Ravi Rutnah est venu s’expliquer sur le plateau de Radio Plus, mardi, sur ses propos qui ont fait scandale. Si son Premier ministre l’a condamné en direct, de New York, il a pris son temps avant de se rétracter.
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Il aura fallu l’intervention en direct du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de New York, pour qu’il fasse enfin preuve de repentir. Ravi Rutnah, député du Muvman Liberater (ML) et Deputy Chief Whip du gouvernement, était sur le plateau de Nawaz Noorbux et de Jean-Luc Émile sur Radio Plus, mardi après-midi, pour s’expliquer sur les termes « femel » et « lisien » utilisés pour qualifier la journaliste de L’express, Laëtitia Melidor, lors d’un congrès de son parti, mardi à Trèfles.
Mais même face aux propos sans équivoque du chef du gouvernement, Ravi Rutnah a, dans un premier temps, fait preuve de résistance. «C’est une aberration que des personnes utilisent toujours ce genre de langage», a déclaré le Premier ministre, alors qu’il participait à l’Assemblée générale des Nations unies. Selon lui, Ravi Rutnah devait présenter ses excuses pour la teneur de ses propos.
Sauf que le député du ML persiste et signe. « Je regrette que mes propos aient offensé les femmes », a-t-il déclaré en réitérant son refus de présenter des excuses. Le Premier ministre n’a pas voulu se prononcer quant à une éventuelle sanction face à ce refus, préférant déclarer qu’il avisera, une fois de retour au pays et après discussion avec son Deputy Chief Whip.
Ravi Rutnah a tenté de justifier ses propos en affirmant que la journaliste en question l’avait qualifié d’ « aboyeur », ce qui équivaudrait, selon lui, à le traiter de « chien ». Les tentatives de Nawaz Noorbux et de Jean-Luc Émile de lui expliquer que le terme « aboyeur » fait plutôt référence à un crieur, n’ont pas servi à grand chose. Il a réaffirmé que la journaliste devait d’abord présenter ses excuses.
Cette dernière a refusé de le faire. « Je pense, pour commencer, que Ravi Rutnah attendra longtemps avant qu’on lui présente des excuses », a déclaré Laëtitia Melidor sur les ondes de Radio Plus, « et je trouve dommage sa réaction, entraînant avec lui la crédibilité du gouvernement. » Elle a d’ailleurs nié avoir utilisé le terme « aboyeur » à l’encontre de Ravi Rutnah.
S’il ne présentera jamais ses excuses sur le plateau, Ravi Rutnah finira tout de même par retirer ses propos : « Je regrette ce qui s’est passé. Je retire tout ce que j’ai dit vis-à-vis de cette journaliste. J’ai cette humilité en moi. »
La plateforme féminine envisage une marche pacifique
Politiciennes et représentantes d’organisations non gouvernementales se sont regroupées à l’hôtel Hennessy Park, Ébène, mercredi 20 septembre, pour dénoncer les propos du Deputy Chief Whip Ravi Rutnah à l’encontre d’une journaliste. Aurore Perraud, du PMSD, réclame des excuses publiques de Ravi Rutnah. La démission du Deputy Chief Whip et des ministres Showkutally Soodhun et Fazila Daureeawoo a aussi été réclamée.
« Il a parlé d’une façon vulgaire et grossière. De tels propos sont méprisables, sexistes et rétrogrades », dit la porte-parole. Roshni Mooneeram, observatrice politique, Karuna Munbodh de l’aile féminine du Mouvement patriotique, Anuradha Nunkoo de Women in Networking et Anishta Seesurrun, présidente de la FLAME of Phœnix, ont également pris la parole. Elles ont abondé dans le même sens. Une marche pacifique n’est pas à écarter. À noter qu’Aurore Perraud avait lancé une invitation à l’aile féminine du MMM et du PTr, mais personne n’a répondu présent.
Le PTr condamne
L’aile féminine du Parti travailliste, qui s’est réunie, mercredi, au siège de son quartier général à Cassis, a sévèrement condamné les propos du député Ravi Rutnah. L’une de ses porte-parole, Stéphanie Anquetil, a dans le même souffle, condamné la posture de la ministre de l’Égalité des genres, Fazila Daureeawoo qui, selon elle, a cautionné les propos du député lors d’une réunion politique tenue mardi à Résidence Trèfles. Stéphanie Anquetil et les autres membres de l’aile féminine ont lancé un appel pour une indignation populaire contre le Deputy Chief Whip.
MMM : «Trop facile de présenter des excuses»
La commission femmes du Mouvement militant mauricien (MMM) a tenu une conférence de presse, mardi, pour commenter les propos de Ravi Rutnah. La présidente de la commission, Sundee Beedassy, s’est surtout appesantie sur le fait que le Deputy Chief Whip du gouvernement ait traité une journaliste de « femel lisien », en présence de la ministre de l’Égalité des genres, Fazila Jeewah-Daureeawoo. « Ce qui est encore plus grave, c’est que ces propos ont été tenus devant la ministre Fazila Jeewah-Daureeawoo. C’est trop facile de présenter des excuses quand la balle est déjà partie », a-t-elle déclaré.
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