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Vikram Hurdoyal : «pas satisfait des raisons de ma révocation»

L’ex-ministre, Vikram Hurdoyal, a accordé son premier entretien à Nawaz Noorbux, depuis sa révocation en février.

Cinq mois après sa révocation en tant que ministre, Vikram Hurdoyal rompt le silence et révèle les cinq raisons qu’il estime avoir conduit à son limogeage en février dernier. Lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus, animée par Nawaz Noorbux, il a abordé son voyage à l’étranger, les activités de sa compagnie OTF Export Ltd, son engagement dans le social, ainsi que son avenir politique.

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Les cinq raisons derrière la révocation de Vikram Hurdoyal

Pourquoi sortez-vous de votre mutisme maintenant ?

J’ai été choqué d’apprendre ma révocation à ma descente d’avion. J’étais très affecté et cela m’a pris du temps pour récupérer. Il y a eu la période des fêtes, puis je suis parti à l’étranger par rapport à mon MBA. À mon retour, j’ai été admis deux fois pour des traitements de santé et j’ai dû subir une intervention. Mon médecin m’a récemment autorisé à reprendre mes activités. Cependant, je continuais toujours à m’impliquer dans le social et à être présent dans la circonscription.

Pourquoi le Premier ministre vous a-t-il révoqué ?

Mo mem monn soke. J’ai beaucoup travaillé pour cette circonscription. Mo larm in koule ek mo leker in fermal.

Vous êtes allé rencontrer le PM à votre retour au pays. Quelles raisons a-t-il avancées ?

Il y en a plusieurs (…) D’abord sur une question de discipline. Je me suis demandé ce que j’ai pu faire. Pour être franc, je ne sais pas ce qu’il a voulu dire par « discipline ». Ensuite, il m’a dit qu’il avait demandé à ses ministres de ne pas voyager. Or, j’avais fait un voyage privé pour lequel le ticket avait déjà été réservé depuis novembre 2023. J’avais même obtenu le feu vert du Bureau du Premier ministre pour ce voyage. Si ti dir mwa « non », ou panse mo ti pou ale ?

La troisième raison avancée par le Premier ministre concerne un message posté sur mon WhatsApp dans lequel je remerciais tous mes mandants et annonçais l’organisation d’un « farewell ». Certains ont interprété ce message comme une démission. Il est vrai que j’avais décidé de démissionner dans le cadre des élections d’un nouveau président pour le District Council de Flacq. Mes anciens collègues avaient décidé de soutenir Kishore Jeewooth, mais ils ont changé d’avis au dernier moment, à l’exception du ministre Balgobin.

Une autre raison avancée par le Premier ministre est que je ne l’avais pas informé de ma volonté de ne pas me porter candidat aux prochaines élections en raison de mes problèmes de santé. J’avais informé des collègues en ce sens ainsi que Showkutally Soodhun. Le Premier ministre avance que j’aurais dû le lui dire directement. (Or), mo pa enn dimounn ki pou al dir direkteman ek deranz li. D’ailleurs, avant mon voyage, j’avais envoyé un message à Soodhun pour lui demander s’il avait pu en parler au Premier ministre pour me trouver un remplaçant. Je n’ai pas informé le Premier ministre, je l’accepte. Mais j’ai demandé à Sunil Bholah et à Showkutally Soodhun de lui en faire part.

Et enfin, une autre raison, selon moi, serait un message d’un ‘guru’ que j’ai repris sur mon compte Facebook juste avant mon voyage qui disait que nous ne sommes pas obligés de nous justifier pour tout, car nous sommes humains et non des savonnettes. 

Et le Premier ministre ne l’a pas apprécié…

Je ne sais pas, mais il y a eu beaucoup de spéculations selon lesquelles j’avais établi une communication avec le Parti travailliste et que j’allais démissionner à mon retour au pays pour intégrer ce parti. Il se peut que ce soit une des raisons qui ont conduit à ma révocation.

Pensez-vous que le Premier ministre a eu tort de vous révoquer et que les raisons avancées ne tiennent pas la route ?

Tout à fait ! Pour moi, ces raisons ne sont pas aussi graves et, si j’ai démissionné, c’est parce que je ne suis pas satisfait de ces explications. Il se peut qu’il y ait eu d’autres raisons qu’il n’a pas divulguées. Peut-être les révélera-t-il plus tard.

Il y avait un « gentle agreement » entre le PM et vous pour ne pas divulguer les raisons de votre révocation. Pourquoi enfreignez-vous cet accord maintenant ?
 Avant de quitter son bureau, je lui ai (entre autres) dit que je n’allais donner aucune explication à la presse

Mais d’après le Premier ministre, il y a eu un accord…

Oui, j’ai dit que je n’allais rien dire. Je respecte d’ailleurs le Premier ministre pour ne pas en avoir parlé. Mais si vous voulez savoir pourquoi je donne les raisons aujourd’hui, c’est parce que depuis quelque temps, j’ai constaté qu’il y a des attaques contre mes proches et moi. Il y a même des faux comptes créés à mon nom pour envoyer des messages à des filles et à des femmes. 

Mais il semble que votre dossier soit sale… 
Jamais ! Allez interroger mes mandants et les autres. 


Ses explications sur son voyage privé à l’étranger

Aviez-vous entrepris ce voyage privé à l’étranger dans le cadre des activités de votre compagnie OTF ? 

Lorsque je suis devenu ministre, j’ai dû abandonner mon poste de directeur. Mais il faut bien que quelqu’un soit à la tête pour s’occuper des affaires quotidiennes (…) Je suis parti à Berlin car j’avais été invité par mes clients, que je considère comme des amis. J’avais avec moi la directrice de ma compagnie que je devais présenter (à ces clients ; NdlR) afin qu’elle sache avec qui elle travaille. En même temps, je devais m’occuper de ma santé. 

Il est également bon de savoir que le ministère de l’Agro-industrie avait aussi été invité à la foire « Fruit Logistica ». Sauf que je n’étais pas au courant et le SCE (Senior Chief Executive ; NdlR) avait même déjà préparé un dossier en ce sens et obtenu l’aval des Finances. 

Mais ce voyage n’a pas obtenu l’aval du bureau du Premier ministre qui jugeait le coût de ce déplacement excessif. Je pense que le Premier ministre ne savait pas que je m’étais déjà préparé à faire ce voyage privé. Il se peut qu’il ait pensé que je me suis foutu de lui. 

Vous êtes devenu ministre en 2019, mais c’est cinq ans après, soit en 2024, que vous faites le « handing over » ? 

Il n’y avait pas de vols commerciaux en 2021 et 2022. Il n’y a pas eu de salon non plus. Je devais aussi composer avec mon emploi du temps à moi. Et le salon de Berlin se fait une fois par an seulement, soit en février. 

Vous dites que vous n’avez pas utilisé votre poste de ministre pour favoriser votre société ? 

Lor kisann la mo bizin fer serman ? Lor bondie ? Je fais le serment sur la tête de mes enfants et je mettrais ma main dans le feu. Je suis sincère dans ce que je dis.


Vikram Hurdoyal a-t-il usé de son influence pour sa compagnie ?

Est-il vrai que votre entreprise a obtenu un permis de bateau de plaisance en 2023 alors que vous étiez ministre ? 

Il faut savoir que la production de fruits est quelque chose de saisonnier. À certains moments, la production avait été perturbée par manque de fruits. 

Mais OTF a-t-elle obtenu ce permis ? 

Je ne peux pas vous répondre là-dessus car je ne m’occupe pas des affaires quotidiennes de la compagnie. Tout le monde a le droit de faire une demande (de permis ; NdlR). Ce qu’a fait OTF. Si elle a obtenu le permis, c’est qu’elle a satisfait les critères. Cette demande a été faite dans le cadre de la diversification de l’entreprise qui emploie 45 à 50 personnes (…) Je peux vous dire que ce n’est pas dans mes habitudes d’influencer qui que ce soit pour aider ou favoriser la compagnie. 

Cela n’a pas empêché à votre frère d’être nommé à Mauritius Shippping Company Ltd… 

Certes, il a été nommé lorsque j’étais ministre, mais cette nomination a été faite au niveau du (ministère ; NdlR) de Shipping. Cette question, il faut la poser en plus haut lieu. 

Vous avez aussi une belle salle à Belle-Mare. Le permis vous permettant d’organiser des événements a-t-il été obtenu lorsque vous étiez ministre ? 

Initialement, ce bâtiment avait été construit pour faire de l’« Agro Processing », mais cela n’a pas abouti. Il fallait trouver une autre solution. Comme je l’ai dit, OTF a 45 à 50 employés. Il faut qu’ils aient du travail durant la saison basse (de production de fruits ; NdlR). 

C’est pour cette raison qu’une demande a été faite pour convertir le bâtiment en salle. OTF paie Rs 1,3 million annuellement pour le bail du terrain (…) Que quiconque vienne dire que j’ai usé de mon influence pour que l’entreprise obtienne ce permis. 


Du rififi au conseil de district de Flacq

Pourquoi insistiez-vous pour que votre poulain, Kishore Jeewooth soit maintenu au poste de Chairman ?

Le mandat d’un président de conseil de district est de deux ans. Kishore Jeewooth n’en avait fait qu’un. Voilà pourquoi.

Avez-vous une relation avec la compagnie Boss Supplies Ltd qui avait décroché le contrat de Rs 2,6 millions auprès du conseil de district de Flacq après un troisième exercice d’appel d’offres pour l’acquisition de poubelles ?

Je n’ai jamais interféré dans les « procurement matters ». Idem pour le Chairman d’alors, Kishore Jeewooth, qui ne peut s’ingérer dans ces affaires.


Très investi dans le social

Vous avez vendu un de vos terrains pour faire des donations ?

J’ai vendu un terrain de 75 perches afin d’avoir de l’argent pour faire du social. Je n’avais pas suffisamment d’argent et j’ai l’habitude depuis douze ans de faire des dons dans le cadre de Maha Shrivratree. En fait, je fais des dons à toutes les communautés. À un moment, je n’avais que Rs 92 sur mon compte (il produit son relevé bancaire).

Avez-vous d’autres comptes ?

J’ai un compte joint courant avec mon épouse. Je peux aussi produire le relevé pour ce compte. 

Avez-vous des comptes à l’étranger ?

(Rires) Non. J’aurais aimé en avoir. Sauf que je suis quelqu’un de simple. J’ai juste ce qu’il faut pour faire bouillir la marmite chez moi, payer les employés et aider les autres. 

Vous étiez ministre et vous n’aviez que Rs 92 sur votre compte ?

Dans l’hindouisme, on dit que plus vous donnez, plus vous recevez. Mais cela ne veut pas forcément dire que vous allez avoir plus d’argent. C’est surtout en termes de bénédictions et à travers celles-ci, Dieu vous vient en aide. 

Vous dites que vous êtes quelqu’un de terre à terre malgré votre Ford Raptor immatriculé Kal Ho Na Ho et votre Toyota « One N Only 1 » ?

Être ‘down-to-earth’ ne veut pas dire que vous ne pouvez réussir dans la vie. Il faut avoir de la vision pour réussir. (…) Tout ce que vous dites a été acquis à la sueur de mon front. Je n’ai jamais pris ne serait-ce qu’une roupie comme argent mal acquis. (…) La Totoya a été acquise avec mon salaire de ministre et le Ford Raptor appartient à la compagnie. 


Son avenir politique

Dans le camp du gouvernement, on laisse entendre que vous aviez établi une ligne de communication avec le Parti travailliste alors que vous étiez encore ministre. Est-ce vrai ?

C’est totalement faux et le Premier ministre le sait pertinemment. 

En avez-vous aujourd’hui ?

Je suis encore membre du MSM. 

Participez-vous aux activités du MSM ? 

Non, mais je suis actif dans les activités sociales.

Vous attendiez-vous à ce que le MSM vous choisisse comme candidat pour l’élection partielle au n° 10 ? 

Jamais. J’ai démissionné pour une raison. Pensez-vous que j’allais à nouveau me porter candidat ? Dimounn ki pou dir ? 

Allez-vous donner un coup de main à Avineshwar Dayal, candidat choisi par le MSM ?

Non, car je considère que ce ne serait pas éthique pour moi de demander à mes mandants et mes « wellwishers » d’aller lui donner un coup de main. Mais ceux qui veulent sont libres de le faire. 

Allez-vous rester membre du MSM ? 

Le temps nous le dira car il y a de nombreux facteurs à considérer. D’abord, il y a ma santé. Ensuite, il faut que j’obtienne l’avis de mes proches car ils ont été très affligés par ma révocation et enfin, cela dépendra de ma capacité financière. 

Il faut aussi demander l’avis des habitants de la circonscription n° 10. Et récemment, j’ai décroché mon MBA. Il se peut que la famille décide d’émigrer à l’étranger. Nous sommes encore en discussions.  

Allez-vous être candidat aux prochaines élections générales ? 

Là encore, rien n’a été décidé (…) Certains de mes mandants disent que je devrais rejoindre le PTr. 

Est-ce une possibilité ?

Je ne vous dirais pas non. 

Il semblerait que vous ayez les pieds sur deux bateaux à la fois ? 

Non. Il se peut que le MSM me dise qu’il n’a plus besoin de moi. Sinon, je serai présent, malgré mes amertumes.

Et sur le plan national ? 

Ça aussi ça reste difficile car nous ne savons pas ce que fera la masse silencieuse (…) Pour moi, les prochaines élections ne seront pas comme celles de 2019. Il se peut qu’il y ait des surprises dans certaines circonscriptions où il n’y aura pas de 3-0. 

Navin Ramgoolam reste le principal challenger de Pravind Jugnauth ?  

Navin Ramgoolam n’a pas encore dit où il compte se porter candidat. 

Pensez-vous qu’il pourra passer cette fois-ci ?

La dernière fois, il avait perdu par environ 500 voix. Après toutes ces années, difficile de dire ce que les électeurs vont penser s’il est candidat à nouveau dans la circonscription n° 10. 

 

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