« Tou lekonomi mo fami finn perdi ladan », se lamente Savita. Cette mère, dont un fils est en situation de handicap, explique que sa famille a perdu Rs 160 000.
Savita raconte qu'elle avait déjà investi Rs 100 000 sur la plateforme. Après que son fils et son époux lui avaient remis Rs 30 000 chacun, elle avait ajouté Rs 40 000. Elle a avait espoir de faire fructifier cet argent afin de pouvoir régler ses dettes. « Mo ena det, ban ka la deza kot avoue », lâche-t-elle au Défi Plus. De plus, son époux est malade, et elle voulait solder son emprunt bancaire contracté pour la construction de sa maison. « Nou ti p espere pey tou det. Aster la nou det rest anpla ek nounn perdi tou nou ekonomi », se désole cette mère de famille.
« La nou finn retrouv nou retourn a zero konpletman ». Cette mère d'un ado en situation de handicap partage son vécu difficile, après l'augmentation du coût de la vie. Elle raconte qu'à la fin du mois d'octobre, elle n'a pu acheter des provisions pour sa famille. « Noun fer enn gro miz, me nounn perdi tou ». Le vendredi 10 novembre, après avoir compris qu'elle n'allait pas toucher son argent, son monde s'est écroulé.
Cette femme modeste dit avoir commencé les investissements avec Rs 300, il y a quelques mois. L'argent s'était multiplié par dix, soit Rs 3 000, puis est passé à Rs 10 000 après un autre cycle d'investissement. Savita affirme avoir poursuivi ses investissements pour atteindre Rs 100 000. Depuis, elle avait été désignée par l'organisateur sur Telegram pour effectuer les paiements à des investisseurs. Celui-ci lui transférait de l'argent sur son compte, et en retour, elle payait les clients, selon une liste qu'elle obtenait chaque semaine, via transfert bancaire.
Savita se désole que juste au moment où elle a investi sur la plateforme VIP pour un meilleur gain, le système a crashé. « Zis kouma nounn investi lor VIP zot aret paye », lâche-t-elle. Elle raconte que l'administratrice du groupe est une dénommée Anna, qu'elle n’a pu contacter que par voie de messagerie. « Sak fwa mo kal, li pran li koupe deswit, lerla li envoy mwa mesaz », explique-t-elle. Savita dit avoir flairé qu'elle n'était pas à Maurice de par la manière dont elle rédigeait les messages. « Me kav li fer par expre osi ekrir koumsa », pense Savita. Cette dernière dit avoir noté qu'Anna ne comprenait pas trop les procédures bancaires à Maurice.
D’investisseur à collecteur d'argent
Savita avance avoir débuté en tant qu’investisseur. Elle raconte qu'une dénommée Anna l'a contactée pour lui demander de collecter de l'argent pour le groupe. « Lekip ti pe grandi. Li dir mwa pran tou peman ek fer versman labank », indique-t-elle. Savita dit avoir utilisé son compte bancaire personnel, mais aussi celui de son époux et de son fils de 17 ans pour y procéder.
À un moment donné, la banque a contacté Savita pour réclamer des explications sur ces transactions. « Anna ti pe avoy mwa lalis pou pey dimounn. Mo ti pe pey par internet banking, Juice et Blink ».
Tout débute en 2020 : « Se bann zeni dan met dimounn dan lasos »
Pendant la période de Covid-19, soit en 2020, Savita affirme avoir aperçu une annonce sur Facebook. Elle a rejoint le groupe qui comptait déjà environ 800 personnes. Elle explique avoir été trompée par la manière dont les gestionnaires l'ont convaincue. « Se bann zeni dan met dimounn dan lasos », fustige-t-elle. Cette mère de famille soupçonne que des Malgaches pourraient être à l'origine de cette fraude, vu les messages qu'elle a reçus. Elle explique que, comme les gains d'argent correspondaient à ce qui avait été promis, elle n'a pas flairé l'arnaque à l'époque. Ce n’est qu’au début de novembre 2023 que les choses ont tourné au vinaigre. « Zot finn koumans aret paye ek ranvoy dat peman », relate-t-elle.
Selon Savita, l'organisatrice des investissements renvoyait systématiquement la date de paiement jusqu’à ce que le groupe Telegram soit désactivé. Peu avant, un message expliquant que les paiements étaient en cours suite à des procédures bancaires avait été envoyé aux membres du groupe. Par la suite, un autre message demandant aux clients de se rendre dans la capitale, à un bâtiment dont l'adresse avait été fournie, a été diffusé. Cependant, c'était un leurre, car le bureau indiqué n'existe pas, soupire Savita. À ce moment-là, elle a convaincu les autres membres de porter plainte.
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