Coup de tonnerre au sein de la population après la diffusion des enregistrements des conversations entre Vimen Sabapati et des policiers. Aux Casernes centrales, toutefois, on affirme qu’aucun écart ne sera toléré.
«Kot tou dimoun finn sanble perdi, SST finn fer travay-la e pe trouv le chemin. » Pour l’ASP Ashik Jagai, l’efficacité de la Police Headquarters Special Striking Team (PHQ SST) n’est plus à prouver. Il en veut pour preuve l’enquête sur le vol de cuivre et l’arrestation de Sherry Singh, ex-Chief Executive Officer de Mauritius Telecom. Et pourtant, depuis les « Vimen Leaks », les appels se font davantage pressants pour que cette équipe d’« élite » soit démantelée. Qu’en pense-t-on aux Casernes centrales ?
Entre manque de confiance et demande de réorganisation au sein de la police, des opinions divergentes se font entendre. Cependant, les bandes sonores impliquant des policiers, présumés complices du suspect Vimen Sabapati, renforcent un sentiment de malaise au sein de la force policière.
D’un côté, les opérations de la PHQ SST et de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) en matière de saisies importantes de drogue et d’arrestations sont applaudies. De l’autre côté, lorsque des allégations de pratiques douteuses émergent, la confiance du public envers les Casernes centrales de la police est inévitablement ébranlée. « Que ce soit l’Adsu ou la PHQ SST, les deux équipes ont été sérieusement secouées par les révélations récentes dans les médias », déclare un ancien haut gradé de la police. Cependant, il souligne que les accusations de mauvaises pratiques à l’encontre de la PHQ SST semblent offrir une échappatoire à des trafiquants présumés pris dans les filets de la police.
Une bande audio d’environ quatre heures a été partiellement dévoilée au grand public par TéléPlus. On y entend Vimen Sabapati en conversation avec des individus présentés comme des policiers. Toutefois, fait-on comprendre, c’est l’enquête du CCID qui confirmera leur identité. Aux Casernes centrales, on ne semble pas s’inquiéter outre mesure. L’on met, en effet, en avant « l’importance d’une telle pratique » dans certains cas, notamment pour infiltrer ou se rapprocher des présumés trafiquants en tant qu’« undercover agent ».
Un surintendant de police affirme : « Il est essentiel que des policiers gagnent la confiance des personnes soupçonnées d’être impliquées dans des activités illicites afin d’obtenir des informations crédibles pouvant aider la police. »
Il précise néanmoins que cela se fait dans un cadre spécifique et qu’il existe des « preuves » pour corroborer ce type d’opération. « Il arrive parfois que l’on mente à un trafiquant en blâmant des membres de l’équipe antidrogue pour gagner la confiance de l’informateur. Parfois, il est nécessaire de discréditer un collègue de la police insatisfait pour gagner la confiance des personnes suspectes », confie notre source aux Casernes centrales.
Toutefois, la perception de la présence de certains policiers corrompus s’intensifie, notamment à la suite de l’arrestation de deux policiers dans l’affaire Vimen Sabapati et des enregistrements audio impliquant d’autres membres de l’unité antidrogue. Avec les récentes déclarations de l’avocat Shakeel Mohamed affirmant que son client détient d’autres enregistrements, il est possible que, dans les jours à venir, d’autres policiers entretenant une relation « étroite » avec Vimen Sabapati, présumé trafiquant de drogue, soient identifiés.
Les hauts responsables des Casernes centrales affirment être prêts à prendre des mesures, si d’autres policiers sont impliqués. « Au bureau du commissaire de police, il est clairement indiqué que la police n’accordera aucune faveur à quiconque, même s’il s’agit d’un membre des forces de l’ordre. Le commissaire de police se montre intransigeant à cet égard », rapporte un collaborateur du chef de la police.
Depuis la divulgation des enregistrements par TéléPlus, mettant en évidence la complicité de policiers avec Vimen Sabapati, les policiers concernés ont été transférés de l’Adsu à la Special Supporting Unit et à la Special Mobile Force. Bien qu’une enquête soit en cours, les policiers n’ont pas encore été convoqués. « Cela se fera en temps voulu, une fois que les enquêteurs auront recueilli suffisamment d’éléments pour les confronter », indiquent des sources proches de l’équipe spéciale mise en place par le commissaire de police au sein du CCID.
Aux Casernes centrales, on explique que les sanctions sont prises à l’issue d’une enquête et des recommandations émises par un comité disciplinaire. Pendant le déroulement de l’enquête, différentes étapes sont suivies, telles que les confrontations, l’analyse des éléments de preuve et les témoignages des personnes impliquées. En cas de nouvelles informations, les enquêteurs les examineront en procédant à des « tests de véracité » avant de transmettre le dossier au département compétent, qui prendra des mesures disciplinaires, si les soupçons sont confirmés.
« Il est primordial d’agir sur la base de preuves tangibles. c’est pourquoi une équipe spéciale a été formée au sein du Central CID afin de mener cette enquête, tout comme lors de précédents cas de torture au sein de la police », souligne-t-on.
L’inspecteur Shiva Coothen : «Le CP ne tolérera aucun policier déshonorant l’uniforme»
Depuis l’éclatement des « Vimen Leaks », l’inspecteur Shiva Coothen met en garde les policiers qui agiraient illégalement au sein des forces de l’ordre. « Le commissaire de police n’hésitera pas à prendre des sanctions et à prendre toutes les mesures nécessaires à l’encontre de ces policiers », explique-t-il. Shiva Coothen affirme que les Casernes centrales ne toléreront aucun écart de conduite de la part de ceux qui déshonorent l’uniforme de quelque manière que ce soit.
La SST, «une équipe sélecte fondée sur la confiance»
C’est en août 2022 que la PHQ SST a été établie aux Casernes centrales. Placée sous la direction de l’ASP Ashik Jagai, cette équipe est composée d’une vingtaine de policiers, majoritairement d’anciens membres de l’Adsu. Son objectif principal est de lutter contre la criminalité en visant les gros poissons après avoir recueilli des renseignements.
L’équipe entretient une étroite collaboration avec le bureau du commissaire de police, qui n’hésite pas à leur transmettre des informations privilégiées. « La SST cible les criminels de haut niveau et les affaires ‘High Profile’ », expliquent nos sources au QG des Casernes centrales.
Bien que l’ASP Jagai ait été chargé de constituer son équipe, celle-ci est étroitement supervisée par le CP lui-même. Dans le choix des policiers, des facteurs tels que l’intelligence gathering ou les réseaux d’informateurs ont été pris en considération. « C’est une équipe sélecte, fondée sur la confiance et l’efficacité », précise-t-on.
Dans les couloirs du bureau du commissaire de police, on souligne que la PHQ SST est consciente de la confiance que la haute hiérarchie lui accorde et qu’elle comprend les attentes placées en elle. « Ils font preuve de détermination et de persévérance pour être efficaces », confie un gradé. « Après seulement trois jours de mise en place de l’équipe, ils ont arrêté un trafiquant d’héroïne d’une valeur d’un million de roupies à Quatre-Bornes », ajoute-t-il.
D’ailleurs, nos sources font remarquer que sur les 54 arrestations effectuées par la PHQ SST depuis sa création, seulement cinq ont été considérées comme « politiquement motivées ». « Qu’en est-il des autres ? »
Ashik Jagai : «La vérité sera révélée lors des procès»
Interrogé sur plusieurs points douteux concernant les interventions et enquêtes de la SST, l’ASP Ashik Jagai a laissé entendre que la vérité serait révélée m des procès y relatifs devant les tribunaux. L’ASP Jagai a refusé de commenter les circonstances des enquêtes, soulignant le risque de compromettre leur intégrité. Ces déclarations ont été faites lors d’une intervention sur un plateau de notre confrère Top FM, mercredi.
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