Vassen Kauppaymuthoo : «10 ans pour que l’écosystème puisse ressembler à ce qu’il était»

Pour l’océanographe et ingénieur en environnement Vassen Kauppaymuthoo, il faut avant tout établir un bilan écologique de la situation.

Combien de temps est-ce que l’écosystème marin prendra-t-il pour récupérer ?
Le déversement de carburant dans le lagon est conséquent. Le pétrole s’est mélangé dans l’eau et c’est fatal. Mais le lagon comprend également d’autres espèces marines, mangroves ainsi que des coraux qui ont pris des centaines d’années à se former. C’est un très mauvais signe. Je pense qu’il faudra plusieurs années, soit environ 10 ans, pour que l’écosystème marin puisse ressembler à ce qu’il était.

Doit-on comprendre que les lagons seront également impropres à la baignade pendant longtemps ?
En effet. On ne pourra pas nager dans les lagons pendant un bout de temps. Des semaines voire des mois. Les pêcheurs devront également attendre une année, voire dès années, avant de reprendre leur activité. Il importe d’abord d’établir un bilan écologique de la situation afin d’évaluer la dégradation.

À dimanche, la présence de carburant a été remarquée dans les lagons de l’Est…
En moins de trois jours de déversement de fioul (Ndlr : à dimanche après-midi), le carburant s’est frayé une route dans les lagons de l’Est. Mais il se pourrait bien que dans les deux à trois jours à venir, que tous les lagons à l’est, du nord au sud, c’est-à-dire de Grand-Gaube à Blue-Bay, soient être affectés.

Et si jamais le MV Wakashio se brise en deux, quels seront les dégâts pour l’écosystème ?
Si le navire se brise, il est certain qu’il y aura entre huit et dix fois plus de carburant dans les lagons. La nappe de pétrole risque de dépasser le nord du pays et il est certain que la situation se corsera davantage. La meilleure chose à entreprendre, comme je l’ai indiqué, était de pomper le carburant du navire immédiatement. Si cette manœuvre avait été entreprise par les autorités, la situation aurait été sous contrôle.