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Victime d’un caillot de sang au cerveau : Rama Valayden, le miraculé

Le mariage de son fils a été un moment de grande joie pour l’avocat. L’avocat et son épouse Taslima tout sourire sur la piste de danse, il y a quelques mois. Photo de famille des Valayden à l’occasion du mariage du fils, Arshad, en juillet 2025. Taslima veille sur Rama Valayden, actuellement en convalescence.
  • Taslima : « Je le voyais mourir devant moi »

Rama Valayden a frôlé la mort, le 8 octobre dernier. Sa femme Taslima raconte ces heures d’angoisse où tout a basculé.

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«Il est miraculé. Je le voyais mourir devant moi… » Taslima Valayden tremble encore en évoquant ce mercredi 8 octobre 2025 qui a failli lui arracher l’homme de sa vie. Pendant quelques minutes interminables, elle a cru perdre Rama Valayden, avocat, militant et défenseur des sans-voix. Aujourd’hui, son état est stable. Mais pour son épouse, ce qu’il a vécu dépasse toute explication médicale.

Il était un peu plus de midi ce jour-là. L’atmosphère semblait ordinaire, presque paisible. Rama Valayden, avocat méticuleux et travailleur acharné, venait de rentrer d’une audience qui se tenait en cour de Flacq. Son épouse Taslima, comme à son habitude, gérait les affaires administratives du cabinet. Rien ne laissait présager que cette journée allait marquer leur vie à jamais.

« Je le voyais un peu fatigué, mais je pensais que c’était le stress du travail », raconte Taslima. « Depuis la veille, notre fille Haafizah m’avait dit : ‘Maman, papa n’est pas bien.’ Le lendemain, Haafizah m’a appelée, comme elle le fait tous les jours, pour s’enquérir de la santé de son papa. »
Quelques minutes plus tard, alors que Rama Valayden passait en revue ses dossiers, la scène vire au cauchemar. « Mala apporte le thé pour Rama, et elle me dit : ‘Madam, misie pa bien ditou.’ Mo réponn li : ‘Wi, mo pe trouv sa. Depi yer li dir li zis anvi dormi.’ »

La situation s’aggrave d’un coup. « Mo pe koz ar Rama, li pe reponn lot kitsoz ki pa dan so labitid, so lalang pe lour, so figir inn vinn rouz, so kote gos inn gonfle… » Paniquée, Mala se met à pleurer : « Madam ! Madam ! Fer vit ! »

Taslima appelle aussitôt le Dr Shamlol pour lui expliquer l’état de santé de Rama Valayden. « C’est la première fois que je le voyais dans un tel état. Ses yeux se fermaient, son visage se vidait… c’était comme si la vie le quittait. »

Deux jours en soins intensifs

L’avis du médecin tombe comme un couperet : hospitalisation d’urgence. Mais Rama Valayden refuse d’abord : « Non, mo ena case lakour trez-er. » Un collègue intervient : « Rama, écoute Taslima. Mo pou al ranplas twa lakour. » Cette fois, il n’a pas le choix. Son état est critique.

« Nou al lopital ou klinik ? » demande Taslima. « Lopital », répond Rama Valayden. Comme à son habitude, il préfère aller à l’hôpital. Mais vu que le scanner ne fonctionnait pas, Taslima décide de l’emmener à la clinique C-Care Wellkin pour qu’il se fasse examiner d’urgence.

Les minutes deviennent des heures. Taslima vit ce qu’aucune épouse ne souhaite vivre. « J’ai pris ma voiture pour l’emmener à la clinique. Je devais rester calme ; il était conscient, mais les yeux dans le vide. J’ai appelé ma fille Haafizah pour l’informer de l’état de santé de son père. »

Une fois à la clinique, le personnel médical, déjà informé d’avance de la situation, prend vite les choses en main. « Là, j’ai commencé à pleurer. Je n’arrivais même plus à parler. Je priais en silence. Je demandais juste au Créateur de ne pas me l’enlever. Rama a déjà été malade, mais jamais comme ça. »

Le verdict tombe : un caillot de sang au cerveau. Le mot « stroke » plane comme une épée de Damoclès. « Je n’y croyais pas. Je suppliais Dieu. Pas Rama, pas lui. C’est un battant, un homme de foi et de justice. Je ne pouvais pas accepter que ce soit la fin pour lui. »

Pendant qu’il est transféré en soins intensifs, la famille et les amis affluent. Les appels, les prières, les bougies se multiplient. Taslima reste à ses côtés, lui tenant la main : « Je lui disais : ‘Rama, ne te décourage pas. Tes enfants ont besoin de toi. Les sans-voix ont encore besoin de toi.’ »

Deux jours de silence, de machines, de respiration assistée. Taslima faisait les allers-retours entre la maison, l’école et la clinique, sans dormir ni manger. « Je vivais les pires moments de ma vie. Mais j’ai gardé la foi. J’ai dit à Dieu : ‘Fais un miracle. Rama ne mérite pas ça.’ »

Et le miracle se produit. Le second diagnostic révèle l’absence d’AVC (accident vasculaire cérébral). Le caillot s’était résorbé. Le danger était écarté. Le médecin explique : tension extrême, 22/10, crise due au stress et à la fatigue.

« Quand le docteur m’a dit qu’il n’y avait pas eu de ‘stroke’, j’ai pleuré de soulagement. J’ai remercié Dieu, la vie. » Les Drs Shamlol et Priyanka Beedessee décident de le garder quelques jours : deux jours en soins intensifs, deux jours en salle normale. Rama Valayden reprend lentement des forces. Quand sa fille Haafizah lui annonce que « la guerre à Gaza a cessé », il fond en larmes. « C’était comme revoir la lumière après une tempête. »

Elle remercie du fond du cœur le personnel de C-Care (soins intensifs), de la salle Sérénité, et les Drs Shamlol et Priyanka Beedessee. « Ils ont fait un travail extraordinaire. Merci aussi à notre famille et à tous ceux qui ont prié pour Rama. »

Le retour à la vie

Après quatre jours d’hospitalisation, Rama Valayden rentre enfin à la maison. Fatigué, amaigri, mais vivant – contrairement aux rumeurs sur Facebook annonçant sa mort. « Allah seul donne la vie, et Allah seul la reprend. Pa zot ! »

Les médecins lui prescrivent un mois complet de repos. Pas de stress, pas de politique, pas de téléphone. « Il n’aime pas rester sans rien faire », confie Taslima. « Mais cette fois, il a compris que la vie lui a donné une seconde chance. »

À la maison, elle veille sur lui comme sur un trésor. Les repas sont préparés avec soin, souvent livrés par Arshad de Hola Café, avec chef Leena et Pamela, qu’elle remercie pour leur soutien. « Rama est la voix des sans-voix. Aujourd’hui, c’est nous qui recevons ce soutien. Les appels, les messages de toutes les communautés, de Maurice et d’ailleurs, nous ont profondément touchés. »

Des centaines de messages, des appels de l’étranger, des fleurs, des prières. « Nous avons reçu tant d’amour du peuple mauricien. Des inconnus m’ont appelée pour dire qu’ils priaient pour nous. Je n’oublierai jamais. »

Avocat passionné, défenseur des causes sociales, Rama Valayden est un pilier du monde juridique et politique mauricien. Mais pour sa famille, il est surtout un mari et un père aimant, simple et vrai. « Même à la clinique, il pensait à Rama Jr. et à Zara : leurs études, leurs contrôles… Même quand je suis fâchée, c’est toujours lui qui fait le premier pas », relate Taslima. « Il a le cœur sur la main. »

Les attaques, les critiques, les mensonges l’ont profondément blessé. Et puis, certains coups venus de l’extérieur, des critiques injustes, des vidéos mensongères… tout cela l’a beaucoup affecté et attristé, dit Taslima. Mais elle l’assure : la vérité finira toujours par triompher. « Cette épreuve lui a aussi montré qui sont ses vrais amis. »

Leçon de vie 

Pour elle, Rama Valayden donne tout pour les autres, parfois au détriment de lui-même. « Son corps a tiré la sonnette d’alarme. Il doit écouter ce message. » De cet épisode traumatisant, elle retient une leçon de vie : « Je réalise maintenant que la vie ne tient qu’à un fil. Et qu’il faut la vivre avec amour et humilité. »

Aujourd’hui, la maison Valayden respire à nouveau. Prières, gratitude et rires remplissent les murs. Rama médite, mange sainement, fait la marche avec ses fils Arshad et Rama Jr., et recommence à lire beaucoup. « Je le regarde chaque jour comme un miracle vivant », dit Taslima. « Oui, c’est un miracle. J’ai vu la mort de mes yeux, et j’ai vu la vie revenir », ajoute-t-elle avec émotion. « J’ai compris que nos prières et les bonnes actions de Rama ont été entendues. Il a encore une mission sur cette terre. » Et de préciser : « Il est là, vivant. Et c’est tout ce qui compte. »

Leurs deux filles, Haafizah et Zara, restent très proches de lui. « Notre famille a eu très peur. Mais cette expérience nous a encore plus unis. La famille, c’est tout. » Sur le sofa, Rama sourit : « Manchester United a gagné 2-1 ! » Taslima répond en riant : « Omwin, apre dizan, to lekip inn resi bat mo lekip! »

Rama Valayden reprend lentement le cours de sa vie. Plus apaisé, plus conscient du temps qui passe. « Chaque jour est une chance. J’ai vu ma femme, mes enfants, ma famille, mes amis souffrir pour moi. Maintenant je sais : il ne faut plus perdre une seule seconde de sa vie. »

Mais même affaibli, il reste animé par la même flamme : servir. « Tant que je respirerai, je continuerai à défendre ceux qui n’ont personne », affirme-t-il.

Et Taslima conclut, dans un souffle : « Rama Valayden, ena enn sel kouma li. Parce qu’un homme comme lui, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. On n’en rencontre qu’un dans une vie. »

 

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