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Une seconde vie aux déchets : ne jetez plus, on récupère

Les musées préservent notre passé, le recyclage préserve notre avenir, disait le philosophe Theodor Wiesengrund Adorno. Qu’est-ce qui explique un tel engouement pour donner une seconde vie aux objets destinés à la poubelle ? Objectif économique ou éveil créatif, le recyclage détourne les objets de leur fonction initiale. Alberto, Malinie, Sabrina, Fabrice et Géraldine en ont fait leur activité.

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Qui n’a jamais jeté un objet usé au lieu de chercher à le réparer ? Le recyclage a fait son entrée dans le monde du fait-main il y a quelques années. Grâce au Do It Yourself (DIY), qui rencontre un franc succès chez les Mauriciens en quête de nouveauté, la planète se porte mieux.

Cette pratique répandue, en apparence banale, permet de réduire le nombre de déchets et de donner un nouveau sens aux objets. Des boîtes de conserve transformées en lampes jusqu’aux moteurs de véhicules reconvertis en gril en passant par les bouteilles métamorphosées en vase, la liste est longue. Les rois de la récupération ont trouvé le moyen de mettre leur créativité et leur imagination en pratique, tout en étant écolo.
Tantôt farfelue, tantôt chic, la récupération requiert de l’inventivité. Une technique qui ne nécessite pas une grande réflexion pour certains mais qui permet simplement de laisser libre cours à son imagination pour donner une nouvelle vie à des saletés. Qui plus est, c’est aussi une manière d’économiser des sous.

Ne jetez plus, on récupère

Récupérer, transformer et détourner : cette pratique séduit de plus de plus de Mauriciens. Elle est non seulement bénéfique à la planète mais constitue aussi un remède anti-crise, selon certains.

Les plus malins parviennent à faire du neuf avec ce que les autres ont mis au rebut. Et voilà que des vieux pots de confitures se transforment en lanternes, que des capsules de bouteilles sont utilisées pour la déco, que des journaux se métamorphosent en panier ou encore des pneus en mobilier.

Au-delà des ateliers pour particuliers, les artisans se sont mis au marché du recyclage et en ont fait un business lucratif. Les matériaux servent à autre chose que ce pour quoi ils ont été créés. Avec le recyclage, on trouve des objets irremplaçables en exclusivité, jamais vus ailleurs.

Dans beaucoup de cas, cela a commencé comme un passe-temps ou une action pour protéger l’environnement, puis l’évidence s’est installée.

Géraldine : la passionnée  

Géraldine  Elle a une véritable passion pour l’artisanat et le DIY. Géraldine Momine Marie-Jeanne, 26 ans, a créé sa petite affaire et propose des créations toutes différentes les unes des autres. Cette mère de famille est une véritable adepte du fait-main et du recyclage. « J’ai commencé par hasard, en surfant sur Internet et l’idée m’est venue de recycler quelques objets que j’avais à la maison. Je puise certaines idées d’Internet et je rajoute mes touches personnelles », avoue-t-elle.

Jour après jour, elle prend plaisir à confectionner ses objets. Après s’être occupée de son fils, durant son temps libre les après-midis, elle s’adonne à son passe-temps préféré : confectionner des objets déco. En plastique, en bois, en bouteille, rien ne lui échappe quand elle laisse parler sa créativité. « Ce n’est pas simplement un passe-temps, on contribue au bien-être de l’environnement. Si nous ne recyclons pas ces objets, ils finissent à la poubelle ou dans les rues », indique cette habitante de Trou-aux-Biches. Elle confectionne sur commande des objets de décoration pour son intérieur ou pour des fêtes.


Fabrice : opération recyclage

Fabrice opération recyclage

Bouchon en liège ou en plastique ou encore capsule  : ces objets ne sont plus anodins pour Fabrice Wright, 22 ans. Cet amoureux de la nature voyait des bouchons à tous les coins de rue. Il a donc décidé des les récupérer pour en faire des objets utiles. «  Les bouchons ne manquent pas. J’en avais marre d’en voir traîner partout devant les boutiques, sur les trottoirs », s’indigne le jeune homme.  « Parfois, j’ai l’impression que les bouchons poussent comme des champignons. Si je passe aujourd’hui pour les ramasser en revenant demain il y en a encore des dizaines. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de la responsabilisation de la population face à l’environnement », explique  Fabrice. Il s’est lancé dans la confection de sous-verre et dans la personnalisation du mobilier.

Rasta Chic : de la racine à une œuvre d’art

Rasta Chic

Valoriser, réparer et enjoliver des morceaux de bois visiblement inutiles. C’est le coup de maître d’Alberto François. Pour promouvoir une écologie saine, il parcourt des kilomètres pour mettre la main sur des morceaux de bois, des canettes ou tout autre objet. « C’est une passion qui dure depuis 12 ans. J’admire Pem, le sculpteur du Caudan et j’aimais le voir travailler. Et un beau jour j’ai décidé de me jeter à l’eau. Je me suis payé un set de ciseaux pour bois que je ne quitte plus », confie l’artiste de 34 ans.

Rasta Chic est la marque de ce passionné pour qui le bois est devenu son gagne-pain lorsqu’il a plaqué son job de cuisinier. Le bois n’a plus de secret pour lui. « Qu’il soit bûche, branche ou rondin, il est facile à travailler. Je ne fais qu’embellir des morceaux qui peuvent sembler futiles alors que dame nature a déjà fait la moitié du travail et j’y ajoute une touche personnelle », explique Alberto. Pour cet habitant de Flic-en-Flac, son travail relève avant tout du plaisir. « Je ne cherche pas l’inspiration, c’est elle qui me trouve. Je ne pars jamais avec une idée précise car on peut être déçu si on ne trouve pas ce que l’on cherche. C’est en découvrant l’objet que l’inspiration vient, instinctivement », dit-il.

Malinie : une maman créative

Malinie

Pour elle, ce sont les chutes de tissus qu’elle récupère des ateliers ou de fournisseurs sur les réseaux sociaux qui sont utiles. Femme au foyer, Malinie a trouvé un moyen simple de se faire de l’argent tout en ayant le temps de s’occuper de ses enfants et de sa maison. « Cela fait six ans depuis que je me suis prêtée au jeu. J’ai rejoint une association féminine spécialisée dans le fait-main. J’ai appris à coudre, broder et à faire beaucoup d’autres choses avec du tissu. Et, grâce à un reportage télé, l’idée m’est venue d’utiliser les chutes de tissus. J’ai crée ma page Facebook et j’ai enchaîné les modèles. Les commandes sont vite arrivées », se souvient-elle.  Âgée de 49 ans, Malinie se fait plaisir tout en donnant une autre dimension à son petit commerce. « Je me fais plaisir, indépendamment de l‘argent que je reçois. Après six ans, je suis toujours aussi fière d’avoir fini un modèle », dit-elle.

Parmi ses créations, on trouve des tapis de bain, des sous-verre, des nappes, des ronds de serviettes, des porte clés, des guirlandes et des figurines en feutrine. Étonnamment, elle n’utilise jamais de machine à coudre.

Sabrina : « Je me suis découvert une âme d’artiste »

Sabrina

Neuf mois depuis que Sabrina s’est mise au recyclage. Par pur hasard, elle est tombée sur un tutoriel expliquant comment transformer un pot de confiture en lanterne. « Après avoir vu la vidéo, je me suis prêtée au jeu sachant qu’il y avait des pots vides à la maison. Au début, je ne maîtrisais rien car je ne connaissais rien à l’art », explique la mère de famille. Elle prend alors le chemin du recyclage et se découvre une âme d’artiste.
Ses pots et ses bouteilles, elles les récupèrent sur les réseaux sociaux, aux pages recyclage, ceux que les gens ont jeté dans la rue ou encore sous les varangues des boutiques du coin. « Auparavant, je ne faisais pas attention à ce que je jetais. Comme les bouteilles que je ramasse aujourd’hui dès que j’en trouve. C’est impressionnant le nombre de choses qu’on peut faire avec », souligne l’artiste en herbe. Par ailleurs, ses premiers fans sont ses deux enfants qui l’encouragent à continuer.

  • Leal

 

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