Faits Divers

Victime de vols avec violence : un vigile et une boutiquière violemment agressés

Victime de vols avec violence Les blessures témoignent de la violence subie par le vigile et la boutiquière aux mains de leurs agresseurs.

Depuis le début de l’année, de nombreux cas de vol avec violence ont été rapportés à la police. Des vigiles sans défense, de vieilles dames vulnérables, des passants… Autant de personnes ciblées par des malfrats qui n’hésitent pas à recourir à la violence pour obtenir ce qu’ils veulent, laissant leurs victimes traumatisées. Nous avons rencontré un vigile de 53 ans et une boutiquière de 62 ans, tous deux victimes de vols avec violence.

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« Mo ti kapav perdi lavi. » Jean Marc, 53 ans est méconnaissable. Le 28 février, ce vigile était sur son lieu de travail à l'angle des rues Labourdonnais et St-Denis, à Port-Louis, quand il s'est fait surprendre par trois malfrats. Ces derniers l’ont battu violemment au visage avec un gourdin. Ils sont repartis avec sa torche et son cellulaire. Valeur du butin: Rs 1 500. Le vigile, lui, est défiguré.

Après cette agression, Jean Marc a été admis à l'hôpital Dr A.G Jeetoo pendant trois jours. « Douler lor mwa », nous dit-il. Ce père de famille a le coté gauche du visage tout boursouflé et un œil au beurre noir. Malgré sa douleur à la mâchoire, le vigile a tenu à nous raconter ce qui s’est passé ce soir-là.

Cela fait huit mois environ que Jean Marc a pris de l'emploi comme vigile sur un chantier en construction. « Ena enn kontracter ki konn mwa. Li ena travay lor sa santye la, linn demann mwa si mo pu kav vey so bann feray. Mo ena enn fami pou nouri, alor monn aksepte », explique-t-il.

Cet habitant de la capitale se rend sur son lieu de travail à 18 heures et rentre chez lui aux petites heures du matin.

Le 27 février, comme à son habitude, il aprend son poste en début de soirée. « C’est un bâtiment de plusieurs étages et je ne m’occupe que de la surveillance des barres de fer. Mais il y a d’autres matériaux, tels que des encadrements en aluminium, qui n’ont pas encore été placés », explique-t-il.

«Done sinon to mor !»

La soirée se passe tranquillement pour le vigile. Du moins jusqu’à 3 heures. « Le chantier est un site ouvert qui n’a pas de mur d’enceinte. J’effectuais ma ronde quand j’ai été surpris », dit-il. Trois hommes ont surgi de l’ombre et se sont dirigés vers Jean Marc.

« Zot inn atak mwa, zot ti pe rod larzan. Zot inn dir mwa : Done sinon to mor », nous raconte la victime. Il leur dit alors qu’il n’a pas d’argent, ni d’objet de valeur sur lui, mais rien n’y fait. « Enn inn vinn ek mwa, li rod pik mwa. Linn blesse mwa kot mo licou », se souvient-il avec peine. Alors qu’il tente de se défendre, il reçoit un coup violent. « Monn gagn enn kout dibwa dan mo figir. Enn kout monn truv nwar », nous dit-il. Le coup est d’une telle violence qu’il assomme Jean Marc pendant quelques secondes.

J’ai vu la mort en face. Où va notre société ? Depuis, je ne dors plus»

Ces quelques secondes suffisent pour que les trois hommes lui fassent les poches. Ils ne trouvent que son téléphone portable qu’ils emportent avec sa torche, le tout d’une valeur de Rs 1 500. Après avoir repris connaissance, Jean Marc est rentré chez lui et ses proches l’ont conduit à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo où il a été admis. Il a obtenu sa décharge le 3 mars dernier. La police criminelle de Port-Louis Sud est sur la piste des suspects.

La boutiquière à la merci des malfrats

Depuis le 7 mars, Parmawtee (prénom fictif), 62 ans, vit dans la peur. Elle ne pensait pas vivre un tel traumatisme à son âge. Cette commerçante, originaire d’Eau-Coulée, a été victime d’agression et de vol dans sa boutique en pleine journée. Il n’est plus question pour elle de retourner travailler après cela, dit-elle. « J’ai vu la mort en face. Où va notre société ? Depuis ce jour, je ne dors plus, je n’arrête pas d’y penser », lâche-t-elle.

Cela fait une vingtaine d’années que Parmawtee, mère de deux fils, s’occupe de la boutique entre 7 h 45 et 15 heures. Elle dit que son commerce a déjà été la cible de voleurs mais uniquement en soirée, quand la boutique était fermée.

Le 7 mars est une date qu’elle n’est pas près d’oublier, affirme-t-elle. Il était 10 heures environ quand deux jeunes sont entrés dans la boutique. « Mo ti deor pe debouss enn drin parski sak fwa ena gro lapli, ena debordemen. Bann zeness la inn demann mwa si ena sigaret. Monn dir zot oui », nous raconte la boutiquière. Elle ne se doute alors nullement des intentions des jeunes. « Ils étaient gentils au début. Ils se sont mis à côté de la boutique ». Parmawtee continue à vaquer à ses occupations.

«Si pa gagn kass mo touy twa !»

Mais les deux jeunes ne tardent pas à l’approcher de nouveau. « Nou pou pran sigaret », lui lancent-ils. Parmawtee entre donc dans la boutique pour leur vendre des cigarettes. Elle prend un paquet pour leur donner quand soudain, elle sent qu’ils se sont rapprochés d’elle. « Monn senti enn prezans tro pre ar mwa. Monn per. Enn sel cou, linn blok mwa par mo lagorz. Monn rod krier, lerla linn zet mwa emba », déclare-t-elle. Elle est alors rouée de coups de poing et de pieds, et sa tête heurta le sol. « Disan ti pe kouler lor mo latet. Letan li pe batt mwa, so lot kompliss pe fouy partou. »

Profitant d’un moment d’inattention, Parmawtee se relève et se rue vers la porte arrière, mais elle est vite rattrapée par son agresseur. Ce dernier la pousse au sol et continue de la tabasser avant de sortir un couteau et de la menacer : « Si pas gagn kass mo pou koup twa, mo pou touy twa », lui aurait dit le jeune.

La victime, en larmes, le supplie de lui laisser la vie sauve. Elle leur dit alors que dans son sac, il y a Rs 5 000, ses cartes bancaires et d'autres documents. Les deux jeunes ne tardent pas à faire main basse sur le sac et laissent la boutiquière à son sort. « Dès qu’ils sont partis, je me suis relevée et j’ai appelé à l'aide. Un ouvrier qui travaillait chez un voisin est arrivé et a tenté de les rattraper mais en vain. » Parmawtee a reçu des soins à l’hôpital de Rose Belle.

Dans le sillage de cette enquête, la police criminelle d’Eau-Coulée a procédé à l’arrestation d’un suspect, âgé de 18 ans. Ce dernier nie les faits qui lui sont reprochés mais la victime l’a formellement identifié. Le jeune homme a comparu devant le tribunal de Curepipe jeudi sous une charge provisoire de vol avec violence. Il est maintenu en détention policière.

 

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