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Vassen Kauppaymuthoo, océanologue: « Avant d’acheter un terrain, vérifiez que la zone n’est pas inondable »

Le bouleversement climatique impose un recadrage de la planification du territoire, avise Vassen Kauppaymuthoo. Il souligne l’importance d’être proactifs pour éviter des pertes de vies humaines. Vivons-nous une période de transition au niveau du climat ? Les caprices du temps et les expériences vécues ces deux dernières années confirment que nous passons par une période de bouleversement climatique. Nous faisons face à des situations nouvelles, notamment avec les cyclones qui deviennent de plus en plus rares. Notre conception des dangers climatiques a changé. Cela nous oblige à revoir nos positions. Quels sont les nouveaux défis ? Nous faisons face à l’inconnu. Certains s’attendaient à des cyclones plus violents, mais nous constatons qu’ils sont de plus en plus rares. Par rapport à ce phénomène, on a déjà connu des désastres climatiques (inondations, sécheresse, pluies torrentielles et canicule). Cela devrait nous pousser à des réflexions en profondeur pour mettre en place un système d’alerte. Par exemple, nous ne sommes toujours pas prêts à faire face aux inondations. C’est une responsabilité qui doit être partagée entre les autorités, qui sont les régulateurs, et les citoyens qui doivent être sensibilisés pour qu’ils sachent quoi faire. Quid des infrastructures ? Entre autres choses, nous devons revoir notre planification du territoire. Nous avons permis des constructions dans des zones inondables. Citons l’embouchure des rivières, comme à Tamarin, Baie-du-Tombeau... Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu d’inondations pendant 50 ans que nous pouvons construire sur le lit des rivières. Une inondation peut survenir à tout moment. Au niveau de la planification du territoire, le ministère du Logement doit mettre en place une cartographie indiquant les endroits à risques et interdire de façon légale et administrative la construction sur les zones dangereuses. Avant d’acheter un terrain, il faut voir s’il ne se situe pas dans une zone inondable. Outre les inondations et la sécheresse, on pourrait aussi faire face à d’autres problèmes climatiques, notamment les grosses vagues. Il faut réfléchir pour trouver des solutions. Y a-t-il des zones identifiées comme des endroits à risques ? Je sais qu’on met actuellement en place une cartographie, par exemple à Deux-Frères et Quatre-Sœurs dans l’Est du pays. Il y a des zones où toute construction est interdite à cause des glissements de terrain. Celles-ci ont été identifiées après que des problèmes ont surgi. Il faut être proactif. C’est-à-dire mener une réflexion en profondeur pour identifier ces zones dangereuses avant l’octroi du permis pour des projets de construction. Le gouvernement ne doit pas hésiter à prendre des mesures strictes pour interdire tout projet de développement dans ces zones afin d’éviter des pertes de vies humaines et d’éventuelles poursuites. Des habitants occupent déjà ces régions. Pensez-vous qu’il faille les déplacer ? Il faut revoir la planification du territoire et, dans les années à venir, peut-être dans 10 ans, revoir toute notre planification côtière. Avec le réchauffement climatique, le niveau de la mer monte et ce phénomène va continuer. D’ici quelques années, toutes les régions côtières seront inondables. Ce qui aggravera l’érosion. Il faudra alors déplacer des habitants vers l’intérieur. C’est quelque chose que nous devons préparer dans le long terme. Est-il possible d’avoir une sécheresse dans les six mois qui suivent ? Oui. Généralement, la période des pluies est de novembre à avril. Elles se font rares en hiver. Comme le climat n’est plus le même, on peut avoir une très forte sécheresse qui peut durer jusqu’à 2017. Cela dit, il est important de planifier et de réagir vite et de manière proactive.
 

Prem Saddul, géomorphologue: « À Maurice, on n’est pas proactif »

Quels sont les endroits les plus à risques par rapport aux inondations ? Maurice est une île basaltique. Le sol est constitué de pores, de couches perméables et imperméables. En temps de grosses pluies, ces pores sont gorgés d’eau et celle-ci remonte à la surface. Nous avons 52 rivières qui dirigent ces eaux vers la mer. N’empêche qu’il y a des zones à risques. Je cite, en premier les pentes montagneuses sur lesquelles on a construit des maisons. Les autres endroits à risques se trouvent dans des cuvettes, par exemple Fond-du-Sac, le Champ-de-Mars, et Les Guibies, à Pailles. Il y a des marécages, comme à Flic-en-Flac, où les maisons sont inondées en période de grosses pluies. Les autres endroits à risques sont Grand-Baie, Pereybère, Quatre-Sœurs, Chitrakoot et les berges des rivières. Il faut contrôler ces régions. Il faut donc bien s’informer avant les prochaines constructions... Évidemment ! Il faut un aménagement du territoire. Le problème, c’est qu’il concerne plusieurs ministères et institutions. Malheureusement, les inondations sont imprévisibles, mais on doit pouvoir diminuer leur impact sur l’homme. On ne peut faire un aménagement du territoire et ensuite octroyer des permis de construction dans des zones à risques. Sinon, on revient à la case départ. Et les constructions existantes ? La tragédie à Maurice, c’est qu’on n’est pas proactif. Il nous faut une politique de délogement et de relogement des personnes vivant dans des endroits à risques, surtout celles qui vivent sur les flancs de montagnes. Il faut entreprendre un reboisement et canaliser les eaux à travers la construction de drains. Comment expliquer les problèmes de Fond-du-Sac ? Fond-du-Sac se trouve dans une région qui est l’exemple classique d’une cuvette géologique. Il est de plus entouré de trois volcans. Toutes les eaux sortant de Plaine-des-Papayes et Butte-aux-Papayes affluent vers Fond-du-Sac, qui ne peut les évacuer vers la mer. C’est pareil au Champ-de-Mars et à Les Guibies.
 

Showkutally soodhun: « Pas de terres gratuites »

Après la polémique suivant un article de presse au sujet de l’octroi des terres gratuitement aux Saoudiens pour des projets de développement, le vice-Premier ministre et ministre du Logement et des Terres a affirmé dans l’émission Au Cœur de l’info qu’il n’a jamais été question d’octroyer des terres gratuitement. Il a soutenu que tout terrain accordé à bail pour des projets de développement devra au préalable être approuvé par le Conseil des ministres. Les investisseurs arabes, dira Showkutally Soodhun, devront suivre les procédures d’usage. Il a donné la garantie qu’aucun développement ne se fera au détriment de la population. De son côté, le député Reza Uteem a fait ressortir que le MMM n’est pas contre l’octroi des terres pour des projets de développement, mais que tout doit être fait dans la transparence, à travers un appel d’offres international. Il a parlé des craintes du MMM sur le flou entourant le projet de Dubai Ports World dans la zone portuaire.
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