
L’ancienne membre de la Special Striking Team affirme détenir des preuves explosives sur l’arrestation controversée de Vimen Sabapati. Entre contradictions troublantes et manœuvres suspectes, la Cyber Crime Unit enquête.
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Le contenu d’une vidéo controversée concernant l’arrestation de Vimen Sabapati, le 3 mai 2023, est actuellement analysé minutieusement par la Cyber Crime Unit du Central Criminal Investigation Department (CCID). Ces images, dévoilées lors d’une édition spéciale d’Info Soirée le jeudi 6 mars, exposent les coulisses de l’arrestation de l’ancien chef de la garde rapprochée de Navin Ramgoolam lorsque ce dernier était dans l’opposition. Vimen Sabapati est accusé de possession de 10 kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 150 millions. Il a toujours affirmé avoir été piégé.
Au cœur de cette affaire, intitulée « Vimen Leaks 2 », se trouve une ex-policière de 32 ans, anciennement affectée à la Police Headquarters Special Striking Team (PHQ SST). Cette femme, identifiée comme la policière G., affirme détenir des preuves substantielles pour étayer ses accusations. « Mo ena prev pou prouve seki mo pe dir dan depozision », a-t-elle déclaré aux enquêteurs du CCID. Dans sa déposition, jeudi, l’ex-policière a mis en évidence des contradictions dans les entrées consignées dans le Diary Book le jour de l’arrestation de Vimen Sabapati. Ces incohérences, selon elle, témoignent de manœuvres frauduleuses lors de l’opération. À la suite de ses révélations explosives, elle a sollicité une protection rapprochée.
Recrutée dans la force policière le 14 mars 2014, cette WPC (Woman Police Constable) comptait dix années de service avant les événements. En 2023, elle avait intégré la PHQ SST en tant que clerk au bureau, ce qui lui donnait accès à des informations confidentielles concernant les enquêtes en cours.
Le 3 mai 2023, elle raconte avoir reçu un message sur le groupe WhatsApp de l’Enquiry Panel de la SST. On lui aurait demandé de participer à une opération aux côtés de trois autres policiers. Selon son témoignage, le surintendant de police (SP) Ashik Jagai lui aurait donné pour instruction spécifique, via WhatsApp, de filmer l’opération qui allait se dérouler.
Les irrégularités présumées
La policière aurait d’abord été conduite à Phoenix dans une voiture banalisée, avant de recevoir l’ordre de se rediriger vers la rue Poudrière à Port-Louis. Lors de cette intervention, de l’argent a été saisi sur le siège avant du 4x4 de Vimen Sabapati, ainsi que deux sacs présents dans son véhicule. Selon elle, un sergent de police présent a par la suite ordonné que ce dernier soit emmené aux Casernes centrales : « Nou kontign lafouy dan Casernes. » Elle affirme que ce n’est qu’après leur arrivée aux Casernes centrales qu’elle a découvert que le suspect appréhendé était Vimen Sabapati.
Une fois au bureau, la WPC relate une série d’événements troublants. Selon elle, un de ses collègues aurait temporairement emporté les deux sacs saisis comme pièces à conviction : « Enn polisie finn pran de sak, finn sorti depi dan biro. » À son retour, ajoute-t-elle, l’un des sacs semblait visiblement plus gonflé.
En présence du SP Jagai, le sac a été ouvert par un policier, révélant des produits blanchâtres dégageant une forte odeur, alors que « dan veikil, pa ti pe gagn okenn loder kan nou ti pe vinn dan Casernes ». Dans sa déposition, elle explique aussi qu’une policière aurait remis une bouteille d’eau à Vimen Sabapati pour boire. Après que ce dernier a été invité à se rendre aux toilettes, un autre policier aurait ensuite vidé de l’eau dans le bouchon avant de l’asperger sur le sac de Vimen Sabapati : « Finn fann delo lor sak ar bouson boutey ki Vimen ti bwar. »
Peu après ces événements, la jeune femme affirme avoir été écartée de la PHQ SST.Après son transfert au bureau du procureur du tribunal de district de Rose-Hill en décembre 2023, la policière a rencontré Vimen Sabapati dans la région de Trianon. Elle l’a informé de l’existence de l’enregistrement vidéo concernant son arrestation.
Vimen Sabapati, qui est actuellement en liberté sous caution dans l’attente de son procès pour possession présumée de 10 kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 150 millions, a saisi cette opportunité. Il a enregistré sa conversation avec la policière et exposé cet enregistrement audio à TéléPlus pour tenter de prouver son innocence.
L’enquête en cours
Ce vendredi, accompagnée de son avocat, Me Rouben Moorongapillay, l’ex-policière a poursuivi sa déposition au CCID. Elle s’est également présentée à l’Information Technology (IT) Unit de la police pour l’examen de son téléphone cellulaire, utilisé pour filmer l’opération du 3 mai 2023.
Les enquêteurs du CCID en sont encore aux étapes préliminaires de l’investigation, qui devra par la suite aboutir à l’interrogatoire des membres de la PHQ SST présents lors de l’arrestation. Le dossier sera ensuite transmis à la commission de l’Independent Police Complaints Commission pour la poursuite des investigations.
Jagai : « Cropped, cut & paste »
Si la PHQ SST est sur le banc des accusés depuis jeudi soir, son ancien patron, le SP Ashik Jagai, ne reste pas les bras croisés. Il a déposé une plainte au poste de police de St-Pierre, où il est désormais affecté, dénonçant les manœuvres de la policière G.
Il affirme que la vidéo diffusée sur « Info Soirée » aurait été manipulée : « The alleged video recording showed on the said emission was cropped, cut and paste ». Selon le SP Jagai, l’enregistrement vidéo de cette opération aurait été altéré et présenté dans le but de nuire à son ancienne équipe et aux membres de la PHQ SST.
Concernant les images alléguant une manipulation de l’Exhibit Bag, il qualifie ces accusations de « fallacies, unfounded, distorted and malicious », affirmant l’existence d’un complot.

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