Dans son rapport rendu en juillet 2018, la commission d’enquête sur la drogue avait recommandé le démantèlement de l’Adsu et la création d’une National Drugs Investigation Commission. Voici quelques extraits du document.
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« La Commission a reçu des témoignages sur les querelles internes au sein de l'Adsu, de la jalousie déclenchée par l'argent de récompense (‘reward money’) qu'une équipe reçoit, des informations sur les descentes fournies à des trafiquants par certains policiers qui sont à leur service. Ce qui a amené la Commission à examiner la refonte de toute l'unité. »
« La Commission est pleinement consciente du manque de confiance du public non seulement envers l'Adsu, mais aussi envers la police dans son ensemble, en raison de l'attitude de certaines brebis galeuses qui sont une honte pour la police, alors que le rôle de cette dernière est de servir la communauté pour maintenir l'ordre et d’être un allié du public. Étant une force disciplinaire, on aurait pu s'attendre à ce que le public considère ses membres comme des modèles et des protecteurs, mais hélas, beaucoup portent atteinte à la force et le plus souvent aucune sanction sérieuse n'est prise à l'encontre des membres fautifs, et même si des sanctions sont prises, la procédure est trop longue et ils reçoivent leur salaire pendant la longue période de suspension. Au lieu de sanctionner les officiers fautifs, ils sont parfois simplement transférés dans d'autres unités de la force, ce qui ne résout pas le problème. La Commission n'a pas été surprise qu'il y ait eu si peu de volontaires pour dénoncer les trafiquants de drogue. »
« La Commission a été informée que cela était dû aux actes d'une poignée d'officiers avides, non patriotes, égoïstes et corrompus, qui n'ont pas encore été identifiés pour être emprisonnés et qui ne méritent certainement pas d'être membres de la force disciplinaire. En fait, c'est le monde à l'envers. Au lieu que l'Adsu se fie aux informateurs avant de planifier une descente, ce sont les trafiquants qui sont prévenus de telles descentes par des informateurs au sein de la police. »
« La Commission a relevé de nombreuses failles malgré de nombreuses saisies très médiatisées dans la presse mais qui n'ont jamais conduit aux véritables coupables. Les petites frappes seront toujours prises et encore plus viendront pour satisfaire le marché, et en raison du code mafieux, les affaires en resteront là et les véritables coupables profiteront paisiblement de leurs richesses illégalement acquises. »
« Au cours de ses deux ans et demi d'enquête, la Commission est parvenue à la conclusion que l’Adsu et la Customs Anti-Narcotics Squad doivent être totalement démantelées le plus tôt possible et remplacées par un seul organisme fort doté d'un cadre légal, chargé de mener toutes les enquêtes et poursuites en matière de crimes liés à la drogue. »
« Il est inconcevable qu'il y ait eu plusieurs allégations et cas signalés de corruption au sein de l'Adsu et de certains officiers travaillant main dans la main avec les barons de la drogue. La Commission a déjà, dans un chapitre précédent, commenté la procédure de recrutement insatisfaisante des officiers rejoignant l'Adsu. »
« Il existe au sein de l'Adsu une méthodologie inefficace d'enquête et de collecte de renseignements. »
« Il a été révélé que les opérations sont principalement menées de manière à ce qu'à la fin de la journée, seules des ‘mules’ soient attrapées et condamnées, et que beaucoup d'autres continuent à arriver, ce qui gonfle statistiquement leur taux de réussite et leurs fières conférences de presse exposant leurs saisies à la une des journaux, tandis que les barons de la drogue restent libres, indemnes et hors de portée. Cette approche ‘à la mitraillette’ doit cesser. »
Sam Lauthan : « J’insiste sur le fait qu’il faut démanteler l’Adsu »
Un des deux assesseurs de la commission d’enquête, Sam Lauthan, « insiste sur le fait qu’il faut démanteler l’Adsu ». Mais, dit-il, « il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y a des officiers de police sincères au sein de cette unité ». Le travailleur social et ancien ministre, concède qu’« aucun pays ne peut totalement arrêter la mafia de la drogue parce qu’elle est tellement puissante. Le Premier ministre avait d’ailleurs, il y a quelques semaines au Parlement, dit que la mafia s’était infiltrée partout dans nos institutions. » Toutefois, « ce qu’on a entendu dans la bande sonore sur TéléPlus est d’une telle gravité ! Ça fait surgir beaucoup de questions ».
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