- L’ancien enquêteur Ranjit Jokhoo : « Le policier se retrouve à la solde du trafiquant »
Les enregistrements de conversations entre Vimen Sabapati et différents policiers, diffusés vendredi soir sur TéléPlus, mettraient en lumière une connivence entre certains éléments des forces de l’ordre, notamment de la brigade antidrogue, et des trafiquants présumés.
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Pour l’ancien inspecteur Ranjit Jokhoo, qui, au cours de sa longue carrière, a été enquêteur à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), cette relation interdite n’a rien d’étonnant. « Un policier doit savoir faire la part des choses. Il y a une ligne à ne pas franchir. Ces deux extrêmes (policiers et trafiquants) suivent un parcours parallèle. Quand ils se croisent, cela devient dangereux. Mais certains policiers dépassent le cadre professionnel et créent une relation plus personnelle avec des trafiquants. Ils se laissent alors appâter par l’argent facile. Ou trouv zot pe roul bel-bel loto, pe pey boutey wisky ki kout ser. Kot sa kas-la sorti ? » dit-il.
Et une fois qu’un policier a accédé à ce train de vie, il devient compliqué pour lui de sortir de l’engrenage dans lequel il est entré. « Le policier se retrouve à la solde du trafiquant, qui se sert de lui pour mettre hors-jeu d’autres trafiquants qui sont ses concurrents sur le marché de la drogue. » Un informateur de la police, aussi fiable soit-il, peut également manipuler un agent, avance l’ancien enquêteur.
« Je me souviens d’une opération remontant à quelques années, où un informateur avait soutenu qu’une cargaison de drogue allait être acheminée au port dans un bateau. Ce dernier en avait fait part à un policier. L’indic avait indiqué qu’il allait sortir du bateau suivi du trafiquant. Ce fut le cas et le présumé trafiquant était un marin étranger. Nous l’avons arrêté avec environ 2 kg de drogue. Lors de l’enquête, le marin a révélé que l’indic était reparti avec une bonne partie de la drogue. Connaissant le policier, le suspect a soutenu que celui-ci était complice dans cette affaire », raconte-t-il.
Pour lui, les trafiquants ont le contrôle sur certains policiers, à tous les niveaux de la hiérarchie. « La plupart sont intègres dans leur travail, mais pas tous. J’ai connu un haut gradé qui, dès qu’il y avait une opération chez un présumé trafiquant, demandait tous les détails de l’opération. Le temps qu’on rentre au bureau, il était déjà sur place, de même que l’avocat du suspect. D’ailleurs, il ne faut pas seulement cibler les brebis galeuses au sein de la police. Il y a également la complicité de certains avocats », fait-il ressortir.
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