Interview

Vincent Chatard, COO de MCB Ltd : «La crypto-monnaie n’a pas de réel impact à Maurice dans l’immédiat»

Vincent Chatard

Vincent Chatard, Chief Operating Officer de MCB Ltd, commente dans cet entretien les récentes mesures budgétaires liées à la FinTech et aux crypto-monnaies.

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Croyez-vous que Maurice soit témoin d’une offre plus élargie avec la popularité des crypto-monnaies ?
Depuis l’année dernière, nous avons effectivement observé un engouement spectaculaire au niveau mondial pour les crypto-monnaies. Toutefois, nous ne prévoyons pas de réel impact à Maurice dans l’immédiat. En fait, la crypto-monnaie, outre la puissance informatique dépensée pour la « miner », n’a aucune valeur intrinsèque. À la différence des monnaies officielles, elle n’est pas issue d’une banque centrale ou d’une institution monétaire. Ce n’est pas non plus un actif financier comme une action ou une obligation puisqu’elle ne rapporte rien. À l’heure actuelle, elle n’offre aucune protection à ses utilisateurs, pas de garantie de remboursement et peu de recours en cas de transaction frauduleuse. Des évolutions règlementaires seront nécessaires pour sécuriser leur vulgarisation. Il faut toutefois différencier les crypto-monnaies de la technologie qui les soutient, le « distributed ledger », plus connu comme la Blockchain. Bien que les crypto-monnaies soient considérées par les banques comme risquées, la Blockchain s’impose sans conteste comme une nouvelle révolution technologique. Malgré tout, la Blockchain reste encore à l’état embryonnaire, en dépit d’avancées incontestables. Cependant, des freins techniques et l’absence de normes et de réglementation ralentissent encore son développement.

Le gouvernement ambitionne de faire de la FinTech un nouveau créneau économique avec les récentes mesures budgétaires. Votre commentaire.
Une des mesures phares du budget concerne la mise en place d’un National regulatory Sandbox licence committee. Ce dernier a pour objectif d’examiner les activités associées à la FinTech, entre autres le développement de la technologie Blockchain et des crypto-monnaies. Par ailleurs, dans un souci d’ouvrir d’autres perspectives aux entreprises, la Financial Services Commission (FSC) sera dorénavant habilitée à délivrer des permis permettant, par exemple, d’être dépositaire d’actifs numériques (Digital Custodian) et celui d’un marché d’actifs numériques. La FSC pourra également émettre des directives sur l’investissement en actifs numériques, notamment pour les crypto-monnaies. Au niveau de la Mauritius Commercial Bank, nous avons déjà commencé à explorer de nouveaux moyens de collaboration en phase avec cet écosystème numérique. Nous espérons que ces mesures budgétaires faciliteront la collaboration au sein du monde bancaire.

Quelles sont les appréhensions si le transactionnel se numérise ?
Le secteur bancaire vit une profonde transformation qui secoue les positions acquises et met de la pression sur les modèles économiques traditionnels. Le succès de la FinTech nous incite à faire évoluer notre métier, tout en intégrant la composante technologique et numérique. D’ailleurs, le MCB InovApp Challenge, organisé par la MCB en début d’année, en est la preuve concrète. Il reflète l’ambition de la MCB de collaborer avec la communauté des développeurs Fintech qui ne demande qu’à être valorisée et reconnue.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de mécanismes FinTech que l’on peut mettre en place ?
Il y a de multiples mécanismes, tant les technologies et services innovants et disruptifs se multiplient. Il existe déjà une multitude de FinTech dans des domaines aussi variés que la Blockchain, la science du Big Data, l’intelligence artificielle et les paiements, pour ne citer que quelques-uns. Les mécanismes nécessaires doivent ainsi prendre en considération la partie de la gestion des risques pour mieux aider la FinTech à se conformer aux nombreuses réglementations déjà présentes dans le monde financier.

 

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