« Je me suis tue pendant trop longtemps », dit-elle dans une vidéo qui fait le buzz sur Facebook. Celle qui est connue comme animatrice, mais aussi Miss Météo du petit écran, explique comment elle a été victime de harcèlement. Après s’être longtemps sentie coupable de ce qui lui est arrivé, elle est devenue une battante…
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C’est une belle femme, remplie de simplicité que nous avons rencontrée malgré un emploi du temps très chargé. Elle vient de recevoir une mauvaise nouvelle, mais rien à faire, elle garde le sourire, elle ne décale pas ses rendez-vous et fait exactement ce qu’elle avait prévu de faire.
Martine nous parle sans gêne de ce qu’elle a vécu alors qu’elle avait 21 ans. « J’étais animatrice à l’époque et un homme me harcelait. Il me passait souvent des commentaires à caractère sexuel. Il me dévisageait de façon très bizarre. Puis, un jour, alors que je me trouvais dans la salle de bains, il a tenté de me violer…»
Elle ferme les yeux. Les images remontent à son esprit. Elle s’en rappellera toujours. « Je suis allée le dénoncer, mais vous pouvez le deviner : ils ont dit que je mentais. Jamais, cet individu n’a été inquiété. Au contraire, les responsables ont fait pression sur moi pour que je ne porte pas plainte et que « j’oublie tout ce qui a pu se passer ». Ainsi, le cœur lourd, déboussolée, la jeune femme n’ira pas plus loin. « Cependant, je me sentais coupable. J’étais rongée par cette culpabilité et j’avais honte. Je ne cessais de me poser des questions. En sus, au travail, il n’y avait rien à faire. La direction avait choisi son camp, le mot d’ordre était passé : il ne fallait absolument pas que cette affaire s’ébruite. C’est ainsi que j’ai fini par démissionner…»
« Une voix gémissait au téléphone »
Martine raconte que, pas plus tard que l’an dernier, un pervers la harcelait tous les soirs. « Lorsque je décrochais, la personne gémissait au téléphone. Je raccrochais et ça recommençait de plus belle. Cela pouvait durer des heures. Souvent, il appelait à partir de 23 heures jusqu’à 4 heures du matin. J’avais peur, car chaque fois que je rentrais, le téléphone commençait à sonner. J’ai donc conclu qu’il me suivait également. J’ai rapporté l’affaire à la police, mais rien ne s’est passé. J’ai enregistré sa voix, j’ai donné un numéro de téléphone aux enquêteurs, mais rien n’a suivi. Les choses n’avancent pas. Chaque fois que je vais m’enquérir de l’avancement de l’enquête, les policiers me disent qu’ils attendent toujours un Judges’ Order ».
C’est dans le cadre de la campagne 2019 menée par Passerelle que Martine décide de raconter son histoire au grand public. La campagne est intitulée « Violans Kont Fam : Na pa res spektater ». Elle a pour but d’inciter le public en général à dénoncer les diverses formes de violence faites aux femmes. « Cela m’a pris beaucoup de temps pour accepter certaines choses. Aujourd’hui, je continue à me battre. Je voudrais que d’autres femmes entendent ma voix et commencent à en parler. Il faut se dire que cela n’arrive pas qu’aux autres et que ce n’est pas du tout acceptable ».
La jeune femme ne compte pas s’arrêter là. Vous entendrez encore parler d’elle prochainement.
Martine avoue que les réactions n'ont pas tardé. « Certaines personnes m'ont demandé pourquoi j'ai dénoncé une telle chose à visage découvert. D'autres m'ont dit que j'étais courageuse. Je l'ai fait simplement parce que je suis avant tout un visage public, connu et, pour encourager d'autres personnes à faire de même et passer ce cap du silence. Une quinzaine de femmes m'ont avoué avoir été violées et que leurs proches les ont blâmées au lieu de les soutenir. Il faut apprendre à avancer et accepter, même si nous ne sommes pas fautives. Il faut suivre une thérapie et oublier ce qui s'est passé. Pouvoir parler en public m'a libérée», dit-elle
Georgina Ragaven : « La culpabilité rend les femmes réticentes à dénoncer le harcèlement »
« Les femmes hésitent à dénoncer leur harceleur, premièrement parce que cela dépend du profil de dernier », explique Georgina Ragaven. « Le harceleur peut-être quelqu’un se trouvant sur le lieu du travail ou pire, un proche de la famille. Un père, frère ou un oncle. Dans ce cas, il est encore plus difficile de dénoncer cette personne, puisque la réputation de la famille est en jeu. La victime préfère alors se taire. »
Ce membre de l’Advisory Committee de Passerelle et consultante ajoute qu’en se faisant harceler, les victimes ont tendance à se culpabiliser, elles se demandent si elles n’envoyaient un mauvais signal. « Je l’ai vécu sur mon lieu de travail. J’ai fait face à de telles situations. Un homme me faisait des remarques, jusqu’à tenter de faire intrusion dans mon intimité. On se sent alors honteuse en tant que femme. On pense au regard que les gens auront sur nous. Heureusement, j’en ai parlé à mon époux qui m’avait soutenue. Nous avions pris un conseil légal et j’ai quitté ce travail. Toutefois, tous les époux ne comprennent pas de telles situations. Certaines femmes n’ont pas eu la même chance que moi et peuvent être blâmées par leur époux. »
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