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Victimes de disparition : des familles marquées par la souffrance

disparition

En 2017, sur les 984 personnes portées disparues, seulement 948 d’entre elles ont été retrouvées. De janvier à mai 2018, 476 cas de disparition ont été rapportés à la police et 21 personnes sont toujours portées manquantes. Si la plupart d’entre elles sont retrouvées assez rapidement, il y a des cas qui restent non résolus pendant des années.

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Certaines disparitions ont marqué les esprits, dont celle du petit Akmez Aumeer il y a 15 ans de cela. Parmi les personnes qui n’ont toujours pas été retrouvées, il  y a, notamment, Balmick Bhugwansingh, plus connu comme Danan, Manoj Soobrayen ou encore José Clothilde. En revanche, le pêcheur Christian Petit a été plus chanceux, car il a été retrouvé après avoir passé 16 jours en mer.

Qu’en est-il de ces familles qui, du jour au lendemain, font face à la disparition de l’un des leurs ? Ne pas savoir si un être cher est mort ou toujours vivant provoque une angoisse indicible, un profond sentiment d’injustice et parfois de la colère. Autant d’émotions qui empêchent les proches de faire leur deuil et de tourner la page.

Pour ne pas oublier toutes les personnes qui manquent toujours à l’appel, la Journée internationale des personnes disparues, un événement international, est célébrée chaque année le 30 août.

Prakash : «Ma fille pleure son grand-père»

Prakash« C’est une tragédie, une angoisse, un désespoir. Ce sont des sentiments qui sont difficiles à gérer. » Tels sont les propos de Prakash qui, depuis le 14 mai dernier, est sans nouvelles de son beau-père, Balmick Bhugwansingh, connu comme Danan. Ce dernier, âgé de 66 ans, habitait à Pointe-aux-Canonniers chez son beau-fils et sa fille depuis le décès de son épouse il y a cinq ans de cela. La famille reste perplexe quant à la disparition soudaine de Danan, étant donné que ce dernier n’avait aucune raison de vouloir quitter le toit familial. Au contraire, tout allait bien pour ce grand-père aimant qui s’occupait de sa petite-fille. Celle-ci pleure encore la disparition de son grand-père adoré. Prakash raconte :  « Danan déposait ma fille à l’école et la récupérait dans l’après-midi. Il adorait partager ces petits moments avec elle ». La petite fille a récemment célébré son anniversaire marqué hélas par l’absence de son grand-père. C’est ce dernier qui avait l’habitude de lui offrir son gâteau chaque année.

Trois  mois sans nouvelles. Un chagrin indescriptible habite la famille de Danan depuis sa disparition. Cependant, les proches de Danan espèrent toujours le retrouver sain et sauf, malgré l’inquiétude omniprésente.  « Nous ne perdons pas espoir de le retrouver. À chaque fois que quelqu’un nous prévient que Danan se trouve quelque part, nous partons immédiatement à sa recherche. Tout le monde connaît ses endroits favoris. Nous sommes allés une fois à Mahébourg. On nous avait dit qu’il travaillait là-bas », explique le beau-fils.

Danan, un ancien jardinier de profession, est lucide. Sa famille peine à comprendre ce qui s’est passé. Ils se sont rendus à la sécurité sociale pour savoir si Danan touchait encore sa pension. L’administration les a récemment contactés pour les informer que Danan ne touche plus sa pension et que celle-ci n’est plus versée. « Il est vieux et cela nous inquiète de ne pas savoir ce qui lui est arrivé. Où est-il ? Que fait-il ? Ne rien savoir est insupportable alors que tout allait bien. Quelqu’un qui n’a pas de problème ne peut pas se volatiliser d’un coup et sans aucune raison apparente », explique le gendre.

Madelaine : «Je ne peux pas me recueillir sur la tombe de mon époux»

joseLeurs larmes ne suffisent pas à noyer le chagrin qu’ils éprouvent depuis que le père de famille a été emporté par les flots. Trente-deux ans sont passés, mais la famille Clothilde est toujours marquée par la souffrance d’avoir perdu un proche. La douleur s’intensifie lorsque, ceux affectés par le malheur, apprennent qu’une autre famille attend désespérément que la dépouille de l’être cher disparu en mer soit retrouvée pour pouvoir lui offrir une sépulture. « C’est dur et encore difficile à admettre que mon époux ait disparu. Je me souviens encore du jour où il n’est pas rentré après sa partie de pêche. J’ai encore un poids sur le cœur en pensant à lui. Je n’ai jamais pu lui offrir des funérailles dignes de ce nom puisque son corps n’a jamais été retrouvé », raconte Madelaine, l’épouse de José, disparu en mer le 24 mai 1986.

José, pêcheur depuis l’adolescence, vivait dans le village de Cap-Malheureux.  « À cette époque, les recherches effectuées par les officiers de la National Coast Guard (NCG) et les volontaires pendant des semaines n’ont rien donné », se lamente Madelaine. La mère de famille ne cache pas son chagrin après 32 ans. « Mes trois enfants n’ont pas connu leur père. Le plus âgé avait 5 ans quand la mer a emporté José. J’ai dû les élever seule et tout reprendre à zéro, car José était le seul à travailler », se remémore Madelaine.

La mère de famille a depuis des années perdu tout espoir de retrouver son époux. Toutefois, l’angoisse de ne pas connaître les circonstances exactes du drame est insupportable. « Une fois, j’ai croisé un homme qui ressemblait à José et j’en ai fait des cauchemars. Quelquefois, je me demande même s’il n’a pas changé de vie. Le fait de ne pas savoir nous pousse à nous poser des milliers de questions qui resteront à jamais sans réponses. Cependant, après toutes ces années, je pense qu’il serait fier de voir ce que sont devenus ses enfants, qui sont aujourd’hui des parents », raconte Madelaine.

La famille n’a jamais pu faire leur deuil et 32 ans après, tous en parlent encore, la boule au ventre. « Mon époux n’a pas de tombe sur laquelle je peux me recueillir. Pour le faire, je vais au bord de la plage », se désole la mère de famille.

Qu’est-il advenu de Manoj Soobrayen ?

manojManoj Kailan Trilock Soobrayen a 54 ans. Il habite Beau-Vallon. Depuis le 13 juin 2018, il est porté disparu après avoir quitté l’hôpital de Rose-Belle. Ses proches, inquiets, multiplient les recherches pour le retrouver…

Puis, quelques semaines après la disparition de Manoj, sa famille a été informée qu’un corps avait été repêché à Blue Bay. Il s’agirait peut-être de celui de Manoj. Cependant, suite à l’état de décomposition avancée du corps, il a été difficile pour les enquêteurs d’identifier avec certitude le corps. La famille de Manoj attend les résultats du test d’ADN depuis des mois pour connaître enfin la vérité sur sa disparition.

Comment Manoj a-t-il disparu ? L’homme de 54 ans aurait quitté le toit conjugal après divers conflits avec son épouse, avec laquelle il a eu deux fils.
« Ayant eu des problèmes avec sa femme, mon oncle est parti de sa maison. Il est sain d’esprit. Nous sommes tous inquiets par sa disparition », explique Arvin, le neveu de Manoj.

Selon sa famille, il serait devenu un SDF (sans domicile fixe) qui aurait élu domicile sur un terrain de football de la localité avant sa disparition.

Arvin songe même à l’imaginable. Cependant, il continue à donner un coup de main à la famille pour entreprendre les démarches. « Tant que nous ne recevons pas les résultats des tests d’ADN, nous gardons toujours espoir de percer le mystère entourant la disparition de mon oncle après sa sortie de l’hôpital de Rose-Belle », raconte Arvin.

La famille, dans le doute et le désespoir, ne sait plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à leurs nombreuses questions. La CID de Mahébourg s’occupe du cas, mais pour l’heure, il n’y a rien de concret.

« Il devrait y avoir un département spécial dédié aux cas de disparition, car ici, sans aucun corps, rien n’est fait. Nous courons à gauche et à droite. Nous allons voir la police, nous nous rendons à l’hôpital de Rose-Belle et nous parlons aux ambulanciers qui ont conduit mon oncle, mais personne ne nous donne des réponses ni ne nous explique ce qui sait passer », se désole le neveu de Manoj. Et de rajouter :  « Aux dernières nouvelles, il aurait quitté l’hôpital à bord d’une ambulance et depuis, plus aucune trace de lui »

Un mystère qui dure depuis 15 ans

akmezUn flou total entoure toujours la disparition mystérieuse du petit Akmez Aumeer  le 25 janvier 2003, à Camp Chapelon, Pailles. Un cas que la police n’a jamais pu élucider. Le garçon de neuf ans jouait en compagnie de son petit frère, Zubeir, lorsqu’il a disparu. Quinze ans après, l’enfant, qui aujourd’hui aurait été âgé de 24 ans, demeure toujours introuvable. Les nombreuses pistes de la police n’ont pas été concluantes et les diverses battues effectuées dans différentes régions n’ont donné aucun résultat concret.

Des années après la disparition du garçonnet, la famille recevait des SMS et des appels qui ne menaient à rien. Des actes considérés comme des coups bas ou des plaisanteries de mauvais goût. Pendant des années, la famille avait l’espoir de retrouver le garçon. Mais cette longue attente a finalement eu raison de leur espoir.

Le père, qui peine à accepter cette disparition, a décidé de tout remettre entre les mains de Dieu. « Nous prions pour Akmez et nous pensons à lui. Jusqu’à présent, sa disparition demeure un mystère et nous devons vivre avec. Dieu est grand et je lui confie tout cela. Je lui demande de veiller sur mon fils, où qu’il soit et  j’espère qu’il se porte bien », nous confie le père du garçonnet.

Christian Petit : «Pendant 16 jours, j’ai mangé des algues et bu de l’eau de mer»

christianSeize, c’est le nombre de jours passés en mer par Christian Petit et ses camarades de pêche avant d’accoster l’île de la Réunion, il y a, aujourd’hui 17 ans de cela. Cet habitant de Grand-Gaube est pêcheur depuis son adolescence. Ces 16 jours en mer, il ne les oubliera jamais.

Retour sur cet incident qui s’est heureusement terminé sur une bonne note. En haute mer, entre le Coin de Mire et l’île Plate, les moteurs respectifs des deux bateaux des pêcheurs sont tombés en panne. C’est à partir de là qu’a débuté le périple de ces six marins.

Christian raconte : « J’ai passé 16 jours en mer à manger du pain rassis, du poisson cru et des algues et à boire l’eau de mer. Nous avions pris le large avec mes collègues pour notre pêche quotidienne, quand, soudain les deux moteurs ont arrêté de fonctionner. Nous avons tenté d’appeler quelqu’un pour nous sortir de là, mais en vain, car à cette distance, il n’y avait pas de réseau. Le bateau, n’étant plus retenu par l’ancre, vu que nous étions en haute mer, a dérivé. »

Christian se souvient que ses collègues et lui ont rivalisé de créativité pour s’en sortir, alors que les vagues les éloignaient davantage de la terre ferme.
Ils ont tenté de faire une voile avec un drap qu’ils avaient en leur possession.  « Les hameçons nous ont servi d’aiguille afin de coudre le drap. Toutefois, cette voile de fortune n’a pas tenu longtemps. Nous étions désespérés et nous avons tout laissé dans la main de Dieu », explique Christian.

Pendant ce temps, la famille Petit a passé 16 jours dans la peur avant d’apprendre que Christian était sain est sauf et a accosté l’île de la Réunion. L’île sœur a pris en charge les pêcheurs durant l’enquête qui a duré 9 jours.

Ils ont ensuite été rapatriés à bord du Mauritius Pride. «  Cela a été une expérience compliquée. Je suis né pêcheur et aujourd’hui, je vis encore de la pêche. La mer m’a nourri pendant toute ma vie et, avant moi, celle de mes parents. Si, un jour, je dois perdre ma vie en mer, ce ne sera pas un drame », conclut Christian.

 

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