L’accusation de viol qui pèse sur son fils Didier Bauda la met dans tous ses états. Marie ne cache pas sa colère devant cet événement qui éclabousse sa famille. Celle-ci dit sympathiser avec la victime.
« Linn met nou fami dan lamerdman. Li fer mwa gagn honte. Enn gran sok pou mwa », soutient Marie (prénom fictif). La mère de Didier Bauda est visiblement affectée par ce qu’elle qualifie de « tragédie », qui s’est abattue sur sa famille. Son fils, âgé de 29 ans, principal suspect du viol d’une Réunionnaise à Plaine-Sophie, a été arrêté samedi dernier. Le délit remonte au 5 juin.
Depuis, la vie de Marie, qui habite Vacoas, n’est plus la même. Cette femme de 60 ans, que nous avons rencontrée, se dit profondément secouée par ce qu’il s’est passé. « Je ne dors plus le soir. Mo zis reflesi mem », dit-elle.
Non seulement, souligne Marie, sa famille et elle doivent-elles subir les commentaires et le regard des habitants de la localité, mais elle a dû également changer ses habitudes. Ce qui affecte grandement ses activités quotidiennes. « Tous les jours, j’allais à la boutique du coin, mais depuis cette affaire, je dois me rendre dans un autre commerce. Ou krwar mo kapav montre mo figir par laba ? Aster la mo bizin al fer komision dan sipermarse », dit-elle, le regard vague.
« Les lezot koze »
Même si affronter le regard et les moqueries des autres est difficile, Marie ne veut pas céder à la provocation. « Les lezot koze », dit-elle à ceux qui laissent échapper des commentaires sur son fils. « Nou pa kone si vremem linn fer sa (…) Si vremem sa, mo bien enkoler. Mais nous ne sommes pas fautifs », ajoute-t-elle. Didier Bauda n’a pas complété sa scolarité. Il a étudié jusqu’au Certificate of Primary Education. Il faisait de petits boulots et vivait avec sa mère. À la question de savoir si le comportement de son fils avait changé ces derniers temps, Marie concède : « Li ti pe paret bizar ». Mais elle dit ignorer les raisons derrière ce changement d’attitude. Didier Bauda est marié et père d’un garçon de trois ans. « Le petit est très attaché à son papa », ajoute la mère du suspect. Depuis l’arrestation de Didier Bauda, ses proches essaient de surmonter cette « tragédie ». Toutefois, sa mère éprouve un peu de compassion pour son fils. « Dieu dit de pardonner. Mo pardonn li enn tigit. Ce qui s’est passé nous attriste profondément. » Elle est rejointe dans ses propos par une proche, qui dit « prier pour la victime tous les jours ».Trahi par un cupcake
Samedi dernier, le suspect, déjà condamné pour une affaire d’attentat à la pudeur, a été arrêté. Cela après un travail de fourmi effectué sur le terrain par les limiers Françoise, Kullean, Appajee et Sinundun, de la CID de Curepipe. C’est grâce à son sac à dos oublié sur le lieu du viol que les enquêteurs sont remontés au présumé violeur. Dans le sac, la police est tombé sur des gâteaux, du gandia et des équipements de pêche. Afin de coincer le suspect, aucun détail n’a été négligé. Les enquêteurs ont pu remonter jusqu’au fabricant des gâteaux (cupcake) et son livreur. Ils ont fait le tour de plusieurs commerces en quête d’informations sur l’identité de l’acheteur, une tâche pas si aisée. Les policiers ont pu mettre la main sur les enregistrements d’une caméra de surveillance et sont tombés sur les images d’un acheteur qui correspondait à la description du présumé violeur. Ce dernier portait un sac à dos identique à celui retrouvé sur le lieu du crime. Il ne restait aux enquêteurs qu’à retracer l’homme en question. Mission difficile également… Mais samedi dernier, coup de chance lors d’une patrouille policière. Didier Bauda a été aperçu à une station-service à Vacoas par les hommes du surintendant Frichot, placés sous la supervision de l’ACP Veeramallay. Il a été placé en état d’arrestation. Lors de son interrogatoire par les hommes du chef inspecteur Omrawoo et de l’inspecteur Nundoo, Didier Bauda a expliqué que le 5 juin, il se rendait à Mare-aux-Vacoas pour une partie de pêche quand il a vu une femme à vélo. Attiré par la cycliste de 37 ans, Didier Bauda, qui était à moto, l’a dépassée avant de l’attendre dans un sentier. Quand elle s’est approchée, Didier Bauda l’a déséquilibrée. La jeune femme s’est retrouvée à terre entre les griffes de son agresseur. Selon la version de la Réunionnaise, Didier Bauda a tenté de l’étrangler et l’a rouée de coups, avant de la violer et de l’abandonner sur place. Didier Bauda croupit désormais en cellule policière après son inculpation provisoire de viol devant le tribunal de Curepipe. La police a objecté à sa remise en liberté. Jeudi, la victime s’est rendue dans les locaux de la CID de Curepipe, où elle a formellement identifié les effets personnels du suspect.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !