Vague de chaleur : la consommation d’énergie atteint un pic record

Rien qu’à Port-Louis, le mercure est monté jusqu’à 34,6 degrés Celsius. Selon les services météorologiques de Vacoas, la situation durera jusqu’à la fin de la semaine. Au banc des accusés : un vent léger du Nord-Est provenant de l’Équateur qui souffle sur la région. Pour mieux supporter la chaleur, les abonnés du Central Electricity Board n’y sont pas allés de main morte avec les climatiseurs et les ventilateurs. L’organisme affirme que la consommation de courant a atteint un chiffre record de 492,7 mégawatts le mardi 22 janvier.

Pic de chaleur oblige, on pousse à fond les climatiseurs et les ventilateurs. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi le Central Electricity Board (CEB) a enregistré une hausse de la consommation énergétique le mardi 22 janvier. Shamshir Mukoon, directeur par intérim de l’organisme, parle d’un chiffre record de 492,7 mégawatts jamais atteint jusqu’ici.

Avinash Dookhee, prévisionniste à la station de Vacoas, explique que ce vent léger entraîne dans son sillage un peu plus de chaleur et d’humidité que d’habitude sur Maurice. Il ajoute que l’absence de nuages exacerbe la situation. Les journées sont plus ensoleillées, d’où une hausse de la température allant jusqu’à 35 degrés Celsius. Des pluies, dues à la présence de nuages, sont toutefois attendues ce week-end, selon le prévisionniste. Ce qui devrait, dit-il, entraîner une légère baisse de la température. La chaleur, elle, se fera toujours sentir.

Pour y faire face, chacun y va de sa méthode. Les ventilateurs et les climatiseurs sont des alliés indispensables en ce moment. Ils se vendent comme des petits pains dans les différentes enseignes de l’île. Reza Fareedun, responsable de la succursale Cash N Carry de Quatre-Bornes, parle d’une légère hausse des ventes. Depuis novembre 2018, il dit avoir écoulé plus de 900 ventilateurs et 75 climatiseurs. La situation est quasi la même dans d’autres commerces.

La parole aux experts…

D’un point de vue santé, la thermorégulation est un mécanisme qui permet d’autoréguler la température corporelle. En cas de forte chaleur, une température ambiante élevée peut perturber le mécanisme d’autorégulation. Résultat : celui-ci est surmené. C’est ce qui peut engendrer des problèmes de santé, selon le Dr Fazil Khodaboccus, Senior Community Physician au ministère de la Santé.

« À travers la vasodilatation, le corps va automatiquement évacuer la chaleur pour faire baisser la température corporelle à travers la transpiration, par exemple », dit-il. Il ajoute que les personnes âgées et les enfants en bas âge de même que ceux qui souffrent de maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertension et les troubles cardiovasculaires, sont les plus à risques. Idem pour les personnes obèses, les sportifs, les femmes enceintes et ceux qui travaillent en plein air sur les chantiers de construction.

En cette période de forte chaleur, il est donc recommandé de bien s’hydrater. Mais il ne faut pas ingérer n’importe quoi non plus. L’eau demeure la boisson à privilégier, selon la nutritionniste Diane Desmarais. En été, plus particulièrement en période de forte chaleur, il est important de boire avant même d’avoir soif.

L’eau filtrée du robinet est la meilleure boisson à consommer. On peut aussi prendre de l’eau minérale. Diane Desmarais prévient qu’il faut faire attention à l’eau de table car elle ne contient pas assez de minéraux et elle ne compense donc pas asssez les sels minéraux perdus à travers la sudation. « La qualité de l’eau est importante si on veut bien se réhydrater », dit-elle. Deux à trois litres d’eau par jour sont recommandés. À ceux qui transpirent beaucoup ou qui travaillent à l’extérieur, elle leur conseille d’en consommer un peu plus. La nutritionniste ajoute qu’il est aussi possible de prendre des infusions chaudes ou qu’on aura laissé refroidir au préalable.

Chaud devant !

Le Défi Quotidien a sillonné la capitale, histoire de voir comment la population survit à cette chaleur écrasante. Chacun y va de sa méthode : bouteilles d’eau, alouda, thé glacé, glaces, boissons gazeuses, eau de coco… Ou encore éventails improvisés à partir de morceaux de carton ou de papier journal.

Après un trajet en voiture, certains prévoient même une chemise de rechange, car ils rentrent souvent au boulot en nage. D’autres, moins chanceux, doivent supporter la chaleur du transport en commun. Comme les véhicules ne sont pas tous dotés d’un système de climatisation, les déodorants sont de rigueur et les petites serviettes sont de sortie pour s’éponger le front ainsi que la nuque qui dégoulinent de sueur.

Pour se rendre à la capitale, c’est encore pire. Les rues grouillent de personnes qui pressent le pas pour s’abriter du soleil de plomb. D’autres plus prévoyants sont munies de leurs parasols. Au Marché central, ils sont nombreux à se mettre en rang d’oignons devant les marchands d’alouda et de jus frais pour étancher leur soif. Les maraîchers, eux, vident les bouteilles en descendant de grosses gorgées. Les touristes qui ont fui le froid d’Europe se ruent sur l’eau de coco pour se désaltérer face à la chaleur.

Un peu plus loin, dans un faubourg de Port-Louis, des hommes sont assis sous un grand arbre. « Pa pe kapav res dan lakaz. Nou finn vinn pran ler lamer. Tro so », indique Harold. Un autre habitant s’est mis sur un banc, face à la mer, pour une petite sieste. Tous espèrent vivement que la vague de chaleur qui persiste depuis ces dernières semaines se dissipe au plus vite.