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Vikash Tatayah : «Le dodo renaîtra d’ici cinq ans…»

La Mauritian Wildlife Foundation (MWF) et Colossal Biosciences collaborent sur le projet visant à redonner vie au dodo. Vikash Tatayah, directeur de la Conservation à la MWF, parle de sa réintroduction à Maurice d’ici cinq ans.

Colossal Biosciences, une société américaine spécialisée dans le génie génétique, s’est associée à la Mauritian Wildlife Foundation pour redonner vie au dodo. Pourriez-vous nous parler de ce projet ?

Il y a eu des avancées technologiques et scientifiques au cours des 20 dernières années qui ont conduit à des réalisations que l’on pensait impossibles jusqu’à présent. En termes simples, Biosciences a réussi à obtenir en laboratoire des séquences d’ADN du dodo et, à l’aide de techniques génétiques très avancées, à les insérer dans les lignées germinales de poulet, dans le but d’obtenir des petits dodos. Nous pensons qu’au cours des prochaines années, des dodos seront produits en laboratoire aux États-Unis, où toutes les recherches et développements sont menés, avec pour objectif ultime de les amener à Maurice.

Les dodos qui viendront des États-Unis ne seront pas identiques à ceux qui existaient sur l’île auparavant. Il y aura des variations, et il est important de le reconnaître. Notre conception du dodo est également différente, car nous avons longtemps parlé du dodo dodu, alors que nous savons aujourd’hui que l’oiseau était bien moins dodu que ce que les artistes et les peintres ont décrit dans leurs œuvres.

Quels seront les procédés techniques et scientifiques utilisés pour redonner vie au dodo ?

Des fragments d’ADN du dodo ont été retrouvés à travers des ossements existants. Ils vont tenter de recréer au mieux l’ADN du dodo, qu’ils inséreront dans les lignées génétiques de poulet. Lorsque ces oiseaux se reproduiront, ils donneront naissance à des petits dodos qui ne seront pas identiques au dodo tel que nous le connaissions.

Concrètement, quand les Mauriciens pourront-ils découvrir le dodo ?

Cela prendra quelques années, peut-être cinq ans sans retard ni complication dans les laboratoires. Il y a également toute la réglementation que nous devons discuter avec nos partenaires, ainsi qu’avec le gouvernement mauricien, afin de travailler sur un calendrier et les sites de réintroduction. Il reste de nombreuses études et discussions à entreprendre en parallèle avec le travail scientifique de Colossal et de la MWF concernant le protocole du retour du dodo à Maurice et leur gestion en semi-liberté. Nos forêts doivent également être restaurées, car il y a aujourd’hui des prédateurs qui ont déjà contribué à l’extinction du dodo, comme les chats, les rats, les singes et les cochons marrons. Il faudra trouver des habitats où les dodos seront à l’abri de toutes ces menaces potentielles.

Des endroits ont-ils été identifiés à Maurice ?

Une étude de faisabilité sera réalisée dans ce sens, visant à évaluer différents sites en termes de qualité de l’habitat et de densité des différents prédateurs. Le dodo doit également être dans un lieu visible pour le public, et les sites de réintroduction doivent être des endroits où les chercheurs pourront travailler avec toutes les facilités nécessaires. Il est possible qu’il y ait plusieurs sites pour la réintroduction du dodo. 

Aucun site n’est privilégié, car chacun présente des avantages et des inconvénients. Nous comptons sur l’étude de faisabilité et la contribution des chercheurs pour nous guider vers les sites les plus appropriés. Parmi les sites potentiels, on peut citer le Parc National, l’île-aux-Aigrettes, l’île Ronde et les Montagnes Bambous dans l’est. Les sites choisis devront être à l’abri des prédateurs, qu’ils soient animaux ou humains, tels que les braconniers.

Quel est le coût de ce projet et qui le financera ?

La MWF a un budget limité. Les recherches en laboratoire sont assurées par Colossal, mais nous devrons chiffrer les coûts des travaux de restauration des habitats à Maurice, l’étude de faisabilité et un budget pour la préservation des pigeons des mares, entre autres. Même si l’ensemble du projet n’a pas encore été chiffré, l’intention est là pour une implication de Colossal dans les différents aspects de la recherche.

Nous n’avons pas approché le gouvernement mauricien pour obtenir un soutien. Cependant, il serait logique et souhaitable que le gouvernement appuie ce projet, car il concerne la préservation du patrimoine mauricien. 
 

 

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