Une demande d’autorisation pour dispenser des cours à temps partiel dans une autre institution n’est traitée qu’après l’ouverture d’une enquête par l’ICAC. Soit 21 mois plus tard.
La vice-chancelière (VC) de l’Université de Maurice (UoM), Romeela Mohee, aurait-elle, sciemment, cherché à protéger trois chargés de cours ? C’est la question soulevée par ses détracteurs dans une correspondance adressée à la Commission anticorruption (ICAC). Ces trois chargés de cours, de la Faculté de droit, ont travaillé à temps partiel pendant presque deux ans pour une autre institution, sans autorisation formelle. Une pratique interdite. Il a fallu attendre une enquête de l’ICAC, initiée en mai dernier, pour que la VC avertisse le directeur des ressources humaines de l’UoM d’une demande logée en janvier 2014… Soit, avec 21 mois de retard .
Le Défi Quotidien est en possession de trois mémos datés du 10 janvier 2014 adressés à la vice-chancelière par les chargés de cours concernés – le Dr Boopen Seetanah, le Dr Robin Nunkoo et le Dr Raja Vinesh Sannassee, tous de la Faculté de droit. Les trois chargés de cours l’informent qu’ils ont été approchés par l’Amity Institute pour y enseigner à temps partiel. Il y a déjà là une anomalie : la procédure veut qu’une telle requête soit adressée au doyen de la Faculté. Ce qui n’a pas été le cas concernant ce dossier.
Approchée, la Pr Anita Ramgutty-Wong, qui occupait les fonctions de doyenne en janvier 2014, explique qu’elle ne peut se prononcer sur une affaire qui fait l’objet d’une enquête de la part de l’ICAC. Elle affirme cependant que « le bureau du doyen de la Faculté de droit au moment des faits n’a été impliqué dans aucune maldonne ».
Note manuscrite
Ce qui intrigue le plus, toutefois, c’est que sur les mémos, le tampon du bureau du VC est daté du 8 octobre 2015, accompagnée, sur celui du Dr Seetanah, d’une note manuscrite : « To DHR Stayed in my office since January 2014 ». Les mémos seraient donc restés dans le bureau du VC durant 21 mois. Pendant cette même période, les chargés de cours ont quand même dispensé des cours à Amity Institute. Mais, étrangement, il n’y aucune trace officielle de la présentation d’un tel dossier au bureau de la VC, le 10 janvier 2014. Par ailleurs, après avoir finalement transmis la demande au DRH, Romeela Mohee fait circuler un mémo parmi tous les employés de l’UoM, le 15 octobre, pour leur rappeler qu’ils ne peuvent enseigner ailleurs sans son autorisation. On peut y lire ceci : « All University Staff members are reminded that their contracts of employment stipulate that they will not be allowed to engage in any other employment, whether remunerative or not, without the written permission of the Vice-Chancellor ». Le fait que les mémos aient fait surface seulement après que l’ICAC eut commencé à poser des questions au responsable des ressources humaines en mai, soulève des interrogations sur le campus. Dans quelles circonstances trois demandes d’autorisation ont été ‘oubliées’ dans le bureau du VC pendant près de deux ans ? Nous avons tenté sans succès d’obtenir le point de vue de la Pr Mohee. Les trois chargés de cours concernés n’ont pas répondu à nos sollicitations.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !