Vandana Jeetah, directrice nationale du concours à Maurice : «Pour que Maurice brille sur la scène internationale, il nous faut une Miss Universe de calibre»

Show de drones, cocktail-dînatoire raffiné et 15 finalistes qui se sont affrontées sur le podium pour figurer dans Top 3 et remporter la couronne… La finale de Miss Universe Mauritius 2024, dédiée à l’inclusion des femmes de tous horizons a été unique en son genre. 

Le jury, composé de dix membres, a choisi les quatre finalistes. Le vote public sur l’appli Choicely a, lui, permis à une cinquième candidate d’intégrer le Top 5 pour décrocher la couronne Miss Universe Mauritius 2024. C’est l’épreuve finale de question-réponse qui a démarqué les candidates du Top 3. La Miss Universe Mauritius 2024 remporte un cash-prize de Rs 300 000 et représentera le pays à Miss Universe International en novembre prochain au Mexique. 

Pourquoi l’inclusion des femmes de tous horizons à ce concours de beauté prestigieux est-elle si cruciale aujourd’hui ? Vandana Jeetah, la directrice nationale pour l’organisation de Miss Universe à Maurice, l’explique à Le Dimanche/L’Hebdo. L’heure est-il à un changement de mentalité ? « Oui. Car, l’enjeu va bien au-delà de la beauté physique. Il s’agit de redonner aux femmes mauriciennes confiance en elles, de leur permettre de s’épanouir, de changer la perception qu’on peut avoir d’elles et de faire entendre leur voix », répond Vandana Jeetah. Pour elle, il est temps que notre île soit représentée par une femme de calibre qui se bat non seulement pour la couronne, mais également pour toutes les autres.

De profession, Vandana Jeetah est directrice juridique. Élue Miss Universe Mauritius 2020, elle a porté les couleurs de l’île lors du concours Miss Universe à Miami, aux États-Unis, en 2021. Par la suite, elle a été choisie pour être la directrice nationale pour l’organisation de Miss Universe à Maurice. Elle a changé la donne cette année, en donnant l’opportunité aux femmes transgenres de concourir pour le titre. 

Elle explique qu’en avril 2024, une centaine de candidates ont postulé, dont deux femmes transgenres. Après trois castings au Tribecca Mall, 15 demi-finalistes ont été sélectionnées, incluant Karla Michelle. « Le concours Miss Universe Mauritius 2024 était ouvert à toutes les femmes ou définies comme telles, qui rêvent d’être une reine de beauté mais qui n’en ont jamais eu l’opportunité », souligne-t-elle. Elle précise que parmi les candidates pour la grande finale, il y avait des mamans, des jeunes professionnelles, des femmes entrepreneurs et des jeunes, âgées entre 18 et 38 ans. 

Vandana Jeetah ne cache pas que l’organisation de Miss Universe Mauritius 2024 a été un grand challenge. Elle s’est donné pour mission de transformer la qualité et le niveau de ce concours de beauté afin d’en faire un véritable tremplin pour les Mauriciennes de tous horizons, y compris les femmes transgenres. 

Pour un début de changement, Vandana Jeetah, qui est aussi la CEO de Crowns of Mauritius en plus d’être directrice nationale pour l’organisation de ce concours de beauté sponsorisé par le Monde de la Maison, a fait appel à Amida Hussen et Aziz Patel du Comité Miss Réunion. Avec l’expertise réunionnaise, les demi-finalistes ont été formées à plusieurs niveaux. Notamment pour les chorégraphies, le « catwalk », et le « Public Speaking ». « L’avenir du concours Miss Universe Mauritius repose sur l’inclusivité et l’encadrement des femmes à travers la formation », estime-t-elle.

À la clé de cette compétition, un cash-prize de Rs 300 000. Pourquoi ? Vandana Jeetah indique que cette cagnotte a été mise en jeu pour que la meilleure des candidates ait quelque chose en retour de sa participation à Miss Universe Mauritius 2024. Mais aussi pour motiver les concurrentes à donner le meilleur d’elles-mêmes pour remporter le concours. 

À l’international, le concours Miss Universe jouit d’un grand prestige. À Maurice, à l’inverse, il semble presque banalisé, lui faisons-nous remarquer 
« Oui. C’est bien le cas et c’est pour cela que je m’efforce de rehausser le niveau à travers la formation pour que nous ayons des candidates de calibre. J’ai été témoin du niveau des candidates qui se disputent la couronne de Miss Universe à l’international. C’est vraiment de qualité », fait-elle ressortir. 
« Pour représenter notre pays et avoir une chance de remporter cette couronne, il faut qu’on ait une Miss Universe Mauritius de calibre qui n’est pas seulement belle mais qui sait s’adresser à un public, qui réfléchit et qui maîtrise l’art du Catwalk parmi tant d’autres choses », soutient Vandana Jeetah. 

Comment atteindre cet objectif ? « La clé pour réussir, c’est la formation. Si nous préparons et encadrons nos candidates correctement, nous pouvons atteindre l’objectif qu’une Miss Universe de Maurice remporte un jour ce prestigieux concours », affirme-t-elle. 

En ce sens, l’engagement de Vandana Jeetah à rehausser la qualité de ce concours à Maurice, dépasse largement les podiums. « Miss Universe Mauritius n’est pas qu’un simple concours de beauté. Ce concours s’aligne sur le Sustainable Development Goal 5 – Achieve Gender Equality and Empower All Women and Girls », rappelle-t-elle. D’ailleurs, elle parle en connaissance de cause. Avocate de profession, elle sait combien la préparation est cruciale. « Gagner la couronne de Miss Universe nécessite bien plus qu’un sourire. Il faut une année de formation intensive pour être à la hauteur », conclut Vandana Jeetah qui rêve de voir une Miss Universe mauricienne triompher un jour, consciente de l’impact colossal que cela aurait pour notre pays.

Ryan Ah Seek, vice-président du Collectif Arc-en-Ciel : «Cette avancée marque un grand pas vers l’inclusion et l’égalité» 

Vice-président du Collectif Arc-en-Ciel, Ryan Ah Seek félicite le courage de Karla Michelle et la reconnaissance de son potentiel, soulignant que cette avancée symbolise un progrès majeur vers l’inclusion et l’égalité. « Sa participation au concours Miss Universe Mauritius 2024 témoigne d’un courage exceptionnel. Le fait qu’elle soit transgenre rend son parcours encore plus remarquable. En participant à ce concours, Karla Michelle contribue de manière significative à la lutte pour les droits humains. Son acceptation dans ce concours est un exemple précieux pour tous, non seulement dans les concours de beauté, mais aussi dans tous les aspects de la vie », affirme-t-il.

Il estime que c’est un moment charnière pour la communauté LGBT à Maurice. « Avoir Karla Michelle dans ce concours est un pas de géant vers l’acceptation. » Sa participation, ajoute-t-il, est une avancée considérable. « Nous commençons à prendre conscience que chaque personne a un rôle à jouer dans le progrès de notre société et qu’il est impératif que tout le monde soit traité de la même manière avec les mêmes opportunités. »

Pour Ryan Ah Seek, la présence d’une première personne transgenre dans le concours Miss Universe Mauritius cette année est une source d’espoir et de fierté. « Cela donne de l’espoir à d’autres personnes de la communauté LGBT qui, assises devant leur télé, se demandent si un jour elles aussi pourront participer à ce genre de concours, en dépit de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. »

Ryan Ah Seek est d’avis qu’« en tant que transgenre, Karla Michelle montre à chacun d’entre nous que chaque personne mérite d’être reconnue et valorisée. Comme je le dis toujours, lorsqu’on coupe ma main, c’est du sang rouge qui sort et non doré ou noir parce que je suis gay. Nous sommes tous humains avant tout ».

Ryan exprime également sa gratitude envers la directrice nationale de l’organisation du concours Miss Universe Mauritius 2024 pour avoir ouvert la voie à Karla Michelle. « Un grand merci à elle, car cela montre que la communauté LGBT n’est pas marginalisée mais qu’elle a sa place et peut apporter sa contribution unique à ce qui est meilleur. Les chefs d’entreprise, les employeurs, la famille et tous ceux qui se demandent ce qu’ils doivent faire avec les membres de la communauté LGBT, doivent simplement accorder leur place à chaque personne. C’est tout ce qu’il faut pour bâtir une société plus inclusive », conclut Ryan Ah Seek.