Depuis l’annonce du projet d’Heritage City, les prix des terrains se trouvant à proximité se sont envolés, observe Uttum Sanmukhiya. Le directeur de V5 IMMOBILIER tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’une spéculation foncière démesurée.
[blockquote]« Il y a toujours une forte demande pour les appartements, mais pas à n’importe quel prix. »[/blockquote]
Certains agents et promoteurs immobiliers anticipent une hausse des prix des terrains dans la région couvrant Bagatelle, Ébène, Moka, Highlands et Phoenix avec la construction de Heritage City. Doit-on craindre une forme de spéculation foncière ?
La spéculation foncière a déjà commencé depuis l’annonce du projet Heritage City, voire avant, par ceux « qui étaient dans le secret ». Actuellement, la spéculation se poursuit. D’ailleurs, il y a beaucoup de particuliers qui ont mis en vente leurs terrains qui se situent autour de Heritage City. Naturellement, ils réclament des prix « fous ». À titre d’exemple, le prix demandé pour un terrain à Moka va jusqu’à Rs 30 000 la toise. Dans toute économie, il est normal de spéculer. Toutefois, il faut que ce soit une spéculation raisonnable et non démesurée.
Arrive-t-on à trouver des clients avec des prix aussi exorbitants ?
Les gens sont très prudents. Ils ne vont pas acheter aveuglement. Ils vont attendre que Heritage City sorte de terre pour décider d’aller de l’avant ou pas avec l’achat d’un terrain dans cette région. Or, d’une part, le projet, qui est très politisé, n’a pas encore démarré. D’autre part, rien à ce stade ne dit s’ils auront un accès direct à Heritage City ou encore s’ils vont pouvoir, de par leur proximité, jouir des facilités de cette ville.
Outre la spéculation foncière, doit-on craindre, avec la construction des Smart cities, d’autres répercussions sur le marché de l’immobilier ?
D’abord, je voudrais dire que Maurice est trop petit pour parler de Smart cities. Il aurait fallu penser à un projet de Smart Island et venir de l’avant avec un Masterplan tout en faisant parallèlement l’éducation des Mauriciens sur le sujet. Pour répondre à votre question, je dirais personnellement non, vu qu’un bon nombre de Mauriciens ne savent pas encore quelle est la réelle définition d’une Smart city.
Ces derniers mois, avec la morosité économique, les prix des terrains avaient commencé à se stabiliser. Peut-on dire qu’aujourd’hui, avec les projets annoncés, la tendance s’est inversée ?
Oui ! Toutefois, il faut faire ressortir que les prix des terrains sont toujours demeurés élevés, bien qu’il y ait un tassement au niveau de la vente. Il y a plus de négociations qui sont en cours, mais cela ne veut pas dire qu’elles vont aboutir par des ventes.
Parlons de la région d’Ebène. Certains bureaux sont vides actuellement, même si les propriétaires annoncent qu’ils sont sous réservation. Quelle est la situation au juste ?
Depuis des années, je dis qu’il y aura des bâtiments fantômes, non seulement à Ebène, mais également ailleurs. Nous avons un surplus d’offres au niveau des espaces bureaux. Or, il faut reconnaître que le marché est trop petit malgré l’ouverture du pays aux étrangers. Si les propriétaires parlent, eux, de réservation, c’est peut-être une question de stratégie.
Qu’en est-il de la vente des appartements ?
Il y a toujours une forte demande pour les appartements, mais pas à n’importe quel prix. Beaucoup de Mauriciens veulent en acheter, mais leurs moyens ne sont pas extensibles. Or, il faut compter Rs 4,5 millions, Rs 15 millions, Rs 18 millions voire jusqu’à Rs 23 millions pour l’achat d’un appartement. Devant toutes ces spéculations, je ne peux m’empêcher d’être inquiet sur le fait que le pays puisse faire face, à l’avenir, à une récession artificielle, car les prix sont trop gonflés.
Depuis plusieurs années, les agents immobiliers tirent la sonnette d’alarme sur les courtiers « marrons » qui déstabiliseraient le marché par les frais qu’ils pratiquent. Cette situation perdure-t-elle ?
Comme pour toute profession, il y a des têtes brûlées. Je ne suis pas contre des agents immobiliers, qu’ils soient blancs (Ndlr : des courtiers autorisés à exercer par la loi) ou « marrons », du moment qu’ils fassent bien leur métier et qu’ils ont la compétence, la connaissance et l’expérience voulues.
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