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Vallée Pitot, Tranquebar, Chitrakoot et Résidences La-Cure : vers le relogement des habitants de zones à risque

relogement
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Le ministère du Logement et des Terres procède actuellement à un recensement des familles habitant des zones à risque à Port-Louis. Il s’agit de leur fournir des logements sociaux.

C’est ce qui ressort de deux réunions tenues les 25 et 26 octobre au siège du National Disaster Risk Reduction Management Centre (NDRRMC) à Port-Louis. Elles étaient présidées par Khemraj Servansing, Officer-in-Charge du NDRRMC. Dans un premier temps, le NDRRMC s’est appesanti sur le cas des familles vulnérables de Chitrakoot, à Vallée-des-Prêtres, et celles de Vallée-Pitot.

Ces deux régions sont connues pour des glissements de terrain ayant engendré l’effondrement de maisons. Lors de la réunion du jeudi 25 octobre, le représentant de la Land Management Unit du ministère du Logement et des Terres a souligné que, si certaines familles concernées ont déjà été relogées, d’autres sont toujours en attente.

Recensement

À octobre 2018, la Land Management Unit procédait à un recensement du nombre exact de familles concernées. Parallèlement, la Phase B des counter measures work entrepris par cette même unité dans le cadre des Landslide Mitigation Measures avait déjà été enclenchée pour ces deux régions.

Nou finn bizin met matela lor ressor pou ki li pas trempé»

Le jour suivant, soit le vendredi 26 octobre, le NDRRMC s’est attardé sur le relogement des squatteurs de Tranquebar et de Résidences La-Cure, deux flood-prone areas. Lors de cette réunion, le représentant du ministère du Logement et des Terres a fait ressortir qu’à Tranquebar, les squatteurs ont élu domicile sur un terrain privé, alors qu’à Résidences La-Cure, 19 familles, soit 79 personnes, squattent un terrain appartenant à l’État. Un recensement est en cours en vue d’identifier les familles à risque dans ces deux régions en vue d’un éventuel relogement. 

Profitant d’une journée pluvieuse, le mardi 27 novembre 2018, une équipe de Le Dimanche/L’Hebdo s’est rendue dans les régions mentionnées. À Camp-Manna, Tranquebar, nous avons rencontré la famille Quatre Bornes. Cela fait une trentaine d’années que la famille squatte à cet endroit. La mère de famille indique ne pas savoir si le terrain appartient à l’État ou à un particulier.

Ce qui est sûr, c’est qu’à chaque averse, les familles qui y ont élu domicile vivent un véritable calvaire. « Kan lapli tombe partou inonde. Na pa capav sorti, bizin res dan lakaz malgre li koule », explique un membre de la famille.

En effet, l’eau de pluie pénètre leur bicoque de deux pièces par le toit. Des bouteilles en plastique sont accrochées aux poutres constituant la structure de leur maison de fortune, pour que l’eau qui goutte n’envahisse pas leur maison. Mais c’est peine perdue, car l’eau y pénètre aussi par le sol, lequel est recouvert d’une moquette, également trempée.

À même le sol

Faute de lit et d’espace, les Quatre Bornes dorment à quatre dans une pièce, sur des matelas posés à même le sol. « Nou finn bizin met matla lor resor pou ki li pa trampe », nous indique la fille, tout en soulevant le matelas.

La mère soutient qu’elle a récemment fait une chute, car le sol était trempé. « Je me suis fait une entaille à la jambe », dit-elle, en montrant les points de suture. À en croire ses dires, de nombreuses autres familles vivent les mêmes difficultés en période de pluie.

« C’est pire lorsqu’il pleut et que les enfants doivent se rendre à l’école. Dimoun krwar nou pann baign nou zanfan nou pe avoy zot lekol malang. Or, ils se salissent en quittant la maison », fait-elle ressortir, en expliquant que les enfants doivent parfois être transportés sur le dos.

En fait, dépourvus de routes, les habitants de cette région doivent emprunter des sentiers, qui deviennent quasiment impraticables lorsqu’il pleut abondamment. « Kouma ou trouve, mo bizin met bot pou mo rant kot mwa », dit Adeline Jaffa. Elle revient du travail et nous montre sa paire de chaussures, qu’elle a emballée dans un sac en plastique.

Âgée de 54 ans, notre interlocutrice soutient que cette situation engendre de gros problèmes d’hygiène et de santé. « Kan ena lapli, gagn de gro basin delo. Sa devid dan lakaz ek seki akimile la fer moustik. Sandal moustik res alime enn zourne », souligne-t-elle.

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Chez la famille Quatre Bornes à Tranquebar.

À Vallée-Pitot : des mesures qui ont créé des problèmes

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À Vallée-Pitot, plus précisément à Eid Gah road, Muhseen Peerboccus doit lui aussi faire face à des problèmes d’accumulation d’eau. Bien que sa maison soit en dur, l’eau de pluie y pénètre à travers les murs.

« Comme vous le constatez, je dois marcher dans une flaque d’eau, qui s’accumule dans ma chambre et qui descend jusqu’à la cuisine et la pièce à vivre. Sak fwa ena gro lapli, mo bizin pran mop ek sifon pou tir delo », déclare le quadragénaire.

Ce problème, dit-il, date de l’année dernière. « Tout a commencé lorsque des travaux ont été entrepris pour ériger un mur de soutènement à côté de ma maison. Le mur a été construit de telle façon que l’eau qui s’y échappe à travers des orifices trouve son chemin jusqu’à ma maison. Kot pa ti ena problem finn kre problem ! » fait-il observer.

Toujours à Vallée-Pitot, chez la famille Myram, qui habite à proximité du lieu-dit Parc bœuf. Cette région est connue pour ses problèmes de glissement de terrain, des maisons s’étant effondrées dans le passé.

Sak fwa ena gro lapli, mo bizin pran mop ek sifon pou tir delo»

« C’est en 2007 que nous avons commencé à avoir ce problème. À la suite des travaux qui avaient été entrepris à l’époque sur le flanc de la montagne, un canal qui se déversait dans le Canal Anglais s’est retrouvé obstrué. Rezilta, ban miray ti pe fele », raconte Farez Myram.

Depuis, un système d’alerte a été installé. « Lorsque le sol bouge, le système d’alerte se déclenche et une alarme retentit pour informer les habitants », poursuit-il. Celui-ci concède toutefois qu’après l’installation de drains l’année dernière, le problème est résolu. « Autant que je sache, il n’y a plus de problème de glissement de terrain. Il est arrivé que la sirène retentisse même lorsqu’il ne pleut pas. Du coup, on ne sait pas si cela marche toujours », dit-il. 

À Vallée-Pitot : Canal Anglais, un danger

Le Canal Anglais représente un danger pour ses habitants en période de grosse pluie. C’est ce qui est ressorti de la réunion du jeudi 25 octobre. « (…) at Canal Anglais, the sliding area is bounded by the canal area which can cause serious damage during heavy rainfall ». Une suggestion a ainsi été faite pour des travaux de remise à jour du canal.

Aide japonaise Rs 57,3 M allouées pour des travaux de réhabilitation

En 2016, un montant de Rs 57,3 millions avait été voté sous l’item Rehabilitation works for Landslide Management. À la suite à d’une interpellation du député du Parti Travailliste Osman Mahomed, le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, a précisé que ces travaux de réhabilitation concernaient les régions de Chitrakoot, Vallée-Pitot, La-Butte, Macondé, Kewal-Nagar et Camp-Carol. L’État mauricien avait bénéficié, pour cela, de l’assistance des Japonais.


À Chitrakoot : le glissement de terrain cause des fissures

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Chez la famille Bhikaree à Vallée-des-Prêtres.

Des fissures le long des murs, sur le sol et même au plafond. C’est le triste constat chez la famille Bhikaree, à Chitrakoot, Vallée-des-Prêtres. Yogesh Bhikaree, un des membres de cette famille, soutient que le problème de glissement de terrain perdure depuis une dizaine d’années.

« Notre maison était en construction lorsque les problèmes ont surgi. Des fissures sont apparues et nous avons dû tout stopper », explique notre interlocuteur. Depuis, ajoute Yogesh Bhikaree, il ne peut poursuivre avec la construction de sa maison car, à cause de ce problème, la mairie de Port-Louis ne permet plus de construction pour des raisons de sécurité. « En période d’averses, le plafond suinte par endroit et des portes ne se referment plus », dit-il. 

Ses démarches pour obtenir un terrain se sont aussi soldées par des échecs. « Une douzaine de familles a obtenu un terrain à Morcellement Raffray, Le Hochet. Quelques familles et moi étions les prochains sur la liste, mais depuis, plus rien. Et pourtant, les autorités connaissent notre situation, car à chaque averse, la police nous appelle pour nous demander si tout va bien », fait-il ressortir. Yogesh Bhikaree indique que sa famille s’est résolue à vivre avec ce problème. « Nou finn fini abitie viv koumsa, ki pou fer ! » concède-t-il.

 

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