Faits Divers

Uni dans la mort : le couple Pyaneeandee meurt le même jour après 50 ans de mariage

C’est une histoire peu banale. Paraveeren, 71 ans, et Leelawotee Shardah Pyaneeandee, 67 ans, se sont aimés jusqu’à la mort. Heureux parents de deux fils et d’une fille, ce couple modeste, originaire de  Valton, Montagne-Longue, comptait cinquante ans de vie commune.

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« Notre père, qui s’occupait d’elle, était très fort. C’est lui qui soutenait notre mère »

Inséparables durant toutes ces années, ils ont conservé cet attachement même dans la mort. Le samedi 21 octobre dernier, Shardah a été emportée durant son sommeil et quatre heures plus tard, c’est son époux qui est allé la rejoindre dans l’au-delà.

Neeraj Pyaneeandee et son frère Avinash,  46 et 40 ans respectivement, gardent toujours en mémoire ce que leur père leur a dit un jour. « Linn deza dir ki si so madam mor enn zour, li pa pou reste. » Cette déclaration faite par leur père en dit long sur sa profonde et éternelle relation avec leur mère.

Les enfants du couple sont accablés par cette double disparition.

Les deux époux étaient originaires de Montagne-Longue. «  Nos parents se sont connus et se sont aimés », nous explique Neeraj. Paraveeren  gagnait sa vie comme laboureur, alors que son épouse était femme au foyer. « Ils étaient faits l’un pour l’autre », poursuit l’aîné des fils. Voulant donner toutes les chances à leurs enfants de réussir dans la vie, les parents se sont acharnés au travail. « Zot ti toultan anvi nou arive dan lavi », nous dit Neeraj.

Décrit comme « bosseur », leur père se réveillait très tôt. «  Auparavant, dans la région, on l’appelait marsan dipin.  Avant de partir aux champs, il allait vendre du pain dans la localité. Des fois, je l’aidais dans ses tournées », se souvient l’aîné de la famille.

Niveau de vie modeste

Malgré leur niveau de vie modeste, les enfants n’ont pas été sujets aux privations. « Nous avons tous les trois pu étudier grâce à leurs efforts », soutient Neeraj. Certainement, il y a eu des hauts et des bas, mais le couple arrivait toujours à faire face à la situation. Au fil du temps, chacun des enfants a volé de ses propres ailes. Neeraj, cuisinier de formation, est parti s’installer aux Emirats Arabes Unis et son frère, également dans l’hôtellerie, a pris de l’emploi au Qatar. Leur sœur, Ansuya, s’est mariée et s’est installée ailleurs. Il ne restait  que le vieux couple à la maison.

« J’ai quitté le pays, il y a treize ans environ. Pour mon frère, cela fait huit ans. Nos parents se sont davantage rapprochés, car il n’y avait qu’eux à  la maison », nous explique Neeraj. Le père a ensuite pris sa retraite, mais pas question pour lui d’enterrer les outils. En effet, aux dires de ses enfants, il était encore très débrouillard. «  À son âge, malgré la retraite, il se réveillait très tôt pour se mettre au travail », nous dit Avinash.

Cependant, il y a deux ans, l’état de santé de la mère s’est détérioré. « Elle avait contracté une pneumonie. » Maladie dont elle ne s’est jamais remise, malgré les traitements reçus. « Notre père, qui s’occupait d’elle, était très fort. C’est lui qui soutenait notre mère », nous explique Neeraj. Toutefois,  il y a plus d’un mois, ils ont perdu une tante emportée par la maladie. « Mon père a perdu sa sœur. Cette terrible perte l’avait bouleversé et il ne s’est jamais vraiment remis. »

Diabétique et souffrant d’asthme, il devait suivre un  long traitement. Après le décès de sa sœur, sa santé, à son tour, déclinait. Avinash est retourné au pays il y a quelques semaines afin de veiller sur ses parents. « Je ne suis revenu que pour eux », nous dit-il. C’est au cours de la semaine écoulée que tout a basculé pour la famille.

« Il y avait une session de prières chez ma tante décédée et mon père a tenu à s’y rendre. Ce jour-là, il avait oublié sa prise d’insuline pour le diabète. Il a eu un malaise et mon frère a dû le transporter à l’hopital », révèle Neeraj. Après des soins, il a été autorisé à rentrer chez lui. Mais quelques jours plus tard, sa santé a empiré. « Il a fait un malaise à la maison, sous les yeux de ma mère, qui était également malade. Je l’ai emmené à l’hôpital du Nord. Il avait sombré dans le coma. C’est un appareil qui le maintenait en vie », nous raconte Avinash.

Leur mère demandait tous les jours de ses nouvelles. « Je lui disais que mon père était toujours admis, mais elle sentait que cela n’allait pas. Après cette longue vie commune, ils avaient une relation fusionnelle. »

Samedi 21 octobre. Alors que leur fille Ansuya et leur fils Avinash étaient dans la maison, Shardah Pyaneeandee qui s’était endormie, ne s’est jamais réveillée. « Ma sœur a essayé de la réveiller. C’est ainsi qu’on s’est su qu’elle était morte dans son sommeil. » Leur père était alors encore à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam, à Pamplemousses.

Ils meurent à quatre heures d’intervalle

Et au bout de quatre heures, c’est une autre tragique nouvelle que la famille a reçue. « L’hôpital nous a informé que mon père avait également rendu son dernier souffle. J’étais encore à l’étranger quand mon frère m’a informé de la nouvelle. Je m’étais préparé pour mon père, mais de perdre les deux le même jour, cela constitue un choc terrible », nous dit Neeraj.
C’est dimanche à 15 heures qu’ont eu lieu les funérailles du couple. « Ils s’étaient tant aimés qu’ils n’ont pu vivre l’un sans l’autre », disent les enfants,  en sanglots, qui retiendront à jamais les enseignements et les précieux souvenirs du couple uni dans la mort.

 

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