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Vie commune : quand le mariage bat de l’aile 

Dr Oomandra Nath Varma, sociologue et David White, chargé des relations extérieures du Conseil des religions.

2 487 divorces ont été prononcés en 2021, contre 2 308 en 2020. Un total de 8 186 mariages a été enregistré en 2021. Nombreux sont ceux qui vivent en union libre également. Ils étaient 27 060 selon le recensement effectué en 2011. Zoom sur la situation matrimoniale des Mauriciens. 

L’amour ne rime pas forcément avec toujours. Dans certaines circonstances, il n’est qu’éphémère et trompeur. Dans d’autres, c’est la découverte de nouvelles facettes, jusque-là insoupçonnées, de son conjoint qui mène à la rupture. L’autre devient alors une personne avec laquelle il est difficile de poursuivre le chemin ensemble. La séparation ou le divorce devient alors inévitable. 

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Une situation qui semble prendre de l’ampleur ces dernières années. Au-delà des souffrances, nombreux sont ceux qui tentent de se donner une nouvelle chance à travers un remariage. Ce qui donne lieu à des familles recomposées. 

Liberté de choisir 

Sur les 2 558 demandes de divorce déposées en 2021, pas moins de 2 487 ont été prononcés. Ce qui représente une hausse en comparaison avec le nombre de cas recensés en 2020 où sur 2 506 requêtes déposées, 2 308 ont été réglées, selon les chiffres de Statistics Mauritius (SM). Il ressort également que sur les 8 186 mariages célébrés en 2021, un total de 2 204 des conjoints était divorcé, soit 1 072 jeunes mariés et 1 132 jeunes mariées. 

Si le nombre indique une hausse en comparaison avec 2020, il ne faut cependant pas se leurrer. Il y a eu moins de célébrations cette année-là en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie de COVID-19. « Il y a eu des changements au niveau du nombre de mariages ces derniers temps, mais il y a des situations inédites que nous devons prendre en considération. Les chiffres étaient plus élevés pour 2018 et moins pendant les années marquées par la COVID-19 », explique le Dr Oomandra Nath Varma, sociologue. Il note également des changements dans les normes de la société. 

Insatisfaction 

Les gens sont aujourd’hui plus disposés à sortir d’un mariage brisé par rapport au passé, selon lui. Il note une plus grande acceptation du fait que chacun est libre de son choix. De ce fait, les adultes ont moins d’emprise sur les jeunes pour leur imposer leur opinion contrairement à auparavant. 

Les femmes, de leur côté, ne sont plus dictées par leur dépendance économique pour rester en couple. Le sociologue explique que grâce à leur indépendance financière, elles peuvent plus facilement choisir de quitter un mariage qui ne leur convient pas. « Le nombre de divorces demandés par les femmes a augmenté dans le monde. Il peut en être de même ici. Mais nous devons faire attention de ne pas extrapoler en allant jusqu’à dire que le fait que les femmes travaillent est la raison de l’augmentation du nombre de divorces. La cause réelle peut être l’insatisfaction au sein du mariage », souligne Oomandra Nath Varma. 

Manque de préparation

David White, chargé des relations extérieures du Conseil des religions, attribue, lui, cette situation à un manque de préparation pour entrer dans la vie de couple. « Sauf erreur de ma part, on constate qu’un mariage sur quatre à Maurice aboutit en divorce. La grande majorité des gens qui demande le divorce se trouve dans la tranche d’âge où en général on est professionnellement le plus actif, c’est-à-dire 25 à 60 ans », observe-t-il. 

Il estime que les couples ne sont pas ou peu préparés à embrasser le mariage car souvent happés par les tâches quotidiennes qui ont fait perdre le sens de l’Autre dans la relation conjugale. « Nous sommes formés à tout sauf au mariage, qui est un engagement qui demande une préparation et non une impulsion. S’engager c’est découvrir qu’aimer est non seulement un sentiment mais aussi une décision », fait-il remarquer. 

Divorcés remariés  

Un divorce est, pour la plupart de ceux concernés, un échec, parfois même l’échec le plus cuisant de leur vie, estime David White. « Il n’y a pas de divorce heureux. C’est un événement qui marque, qui laisse des blessures », dit-il. 

Selon lui, l’être humain n’a pas été créé pour vivre en repli sur lui-même. Après un échec, un temps de remise en question, d’hésitation pour certains et de maturation pour d’autres, ils sont plusieurs à vouloir refaire leur vie en trouvant un nouveau compagnon ou une nouvelle compagne. « Les divorcés ne sont pas des parias. Ils ont le droit de refaire leur vie. Ils doivent cependant pouvoir tirer des leçons de leur revers », conclut-il.

Causes du divorce 

Certains jeunes sont devenus plus exigeants et moins tolérants, selon le Dr Oomandra Nath Varma. Il y a trop d’attentes probablement à cause d’une fausse image du mariage fournie par les médias et beaucoup de fausses tentations créées par les réseaux sociaux contre lesquelles certains jeunes ne parviennent pas à se prémunir, ajoute-t-il. 

« Lorsque les attentes ne sont pas satisfaites, certains couples sont prêts à rompre le mariage sans se donner une seconde chance », explique le sociologue. Il ajoute que les personnes qui se marient tôt ont tendance à recourir au divorce, en particulier les hommes qui estiment avoir fait le mauvais choix trop tôt. « Il existe d’autres facteurs comme la nature du travail et les exigences d’heures de travail longues ou irrégulières. »

Plusieurs couples ne durent hélas pas longtemps et s’effritent dès la première année de mariage dans certains cas. David White est d’avis que nous vivons à l’âge de l’expérience éphémère alors que la vie conjugale est une construction journalière, des échanges entre une femme et un homme qui s’engagent dans un processus de cocréation de l’un comme de l’autre. « Ajouté à cela, certains ont une piètre éducation à la vie. La place donnée à l’importance de l’aspect académique ne laisse aucun, voire peu d’espace aux individus pour réfléchir et pour développer des ‘life skills’ », dit-il.

Compromis 

« Le mariage demande beaucoup de compromis. La capacité de s’exprimer, de s’écouter et de se comprendre. Il faut donner un degré d’indépendance et de liberté à l’autre », estime David White. Cela nécessite également un haut niveau de confiance qui fait souvent défaut dans les affaires qui se terminent par un divorce, fait-il remarquer. 

« La situation du divorce soulève également la question de savoir si les adultes préparent leurs enfants à affronter les réalités du mariage et de la vie de jeunes adultes », ajoute le Dr Oomandra Nath Varma. Selon lui, de nombreux adultes ne font pas leur part dans l’éducation de leurs enfants. Ils ne sont pas non plus disponibles en tant qu’adultes crédibles et dignes qui pourraient aider à rechercher un compromis. 

Quelques chiffres 

  • Le nombre de mariages est passé de 9 757 en 2017 à 8 186 en 2021. 
  • Le nombre de divorces prononcés est passé de 2 364 en 2017 à 2 487 en 2021. 
  • Sur les 1 921 divorces enregistrés en 2020, cinq mariages ont duré moins d’un an ; 408 ont duré entre 10 et 14 ans et 45 couples ont vécu plus de 35 ans de vie commune.

Conférences 

« Divorcés en nouvelle union, vers un chemin d’intégration en Église. » Tel est le thème des conférences qu’animera le père Patrick Langue. Il est formateur au diocèse de Versailles. Elles auront lieu de 18h30 à 20h30 dans diverses régions de l’île : le 25 octobre en l’église Ste-Hélène, à Curepipe ; le 28 octobre en l’église St-Patrick ; le 1er novembre en l’église St-Augustin, à Rivière-Noire ; et le 3 novembre à la salle paroissiale de St-François-d’Assise, à Pamplemousses. Ces conférences sont ouvertes au public. 

Nombre d'unions libres (selon le recencement de 2011) 27 060

Nombre de mariages

 

 

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