Marie Clency Hippolyte, qui est à l’aube de ses 74 ans, vit dans une bicoque de deux pièces en tôle cannelées, en compagnie de son fils, Jordany, 38 ans, qui est invalide depuis sept ans. Jusqu’à la semaine dernière, cette malvoyante, atteinte de surdité, passait ses nuits à la lumière d’une bougie dans son logis qui est dépourvu de système sanitaire et d’eau potable. Elle vit grâce à des donations du voisinage et de travailleurs sociaux.
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Un téléviseur, un argentier dont deux vitres sont cassées, un mini réfrigérateur vide, deux sofas en similicuir trouvés sur un terrain en face de leur domicile, une table ronde avec une vitre sur le dessus, une armoire en bois avec une devanture moisie et un « petit » lit en fer… Ce sont les seuls mobiliers de la demeure de Marie Clency Hippolyte. Une mère de douze enfants, dont cinq sont décédés, qui vit la misère noire au quotidien. Pour boucler la boucle, cette dernière est au chevet de son fils de 37 ans, Jordany, devenu infirme après une chute. L’allocation sociale de ce dernier a été suspendue depuis novembre. Et ils sont obligés de vivre avec la pension de vieillesse mensuelle de la septuagénaire qui est de Rs 6 200.
Qui aurait cru que ces deux personnes aux langues bien pendues vivent dans de telles conditions ? Et pourtant cela fait neuf ans qu’elle partage cette bicoque de deux pièces en tôles cannelées avec son benjamin. Ces quelques médiocres mobiliers sont les seuls avoirs que lui a laissés son époux, décédé il y a cinq ans. La veuve habitait jadis dans une autre bicoque située non loin. La demeure n’était pas plus fameuse que celle où elle habite actuellement. Sa maisonnette actuelle, avance Marie Clency Hippolyte, est une donation des autorités, en raison de son âge avancé et de sa situation financière précaire.
« Parfois on ne mange rien »
Pour elle et son fils invalide, les jours se suivent et se ressemblent. Leurs quotidiens se résument à voyager de leur salon improvisé à leur très modeste chambre à coucher, ou encore « fer enn letour lor lari », afin de prendre l’air. Ils mangent parfois à leur faim, mais bien souvent, avance le fils, ils consomment ce qu’ils ont sous la main. Un pain sec et un verre d’eau peuvent faire l’affaire. « Mais il est hors de question de réclamer quoi que ce soit à mes autres enfants. Nous préférons nous débrouiller avec les moyens du bord. Parfois on ne mange rien. Si pena, pena ! », lâche Marie.
Jordany Stafford travaillait jadis sur une camionnette. Réticent à vouloir être photographié, le célibataire raconte que sa mère a perdu la vue graduellement au fil du temps. « Tout comme l’ouïe », précise-t-il. Valeur du jour, la septuagénaire entend très mal et peine à distinguer des formes dans l’obscurité. Elle a pourtant passé près d’une année à vivre à la lueur d’une bougie chaque soir à la suite de l’interruption de sa fourniture d’électricité qui s’élevait à près de Rs 20 000. Ce sont les travailleurs sociaux de la région qui ont cotisé pour rétablir sa fourniture d’électricité dans le courant de la semaine dernière.
« Ma maman est forte pour l’âge qu’elle ne fait pas. Mais elle s’efforce à faire des choses, la cuisson, par exemple… Je l’aide, malgré mon handicap à la jambe. À cause de sa vue, elle peut facilement vider une bouteille d’huile d’un litre dans un curry pour deux personnes. Cette situation déconcertante s’est déjà produite dans le passé », raconte le fils.
Vie moins dure
Un des plus grands souhaits de Jordany serait le rétablissement de sa pension d’invalidité, qui est de Rs 5 820, afin qu’ils puissent reprendre leurs vies. Cela faisait environ sept ans qu’il percevait une allocation d’invalidité. Mais pourquoi celle-ci a-t-elle été suspendue ? « Je n’ai aucune idée. C’est en allant réceptionner ma pension en octobre qu’on m’a informé que ma prestation sociale a été interrompue », précise notre interlocuteur.
Sa mère, qui suivait attentivement la conversation, intervient brusquement. « Vous savez. Mon fils ne touchait pas beaucoup d’argent comme pension. Mais l’argent qu’il percevait nous permettait d’acheter de la nourriture, de nous habiller et d’affronter la vie autrement. Je demande aux autorités de remédier à la situation, car cela fait près de six mois que nous sommes dans l’attente », exhorte la mère.
Le crépuscule était naissant lorsque nous quittions les lieux. Marie Clency Hippolyte nous a remerciés puis a posé pour un cliché. Elle était assise sur l’accoudoir du canapé en simili cuir usé.
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