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Vatsala Radhakeesoon : le pouvoir des mots entre l’e-book et le livre-papier

Vatsala Radhakeesoon

Avec la publication en version e-book de son deuxième recueil de poésies, « L’aurore de la sagesse », Vatsala Radhakeesoon poursuit son travail littéraire dans une forme plus accessible aux jeunes et confirme, si besoin était, ses capacités bilingues.

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L’ancien pensionnaire du Lorette de Rose-Hill, même si elle avoue son aisance en anglais, s’est emparé de la langue de Molière avec le même bonheur créatif. « J’ai toujours hésité à écrire en français, mais depuis ces dernières années, je m’y suis mise petit à petit et grâce au feedback de l’association internationale où je suis membre, je me sens réconfortée », explique-t-elle. Mais la jeune femme a pris soin de publier son dernier recueil tant en version électronique que sur papier. Sa mini-transition vers cette plateforme prend en compte les changements dans les habitudes de lecture. « De nos jours », fait-elle ressortir, «  la plupart des éditeurs en Europe, États-Unis et Asie publient des livres en version 'Kindle e-books' et 'paperback'. Étant donné que la plupart des individus sont connectés à l’Internet, publier en 'e-book' permet de communiquer avec un grand nombre d’entre eux. La version électronique du livre est plus 'appealing' aux jeunes lecteurs. Les 'e-books' sont moins chers et plus faciles à télécharger. Car, la version 'paperback' peut être trois ou quatre fois plus chère qu’un  'e-book'. »

Depuis qu’elle s’est inscrite sur une plateforme regroupant des poètes étrangers, elle dit avoir été transportée dans un univers d’échanges intellectuels grâce au contact de personnes issues de divers continents. « Et là », fait-elle valoir,  « on apprend pas mal de choses concernant la littérature, l’histoire  et la culture de nombreux pays. Cela donne plus d’ouverture comme auteure. » Lorsqu’on en vient à son engagement poétique, c’est une fille encore pudique, hypersensible qui avoue que les mots et les sentiments qu’ils expriment sont dans le droit fil de sa passion pour la musique, fut-elle rock avec Dire Straits ou Police ou la variété avec Céline Dion. J.J Goldman, Liane Foly ou encore Patrick Bruel. « La musique est un marqueur social et émotionnel, mais c’est la poésie qui réussit le mieux à exprimer les sentiments cachés au fond de soi avec plus de force que la prose. Donc pour moi, mon amour pour la chanson s’est transformé en poésie. Ayant cette passion pour la chanson,  évidemment la poésie a fini par faire partie de ma personnalité. Depuis son enfance, je suis hyper-sensible, un peu idéaliste et rêveuse et aussi pleine de révolte face à l’injustice dans le monde. »

« Sentiments, nos comportements »

Mais, aux yeux de notre interlocutrice, les mots ne sont pas qu’un jeu de rimes, de construction grammaticale destinée à éveiller les états d’âme et à nous transposer d’un univers à l’autre, la littérature pouvant nous permettre d’analyser nos sentiments, nos comportements et à œuvrer pour devenir meilleur. « La littérature donne un sens plus profond à la vie, car elle permet de mieux comprendre les autres et garder une sensibilité face à l’autrui. »

Face à la mutation profonde que connaît le monde de l’édition à l’ère de la publication électronique, c’est tout le rapport de l’écrivain avec ses supports, mais aussi avec ses lecteurs qui sont remis en question.  L’e-book, apparu dans le sillage de l’Internet signera-t-il la mise à mort du livre, version papier ? « Je pense que les deux co-existeront », nuance-t-elle.

« La nouvelle génération ira vers la version électronique sans doute, mais la version papier du livre sera un 'luxury' pour eux  parce que l’être humain n’aime pas la routine. Si tous les livres sont en 'e-book' peut être que la version papier sera quelque chose qui donnera plus de douceur à l’art de la lecture / la passion pour la lecture ? ».

Système éducatif compétitif

Familière des lectures publiques qui lui permettent de « vérifier » l’Intérêt, ou pas, des jeunes pour le livre-papier, elle explique que si certains jeunes sont attentifs, le chemin reste néanmoins long pour « faire comprendre aux gens qu’il est nécessaire de cultiver l’esprit ». Elle pointe du doigt un système éducatif compétitif qui a mis à mal le besoin de cultiver l’esprit. « On pense souvent que la vie se résume à de bonnes notes, des diplômes et beaucoup d’argent. Je me demande souvent : « Mais quelle vie menez-vous ? » Une vie où on parle souvent de statut social grâce aux 'white collar jobs' et qui mènent à l’arrogance ? »

Si elle veut bien faire le premier pas en vue de promouvoir des rencontres de la poésie à Maurice, elle se heurte immanquablement à une certaine indifférence de ses pairs qui, dit-elle, restent timides et préfèrent rester dans leurs coins. L’esprit du partage intellectuel manque ici.  Si on partage avec un écrivain mauricien, souvent on se voit coller l’étiquette d’arrogant ou de  « granwar ».  « Il y a toute une mentalité à changer », dit-elle. Mais elle sait reconnaître le bon grain de l’ivraie parmi les écrivains mauriciens et de citer Mémoires Espiègles de Salette Siao, une Mauricienne dont l’ouvrage dépeint la réalité sino-mauricienne et la société mauricienne.

« L’aurore de la sagesse », recueil de poésies de Vatsala Radhakeesoon.

 

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