Vieillissement de la population : les Mauriciens tiquent avant de faire des enfants

Moins d’enfants, plus de vieux. C'est ce qui attend le pays dans les décennies à venir. Dans sa nouvelle étude, la société de veille économique VERDE tire la sonnette d’alarme sur l’épineux problème du vieillissement de la population.

La majorité des Mauriciens touchant des revenus élevés se disent « très préoccupés » par le problème du vieillissement de la population, d’après le sondage de VERDE, intitulé « Ageing population and why people are having fewer children ». Or, très peu d’entre eux – moins de 40 % – sont prêts à se dévouer et envisagent d’avoir plus d’enfants. Par contre, une plus grande proportion des gens de la classe moyenne et de la classe ouvrière – entre 40 % et 50 % des sondés – sont disposés à avoir plus d’enfants. Cependant, ils estiment que le vieillissement de la population ne requiert pas une « attention immédiate ».

Cependant, toutes les couches sociales se rejoignent sur un point : les salaires bas et les coûts élevés pour subvenir aux besoins d’un enfant sont les principales raisons qui les poussent à avoir moins d’enfants. Pour Venna Pavaday, la fondatrice de VERDE, cette situation n’est pas sans danger. « Sous l’aspect économique, notre analyse a démontré que la population âgée entre 20 et 40 ans atteindra un chiffre alarmant de 88 000 en 60 ans », fait-elle ressortir. « Plus on tardera à prendre les mesures nécessaires, plus la situation s’aggravera », ajoute un observateur économique. « La population vieillissante pèsera certainement sur le budget de l’État en termes de paiement de la pension. Par ailleurs, les entreprises auront à faire face à un manque de main-d’œuvre à mesure que la population vieillira et ne se renouvellera pas », renchérit l’économiste Vishal Ragoobur.

Les mesures à prendre

Le recours à l’importation de la main-d’œuvre étrangère, explique notre observateur économique, deviendra obligatoire. Il y a aussi le risque que la population active se retrouve avec une fiscalité plus élevée pour financer le paiement de la pension de vieillesse. Sur le plan social, il faudra s’attendre à davantage d’immigrants vivant à Maurice avec le risque surtout s’ils sont nombreux dans certains quartiers de réaction négative de la part de leurs voisins Mauriciens, fait ressortir notre interlocuteur.

Toutefois, des solutions existent. La première mesure à prendre c’est encourager les Mauriciens à avoir plus d’enfants. « Il faut étudier ce que d’autres pays ont fait et font encore, notamment la France qui pratique des longs congés de maternité. Il faudra aussi enlever le plafond de trois enfants pour l’abattement fiscal et introduire des crèches dans les lieux de travail », recommande notre observateur économique. Quant à Vishal Ragoobur, il préconise des réformes en vue d’avoir des fonds soutenables pour le paiement de la pension. « Il faudra réfléchir sur l’extension de l’âge de la retraite et élaborer parallèlement une politique de migration pour nos besoins futurs en main-d’œuvre », recommande-t-il. Si  une solution n’est pas trouvée rapidement, dans un proche avenir, le pays pourrait faire face à une vraie crise démographique.