ensemble, surtout pour les enfants. »

Le meurtrier fiché à la police

Oumesh Bhayraw est connu des services de police. Il est fiché pour divers délits de vol. Ses démêlés avec la justice ne lui auraient servi à rien. En 2014, il avait été condamné à 18 mois de prison pour possession d’objet volés. 

 

 

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