Débat

Verdict ce lundi : la carte d’identité biométrique vit-elle ses derniers jours?

La carte d’identité biométrique sera-t-elle maintenue ? C’est la question à laquelle devra répondre le comité judiciaire du conseil privé, ce lundi 31 octobre 2016, dans le sillage de l’appel interjeté par Dr Maharajah Madhewoo contre l’Etat contestant la constitutionalité de la carte biométrique.

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Àquelques jours du jugement, le paroxysme est à son comble même si l’optimisme ne l’est pas forcément dans le camp du Dr Maharajah Madhewoo. Son appel devant le Judicial Committee de Londres a été entendu le 20 juillet dernier. Il conteste la décision de la Cour suprême de maintenir la validité de la nouvelle carte d’identité, tout en affirmant que la rétention indéfinie des données biométriques et des empreintes digitales des Mauriciens constitue une entrave à la Constitution.

Le Leading Counsel du Dr Maharajah Madhewoo, Me Sanjeev Teeluckdharry, songe déjà à l’après-verdict du comité judiciaire du conseil privé. L’avocat est loin d’être optimiste compte tenu des « attentats et perturbations », survenus en Europe, lorsque l’affaire était devant les « Law Lords ». « Je dois dire que la vague de violence en Europe et la situation tendue ne jouent pas en notre faveur. C’est pour cela que je pense que le Privy Council adoptera une approche restrictive tout comme il avait fait dans le cas de Marper. »

Cour européenne des droits humains

Mais pas question de baisser les bras. Me Sanjeev Teeluckdharry songe déjà à un plan B en cas de revers devant le Privy Council. Il souligne qu’il existe deux options. Premièrement, il y a la possibilité de recourir à la Commission des droits humains des Nations unies. En second lieu, explique l’avocat, son client tentera sa chance devant la Cour européenne des droits humains. Me Sanjeev Teeluckdharry soutient que ce sera une première.

« La Grande-Bretagne avait ratifié la Convention des droits humains en 1953 au nom de ses colonies. Donc, la convention est appliquée à Maurice. » L’avocat s’appuie sur le jugement Vallet v Ramgoolam pour soutenir son argument. « C’est une affaire qui avait été plaidée par sir Anerood Jugnauth en 1973. Le chef juge Henry Garrioch avait statué que la Convention des droits humains s’applique à Maurice », affirme Me Sanjeev Teeluckdharry.

Anticonstitutionnelle

Mais peu importe l’issue de cette affaire, Me Sanjeev Teeluckdharry martèle que la lutte continue. « Nous nous battons pour une cause. On ne peut obliger une personne à donner ses empreintes digitales dans de telles circonstances. » Par ailleurs, l’actuel ministre des Finances, Pravind Jugnauth, avait lui aussi contesté certains aspects de la carte d’identité biométrique, notamment la sauvegarde des données dans une banque pour une durée indéterminée.

La Cour suprême avait statué que cette pratique est anticonstitutionnelle. La destruction de la base de données avait démarré le 24 août 2015 pour prendre fin le 11 septembre de la même année. Outre Me Sanjeev Teeluckdharry, Dr Maharajah Madhewoo a retenu les services de Mes Erickson Mooneapillay, Germain Wong Yuen Kook et David Miles, Solicitor. L’État est défendu par Mes James Gutherie, Queen’s Counsel et Kamlesh Kumari Domah. L’appel avait été entendu par cinq membres du Privy Council, notamment Lord Mance, Lord Clarke, Lord Wilson, Lord Sumption et Lord Hodge.

Me Neelkanth Dulloo, le troisième contestataire

Me Neelkanth Dulloo est la troisième personne à contester l’introduction de la carte biométrique. Il a initié une action contre l’État en ce sens et conteste l’obligation faite aux citoyens de fournir leurs empreintes digitales pour les besoins de la nouvelle carte d’identité. Outre, il soutient que cette démarche de l’État est anticonstitutionnelle et dit craindre un éventuel abus des pouvoirs accordés au commissaire de police. Le procès qu’il a intenté à l’État, sera appelé le 22 novembre prochain devant la Cour suprême. Dans une déclaration au Défi Plus, l’avocat soutient qu’il attendra la décision des « Laws Lords » pour prendre une décision. Il ajoute que sa démarche est très différente de celle du Dr Maharajah Madhewoo et du ministre des Finances, Pravind Jugnauth. Dans cette affaire, Me Neelkanth Dulloo a retenu les services de Me Rama Valayden.

En chiffres

  • Rs 1, 1 milliard : Le coût du projet pour la carte biométrique.
  • 1er octobre 2013 : Les pourparlers ont débuté.
  • 300 personnes : C’est le nombre de personnes en moyenne par jour qui fait une demande pour la nouvelle carte d’identité.

Dr Maharajah Madhewoo: « Je ne vais pas baisser les bras »

Sollicité pour une réaction, le principal contestataire de la carte biométrique, Dr Maharajah Madhewoo, indique qu’une conférence de presse sera tenue, le lundi 31 octobre, à 14 heures pour faire le point sur la décision du Privy Council. Que fera-t-il en cas de verdict défavorable ? « Je ne vais certainement pas baiser les bras », lance-t-il, avant d’ajouter que « nous étudions d’autres voies de recours, notamment les politiques ou encore le comité des droits humains des Nations unies, comme ce fut le cas pour le mouvement Rezistans ek Alternativ sur la déclaration d’appartenance ethnique pour voter. Nous prévoyons aussi une action sociale. Mais attendons lundi avant de nous prononcer. »

 

 

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