D’année en année, le nombre de Mauriciens qui voyagent augmente. Les agences de voyages mettent cela sur le compte d’une culture changeante et une concurrence entre compagnies aériennes qui misent sur des promotions. L’Asie figure parmi les destinations les plus populaires et les plus abordables.
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De janvier à septembre 2017, plus de 204 426 Mauriciens ont voyagé. À la même époque en 2016, ce nombre était de 186 314. Une croissance de 9,7 %. Qu’est-ce qui explique que les Mauriciens voyagent plus et où préfèrent-ils se rendre ? Les agences de voyages à qui on pose la question ont la même réponse : on a désormais un budget voyage et les personnes de plus de 40 ans qui ont remboursé leurs principales dettes investissent dans leurs vacances. Le pays asiatiques et l’Europe demeurent des destinations privilégiées, malgré l’émergence de nouveaux créneaux comme le pèlerinage en Terre sainte.
Pour Caroline Chen, directrice d’Atom Travel, le phénomène s’explique surtout par le fait qu’il y a plus de compagnies aériennes qui desservent Maurice, ce qui les poussent à proposer des promotions à la pelle. « Par exemple, il y avait une promotion cette semaine, avec des billets pour Paris à Rs 30 000, alors que normalement cela coûterait plus de Rs 40 000, explique-t-elle, mais à Atom, nous vendons aussi un nombre croissant de packages et de group tours. »
L’avantage des agences de voyages, c’est qu’elles achètent les billets avec un an d’avance pour bénéficier des tarifs préférentiels early bird et ont ensuite toute une année pour revendre les billets. « Nous avons déjà acheté des billets pour décembre 2018 et avec notre réseau, on est sûr de tout vendre », assure Caroline Chen. Ainsi, le coût des billets pour une croisière, par exemple, peut descendre à Rs 30 000. Une tournée aux États-Unis et au Canada, prévue pour le mois de mai est déjà bouclée. « Au total, cette année, on a vendu 55 000 billets sans compter les croisières », ajoute la directrice d’Atom Travel.
L'asie la plus prisée
Mais la reine des destinations des Mauriciens, selon Marlys Ithier, directrice du département des voyages chez Concorde Travel, demeure l’Asie. « Malgré la progression d'autres destinations, l’Asie reste tout de même une destination phare, explique-t-elle, la destination est plus abordable vu le train de vie et des facteurs comme le taux de change. Il est relativement facile de se payer des vacances en Asie. » Marlys Ithier assure que la popularité de l’Asie est loin d’être un phénomène nouveau. « Pour les voyages en Europe, il faut plutôt compter sur la période avril-août », confie cette dernière.
Cependant, il faudrait prendre garde à ne pas attribuer cette augmentation des Mauriciens qui voyagent à la seule envie de prendre des vacances. « Il y a aujourd’hui beaucoup de voyages d’affaires et les étudiants font plus de va-et-vient qu’auparavant », avance Marlys Ithier. Selon cette dernière, il était, autre fois, commun que les Mauriciens qui étudient à l’étranger y restent pour la durée des trois ans d’étude. Désormais la majorité revient au pays au minimum une fois l’an, parfois même deux fois. « Cela coûte moins de revenir que de rester trois mois en Europe », indique-t-elle.
Pour cette période de fêtes, Yovan Seery, superviseur chez Blueberry Travel, explique que le package le plus populaire que vend l’agence de voyages concerne Rodrigues. « On fait beaucoup de voyages en famille ou en couple avec le package à l’auberge ou à l’hôtel, explique-t-il, par contre, pour les destinations comme l’Europe, les gens optent plutôt pour les billets que les packages. On préfère loger chez un proche. »
Outre Rodrigues, les packages les plus demandés comprennent Dubaï, la Malaisie, la Thaïlande et Guangzhou. « L’Afrique du Sud n’est pas tellement demandée, mais ceux qui optent pour cette destination prennent généralement un package, c’est vrai, explique Yovan Seery, mais l’Europe et l’Asie demeurent les destinations les plus prisées. »
Il ajoute que bon nombre de voyageurs attendent des promotions pour choisir leur destination. « Souvent, il n’y a pas besoin d’un budget extraordinaire pour faire un voyage. Ceux qui optent pour les tarifs normaux sont généralement ceux qui ont un urgent besoin de voyager. » Parmi les promotions populaires figurent celles ayant trait au White Christmas en Europe, ceux d’Air Austral sur la Chine ou encore d’Air Seychelles pour l’Inde.
« Cela fait 10 ans que je suis dans le métier, déclare Yovan Seery, et d’année en année, le nombre de Mauriciens qui voyagent augmentent. Nous avons de plus en plus de personnes qui appellent pour se renseigner sur les prix des billets. »
Le nouveau créneau des pèlerinages
Terre sainte, sur les pas de Saint-Paul en Turquie, sur les pas des saints polonais, sanctuaires de France… Un échantillon de certains des packages qu’on trouve désormais sur le site d’Atom Travel. C’est un créneau découvert avec l’accession de Maurice Piat au rang de Cardinal. « Quand il fallait partir à Rome quand Maurice Piat a été fait Cardinal, nous avons organisé le séjour d’environ 80 pèlerins, raconte Caroline Chen, par la suite, on m’a demandé de voir comment on pouvait utiliser notre pouvoir d’achat pour démocratiser le pèlerinage. » Selon elle, Atom Travel parvient à proposer des tarifs très attirants : un séjour de deux semaines en Terre sainte coûte Rs 86 500. Un séjour similaire devrait coûter plus de Rs 100 000, selon elle. « Ces nouveaux packages ont aussi augmenté le nombre de départs, ajoute-t-elle, on va aussi lancer des packages sur la Jordanie et Israël. »
Les économies financent la majorité des voyages
Les voyages ne sont plus l’apanage des riches. Chez les trois agences de voyages approchées par Le Défi Plus, la majorité des clients est issue de la classe moyenne. Ce sont les économies qui financent les vacances à l’étranger.
« Je dirais que la majorité de nos clients sont de la catégorie upper middle class, déclare Caroline Chen d’Atom Travel, mais il y a définitivement plus de retraités ou de gens de plus de 40 ans. » L’explication est simple selon elle : quand on a moins de 30 ans, on s’occupe plus à rembourser le prêt logement contracté auprès des banques ou encore à s’acheter une voiture. Une fois la quarantaine, les charges financières importantes ont été réglées et on peut songer à faire autre chose de son argent. « Nous avons aussi beaucoup de fonctionnaires, d’enseignants du cycle secondaire qui profitent de leur Passage Benefits », précise Caroline Chen.
« C’est devenu un mode de vie, tout le monde voyage », explique pour sa part Marlys Ithier, de Concorde Travel. La différence, de nos jours, c’est que les gens économisent, estime cette dernière. « Chez les Mauriciens, je crois qu’il y a, de nos jours, un budget voyage, ce qui n’était pas le cas avant », ajoute-t-elle.
Yovan Seery, de Blueberry Travel, partage le même avis. « Tout le monde économise pour pouvoir se payer un billet, parfois on peut même avoir des gens qui ne sont même pas de la classe moyenne, explique-t-il, certains économisent pour pouvoir voyager tous les ans, d’autres chaque deux ans, d’autres encore chaque trois mois… »
Dans les années à venir, un autre mode de financement pourrait accroître davantage le nombre de Mauriciens qui voyagent : le crédit. « On s’est associé à l’Employees’ Welfare Fund qui offre un crédit à un taux d’intérêt très bas, révèle Caroline Chen, et la CIM a aussi un nouveau plan similaire. »
Selon Marlys Ithier, Concorde Travel commencera à travailler avec la CIM l’année prochaine pour financer les voyages à crédit. Mais ce n’est pas encore un phénomène qui a décollé. Nous avons tenté d’en savoir plus auprès de la CIM, mais nos appels sont restés sans suite.
Les destinations préférées et celles qui gagnent en popularité
Les chiffres indiquent que les Émirats arabes unis sont la principale destination des Mauriciens, cependant, il s’agit surtout d’un lieu de transit pour d’autres destinations. Ce qui laisse La Réunion, la France, l’Inde et le Royaume Uni comme destinations préférées des Mauriciens.
En termes de destination à plus forte croissance, on note celle de 158,5 % de la Turquie, avec 4 260 Mauriciens qui ont opté pour cette destination. Toutefois, au niveau des agences de voyage, on estime que c’est l’arrivée de Turkish Airlines qui explique ce boom, Istanbul étant devenu un autre lieu de transit important pour les Mauriciens. « Je ne crois pas que cela démontre un intérêt pour Istanbul, explique Marlys Ithier, de Concorde Travel, Turkish Airlines est arrivée en 2016, mais avec les problèmes politiques, cela n’a pas rassuré les voyageurs. Cette année, les choses changent et les Mauriciens sont assez rassurés de passer par Istanbul. Je ne crois pas qu’il y ait autant de Mauriciens qui visitent ce pays. »
Ce qui laisse la Chine et le Singapour comme destinations avec la plus forte croissance. Mais encore, pour le Singapour, la chose s’explique par le couloir aérien : autrefois, le vol d’Air Mauritius transitait par Kuala Lumpur avant de rejoindre Changi. C’est donc la Malaisie qui bénéficiait le plus de Mauriciens en transit. Avec le couloir aérien, le vol s’arrête à Changi avant d’aller à Kuala Lumpur. C’est donc le Singapour qui est devenu l’aéroport de transit par excellence des Mauriciens pour les autres destinations asiatiques.
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