Des victimes d’une usurière réclament la restitution de leurs biens, saisis par l’ICAC après le démantèlement du réseau en 2017. Parmi, un couple de commerçants qui lance un vibrant appel aux autorités.
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Sept ans se sont écoulés depuis qu’un couple de commerçants de Chemin-Grenier, âgés d’une quarantaine d’années, ainsi que plusieurs autres victimes d’une usurière dans le sud du pays, a vu leurs biens matériels, tels que des bijoux saisis par l’ICAC, comme pièces à conviction. « Nous sommes en mai 2023, et jusqu’à présent, aucune nouvelle n’a été annoncée dans cette affaire. Nous espérons sincèrement que cette fois-ci, la justice sera rendue correctement et que nous pourrons enfin tourner la page sur cette expérience traumatisante. Nou fer enn apel dan lIcac ek biro DPP pou aide nou retourn nou bijou ek kas vit », indique-t-il.
Pour comprendre le désarroi de ce couple, il faut remonter à 2015. En mai de cette année, il avait besoin d’argent pour dédouaner des marchandises importées. En raison de leur manque de ressources financières, les deux époux n’ont pas pu effectuer le dédouanement. Ainsi, leurs marchandises étaient sur le point d’être envoyées à un entrepôt où ils risquaient alors de devoir payer des frais de stockage.
Après avoir vainement cherché de l’aide auprès de leurs proches, le couple s’est tourné vers une habitante de Surinam, connue dans le sud comme étant une redoutable usurière, autrement dit « casseur » dans le jargon mauricien. « Nous sommes allés la voir à Surinam. Elle nous a accordé un prêt de Rs 50 000, sous certaines conditions. Elle nous a demandé de mettre en gage nos bijoux et de lui verser mensuellement Rs 15 000 pendant neuf mois. De plus, si le paiement n’était pas effectué au plus tard le 30 ou le 31 de chaque mois, l’intérêt augmentait jusqu’à 100 %. Si ou pa kapav remet li Rs 15 000 lor dat limit, li fer ou peye li Rs 30 000 mwa prosain », relatent les deux commerçants.
Faute d’autres options, ils ont accepté les conditions imposées par l’usurière. Ils ont mis en gage plusieurs bijoux de valeur, dont des bagues et boucles d’oreilles en or, d’une valeur estimée environ à Rs 100 000. Une somme suffisante pour couvrir le montant contracté auprès de l’usurière. Celle-ci, toutefois, a utilisé divers stratagèmes pour soutirer davantage d’argent au couple. Celui-ci relate : « Lorsqu’on s’est rendu chez elle pour lui remettre la mensualité de Rs 15 000, elle n’était pas présente. Elle nous a demandé de la contacter ultérieurement. À partir de ce moment-là, les intérêts ont commencé à s’accumuler. De 2015 à 2017, selon nos calculs, nous avons versé la somme de Rs 235 000. Linn dir mwa ki linteret peu ogmante ou pa vinn peye dan lere-la. Linn dir fini peye ler-la pou ran ban bijou ».
En 2017, suite aux plaintes reçues, l’Icac a réussi à démanteler ce réseau d’usuriers opérant dans le sud de l’île. Asha, ainsi qu’un certain Samy, ont été arrêtés pour blanchiment d’argent. Les enquêteurs ont saisi des sommes importantes en espèces, des bijoux et un livre contenant les noms de plusieurs personnes ayant emprunté de l’argent, y compris des policiers, à Asha. Cette dernière et Samy ont recouvré la liberté conditionnelle contre une caution de Rs 15 000 et une reconnaissance de dette de Rs 150 000 chacun.
Les deux suspects ont été accusés d’avoir offert des prêts contre des intérêts de 20 %, chaque mois, à plusieurs victimes, dont le couple de Chemin-Grenier. Ce dernier, dont le nom et le numéro de téléphone figuraient dans le livre de comptes de l’usurière, a été contacté par l’Icac. « Les enquêteurs de l’ICAC ont récupéré nos bijoux. Quelques semaines plus tard, ils nous ont demandé de consigner une déposition, tout comme les autres victimes. Un enquêteur nous a interrogés sur la somme d’argent que nous avons versé à l’usurière. Nous lui avons fourni des documents qui prouvent que nous lui avons donné Rs 230 000. D’ailleurs, les enquêteurs ont trouvé des traces écrites de nos transactions financières dans le livre qu’ils ont saisi. Par la suite, nous avons identifié positivement Asha », racontent les commerçants.
Depuis, ils attendent de retrouver leurs bijoux ainsi que leur argent.
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