Le feu détruit tout sur son passage. Certains y laissent la vie, d’autres y perdent leur maison. Les dégâts, même s’ils ne sont que matériels, sont considérables. Des familles entières se retrouvent à la rue. Rencontres avec ceux qui, du jour au lendemain, ont basculé dans l’obscurité à cause des flammes…
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Des miraculés
Jean Marie, un homme d’une quarantaine d’années, aurait pu y laisser la vie. Brûlé au 3ème degré, il soutient que son fils et lui sont deux miraculés. Il revient sur le drame qui s’est déroulé au cours du mois de novembre 2017 et qui a changé sa vie à tout jamais.
Squatter depuis une dizaine d’années, Jean Marie rencontre des difficultés financières. « Dans la maison, nous utilisions des bougies faute d’électricité. Le soir du drame, j’ai déposé le bougeoir sur du bois dans le couloir. Je pense que durant la nuit, la bougie est tombée et a provoqué l’incendie », se remémore le père de famille.
Et de poursuivre : « À mon réveil aux petites heures du matin, j’étais entouré par les flammes. Je me suis précipité hors de la maison. Puis, j’ai réalisé que mon fils était probablement encore dans la maison. Je me suis donc précipité à travers la fenêtre et j’ai été sévèrement brûlé. »
Jean-Marie, souffrant de brûlures au 3ème degré, a passé un peu plus de trois semaines à l’hôpital. « J’ai toujours des séquelles, notamment des cicatrices au visage. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là », explique-t-il. En effet, cela fera bientôt un an que le quadragénaire sollicite incessamment les autorités pour la reconstruction du toit de sa maison, mais en vain.
« Il nous est impossible d’avoir un toit faute de finances. Toutes nos économies, soit Rs 180 000, sont parties en fumée. Je me suis tourné à maintes reprises vers différentes instances, mais rien n’y fait », lâche Jean Marie dans un long soupir.
Rajnee : «Mon frère aîné a avoué à la police avoir volontairement mis le feu à la maison»
Les incendies ne sont pas tous accidentels. Dans certains cas, ils sont intentionnels. La maison de Rajnee R. a été la proie des flammes le 24 juin 2018. Rajnee, qui habite Congomah, travaille comme agent de sécurité et vit toujours chez ses parents. Elle est la seule à travailler pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses parents, tous deux diabétiques. Ils ont tout perdu. « Peu après, nous avons appris que c’est mon frère qui avait mis le feu à la maison. Nous n’étions pas à notre domicile lorsqu’il a commis ce forfait. Nous avons tout perdu. Mon frère aîné, qui est alcoolique, a avoué à la police avoir volontairement mis le feu à la maison. Il a été arrêté, puis relâché sous caution », dit Rajnee. « Nous avons nettoyé du mieux que nous pouvons et habitons toujours dans la même maison, parce que nous n’avons nulle part où aller », dit-elle. Après ce drame, ils essaient tant bien que mal de se reconstruire. Rajnee, qui devait se marier en novembre, affirme avoir tout perdu dans cet incendie.
Deux handicapés sont des SDF depuis un an
Un incendie a éclaté dans leur maison en juin 2017. Un an plus tard, Ruben et Marie Josée Parsuramen sont toujours sans domicile fixe. Ne pouvant plus payer le loyer de la maison qu’il louait, ils sont hébergés par une association. C’est en pleurs que tous les deux avaient témoigné à l’antenne de Radio Plus pour demander de l’aide aux auditeurs. « Nous recherchons des personnes pour nous aider à reconstruire notre maison. » Ils peuvent être contactés au 5 822 3335 pour toute aide.
Florise Désirée : «Difficile de vivre dans de telles conditions avec un invalide»
Florise ne sait plus où donner de la tête depuis qu’une partie de sa maison a pris feu dans un incendie causé par une défaillance électrique. C’est au bord des larmes qu’elle nous raconte son calvaire. Veuve et retraitée, elle explique que lors d’un incendie qui s’est déclaré à son domicile le 28 juin dernier, elle a perdu une bonne partie de ses effets personnels. « J’ai appris par les pompiers que c’est un court-circuit qui est à l’origine du sinistre dans ma maison. Je n’étais pas là au moment des faits », explique la retraitée de 67 ans. Fort heureusement, personne n’était à la maison quand l’incendie a éclaté. « Mon fils Gérard et moi étions absents et ce sont les voisins qui nous ont alertés, ainsi que les pompiers », dit Florise. Celle-ci se remémore tristement de sa maison flambant neuve. « Mon défunt mari et moi avions acheté un terrain et, par la suite, nous avons construit un toit il y a environ 8 ans de cela. Nous avons travaillé dur pour avoir cette maison et maintenant j’ai tout perdu », relate-t-elle.
La situation dans laquelle Florise se trouve est d’autant plus alarmante, car elle à sa charge, un fils âgé d’une trentaine d’annés qui n’est pas sain d’esprit. « Je vis avec une pension de Rs 5 000 qui me sert à payer mes factures et faire bouillir la marmite. Dans une telle situation financière, comment pourrais-je faire reconstruire mon toit ? », se demande-t-elle. De surcroît, il est difficile pour Florise, qui ne jouit pas d’une bonne santé, de travailler.
Les services mis en place par la NEF
Selon Clifford Vellien, chargé de communication au sein de la National Empowerment Foundation (NEF), plusieurs facilités sont mises en place pour venir en aide aux victimes d’incendie. « Tout d’abord, l’aide dépend de l’ampleur des dégâts causés chez la victime », explique-t-il. Au niveau de la NEF, les officiers facilitent les démarches administratives entreprises par les victimes auprès de la Sécurité sociale. « Ils doivent impérativement être munis d’un mémo émis par la police. Puis, par la suite, un officier de la Sécurité sociale sera dépêché sur les lieux pour constater les dégâts », dit-il. Et le chargé de communication d’ajouter que « dans le passé, certaines personnes ont touché jusqu’à
Rs 60 000 d’aides de la Sécurité sociale. Cependant, l’aide financière dépend bien évidemment de ce que la personne possédait ».
Constructions et rénovations
Pour bénéficier de ces aides, il faut d’abord être un bénéficiaire de la NEF. Si le propriétaire de la maison possède un terrain à son nom ou un terrain à bail de l’État, il est possible pour la NEF de reconstruire la maison. « Par contre,
si elle est locataire, nous ne pouvons pas le faire », dit-il. En sus des aides aux logements, la NEF prévoit des aides sociales pour les enfants si leurs matériels scolaires ont été endommagés. L’organisation aide également les propriétaires, si ces derniers sont chômeurs, à trouver un emploi. « Nous faisons le nécessaire pour qu’ils soient embauchés et s’ils ne possèdent pas d’expérience, nous les aidons à trouver des formations au Human Resources Development Council (HRDC) ou au Mauritius Institute of Training and Development (MITD). » Les propriétaires peuvent toucher un stipend de Rs 6 000 en attendant de trouver un emploi. « Si la personne a des revenus moyens, nous faisons le nécessaire auprès de la NHDC pour qu’elle obtienne une maison. »
Aides des municipalités
Daniel Laurent, le lord-maire de la municipalité de Port-Louis, soutient que la mairie vient en aide aux sinistrés. « Tout d’abord, selon les procédures, les victimes doivent présenter leurs papiers en bonne et due forme qui ont été émis par la police et les pompiers », explique- t-il. En premier lieu, les victimes et les propriétaires des maisons doivent faire une déposition à la police. Deuxièmement, les policiers viennent faire le constat et évaluer l’ampleur des dégâts. Une fois ces étapes franchies, les victimes d’incendie pourront présenter leurs documents au sein de la municipalité. « Nous sommes au courant des difficultés auxquelles peuvent faire face les sinistrés après un tel malheur. C’est la raison pour laquelle la mairie leur vient en aide financièrement afin de leur permettre d’acheter les produits de première nécessité », rappelle-t-il. Cette somme varie de Rs 5 000 à 10 000, selon le constat de la police.
Que faire si votre maison a pris feu ?
Il faut tout d’abord informer la police qui effectuera par la suite une enquête. Cette enquête déterminera si l’incendie est accidentel ou criminel. Selon l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, les victimes peuvent faire une demande pour une collecte de fonds. « Cette demande doit se faire auprès du commissaire de police. Pour cela, il faudra que les victimes présentent une pièce d’identité originale et leur acte de naissance. Il se peut que leurs documents aient été détruits dans l’incendie. Dans ce cas, il faudra d’abord se rendre à l’état Civil pour l’obtention de nouveaux documents », précise l’inspecteur Shiva Coothen. Le délai attribué pour la quête est déterminé par le commissaire de police. De plus, si cette collecte d’argent ne suffit pas, la personne peut faire une nouvelle application. « Cependant, pour cette deuxième demande, le commissaire de police jugera si une nouvelle autorisation est justifiée ou non », informe l’inspecteur.
Thakoorparsad Bhoyroo assistant-commissaire au Ministère de la Sécurité sociale : «Une victime est éligible à une allocation»
« Si la maison d’une victime a été la proie des flammes, elle est éligible à une allocation de la Sécurité sociale comme suit : trois sommes d’un montant de Rs 2 888 sont attribuées respectivement pour les vêtements, les meubles et les ustensiles de cuisine », explique Thakoorparsad Bhoyro, assistant-commissaire au ministère de la Sécurité sociale. Il fait ressortir que cette somme est attribuée à chaque membre de la famille pour l’aider à se reconstruire. En plus de cette aide, il y a également un resettlement allowance. Cependant, la somme de Rs 4 095 est allouée au responsable de la famille uniquement. Thakoorparsad Bhoyroo précise aussi que cette aide sociale est un paiement unique (one-off payment). Pour cela, il faut produire des documents de la police et des pompiers. « Ce service est rapide, car ce genre de cas est traité en priorité. Ainsi, il y a de grandes chances que les victimes touchent leur aide sociale le même jour », fait ressortir l’assistant-commissaire de la Sécurité sociale.
Si les victimes décident de louer une maison après le drame, ils peuvent bénéficier d’une aide financière. La Sécurité sociale offre une assistance d’un maximum de Rs 5 000 pour une période de 6 mois pour la location d’une maison. Pour ceux qui louent une maison d’un montant de moins de Rs 5 000, la Sécurité sociale leur donne le montant exact de la location pour une durée de 6 mois. Toutefois, ils doivent présenter des preuves qu’ils louent bel et bien une maison.
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