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Vidéos d’actes de torture : le rôle des institutions de défense des droits humains décortiqué par des spécialistes

Outre la force policière, des institutions, comme la National Human Rights Commission et l’Independent Police Complaints Commission, se retrouvent sur le banc des accusés. L’opinion publique leur reproche un manque d’efficacité. Le Dimanche/L’Hebdo a sollicité des spécialistes, dont un ancien magistrat, pour leur avis sur la question.

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Me Penny Hack : «Ministres, avocats et policiers, tous sont à blâmer»

penny« Les institutions censées veiller au respect des droits humains à Maurice manquent d’agressivité. Toutefois, il s’agit d’un sujet qui devrait concerner davantage de Mauriciens. Après la publication des vidéos montrant des actes de torture, je me rends compte que c’est le résultat du manque de sérieux de la part de tous en ce qui concerne les droits que garantit la Constitution. En tant qu’avocat, je suis le premier à dire que même le système judiciaire – et cela ne concerne pas seulement les juges et les magistrats mais aussi les avocats – n’a pas assez tapé fort ces dernières années dans des cas où les droits humains ont été bafoués. Ce problème est donc général. Ministres, avocats, policiers et institutions, tous sont à blâmer. J’ai observé qu’ils ont eu les yeux rivés sur d’autres priorités ces dernières années. Dans le cas de l’exécutif, par exemple, sa priorité a été d’exercer son pouvoir, reléguant ainsi la question des droits des citoyens au second plan. »


Sateeaved Seebaluck, ex-chef de la fonction publique : «Il faut élargir leurs pouvoirs»

Sateeaved « Maurice étant signataire de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants des Nations unies, il est grand temps de venir avec une loi spécifique. Cela pourrait permettre à des institutions, comme la National Human Rights Commission, d’avoir plus de pouvoir pour enquêter. Il faut élargir les pouvoirs de ces institutions, car Maurice s’enfonce dans une culture d’impunité. En ce qui concerne la composition de l’Independent Police Complaints Commission, il faut bien plus que des policiers pour enquêter sur des cas de brutalités. La police ne peut enquêter sur des policiers. Je plaide pour que des magistrats prennent les choses en main dès qu’ils apprennent que des suspects ont été victimes d’actes de torture. Ils doivent immédiatement ordonner une enquête. 


Rajesh Unnuth, ancien magistrat : «Elles doivent être capables de boucler leurs enquêtes en six mois»

rajesh« Les institutions mandatées pour veiller au respect des droits humains doivent être capables de boucler leurs enquêtes en six mois. L’enregistrement d’une plainte par une institution n’est pas une étape qui prend beaucoup de temps. La convocation des protagonistes pour enregistrer leurs versions n’est pas non plus un exercice qui prend beaucoup de temps. Pas besoin d’être avocat pour savoir que ce sont des choses qui peuvent être faites rapidement. Des institutions, telles que la National Human Rights Commission et l’Independent Police Complaints Commission, doivent être en mesure d’agir et de punir sévèrement lorsqu’il y a des faits avérés. Est-ce normal d’entendre une institution dire, en 2022, que des enquêtes traînent car cela prend du temps pour accéder à des dossiers médicaux sur des cas de torture physique ? Les hôpitaux sont dotés de surintendants de police. Est-ce aussi difficile que cela de faire la liaison avec ces derniers et de faire accélérer les procédures ? »


Rajen Bablee, directeur de Transparency Mauritius : «Elles sont assujetties au pouvoir politique»

rajen« S’il y a quelque chose qu’on constate depuis ces dernières années, c’est bel et bien la dégringolade du fonctionnement des institutions. Elles sont assujetties au pouvoir politique. Combien de fois y a-t-il eu des faits ou des allégations qui méritaient une clarification voire une enquête ? La plupart des nominés politiques attendent un signal de leurs maîtres respectifs pour faire ce pour quoi ils sont payés. Combien de fois a-t-on entendu des ministres dire qu’il y aurait une enquête et qu’il n’y aurait pas de ‘cover-up’. C’est devenu folklorique. »


Micro-Trottoir

Amar, 64 ans, de Floréal : « Ils doivent protéger des citoyens et non les torturer »

« C’est inacceptable. Les policiers ont le rôle de protéger les citoyens et non de les torturer. C’est avant tout une question de droits humains. Personnellement, je suis satisfait de l’annonce du commissaire de police, qui a exprimé son intention de prendre des sanctions sévères contre ceux qui seront trouvés coupables dans cette affaire de brutalité policière. »

Jean-Michel, 53 ans, de Port-Louis : « Les mots me manquent »

« Ces images sont dures à regarder et les actions d’une cruauté extraordinaire. Les  mots me manquent. C’est inhumain. Peu importe ce que les prisonniers ont fait, ils doivent être jugés devant une cour de justice et non pas subir les coups des policiers. Mais, cela va au-delà des coups. On parle de torture ! Je condamne ces actes. Les droits humains fondamentaux ont été bafoués et les policiers coupables doivent absolument être sanctionnés. »

Ramesh, 50 ans, de Port-Louis : « Quand mettrons nous fin à ces pratiques »

« Un cas de torture et de brutalité policière est un cas de trop. Cela perdure depuis des années. Quand mettrons-nous fin à ces pratiques malsaines ? C’est une évidence que le système doit être passé en revue afin d’appliquer des sanctions plus sévères contre les policiers qui abusent de leur pouvoir. Nous demandons des lois plus sévères, afin de prévenir ces actes de torture au sein des prisons. Ce n’est plus une affaire qui touche uniquement ceux derrière les barreaux, car le public a perdu toute confiance dans la force policière à la suite de ces images troublantes. »

Ravin, 40 ans, de Port-Louis : « Trop c’est trop »

« Il faut suspendre ces policiers, car ces actes de torture sont non seulement immoraux et inhumains, mais surtout illégaux. Trop, c’est trop ! »

Didier, 52 ans, de Vacoas : « Il faut revoir le système »

« Il faut absolument revoir le système. Cela commence par sanctionner les coupables de manière ferme. Nous ne devons pas cautionner ce genre de comportements au sein de notre force policière. Prisonnier ou pas, personne ne mérite un tel sort ! Il faut respecter les droits humains.

 

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