Elle ne voulait qu’une chose: le bonheur de ses enfants.
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Anju Kashinath Somrah, 35 ans, n’aura pas vécu assez longtemps pour concrétiser ce rêve. Victime de violence domestique, la jeune femme avait pris la décision de quitter celui qui la martyrisait depuis de nombreuses années. Dimanche, tout a basculé. La jeune femme a été froidement assassinée par Sudhir Somrah, son époux âgé de 37 ans. Elle laisse quatre enfants, dont l’aîné est âgé de 11 ans.
C’est en 2000 qu’Anju avait fait la connaissance de Sudhir, un habitant de Terre-Rouge. « C’était un mariage ‘arrangé’ », confie Manoj, le frère de la victime. « J’étudiais en Inde à l’époque. Je ne connaissance pas vraiment mon beau-frère. Cependant, dès le départ, quand je suis revenu, je n’étais pas d’accord que ma sœur aille habiter aussi loin. »
Dès leur première année de mariage, les malheurs de la jeune femme ont commencé, poursuit Manoj. Face à un mari violent qui la frappait, elle n’avait d’autre choix que de retourner vivre sous le toit de ses parents à St-Remy, Flacq. Son époux venait toujours la chercher en lui demandant pardon et en promettant de ne plus jamais porter la main sur elle. C’étaient de vaines promesses.
Les années se sont ainsi écoulées sans que Sudhir ne se débarrasse de ses mauvaises habitudes. Anju a continué à subir les accès de colère et les violences de son mari. « Nous avons conseillé à notre sœur de la quitter, mais elle a toujours voulu lui donner une dernière chance. Le couple a eu des enfants et Anju était rouée de coups même pendant ses grossesses », nous dit encore son frère. Las de cette situation, les parents d’Anju ont fini par parler avec Sudhir, pour le sommer de changer de comportement. « Li dir so Madam sa e ki li gagn drwa bater. »
Anju porte plainte
Anju n’en pouvait plus et avait décidé d’abdiquer devant ses grandes résolutions. Voulant à tout prix échapper aux griffes de l’énergumène, Anju décide de plier bagage une nouvelle fois. Elle quitte donc le domicile conjugal, à Terre-Rouge, pour aller se réfugier chez ses parents à Flacq. C’était au mois de février de l’année dernière. « Nous avons dû aller la chercher ce jour-là » confient ses proches. Une fois de plus, son mari est revenu, plus repentant que jamais, avec les promesses de bonne conduite sur les lèvres.
« Anju a décidé de passer l’éponge et se soumettre, en pensant aux enfants. Ils ont loué une maison à Flacq », explique Manoj. Anju était ainsi plus près de sa famille. Malgré cela, les coups ont continué à pleuvoir. Il y a quelques mois, Anju a porté plainte contre Sudhir, qui a été arrêté. N’en pouvant plus, la jeune femme était résolue à le quitter définitivement. Avec l’aide de ses proches, elle a pu se trouver une maison à louer à seulement quelques mètres du domicile familial, à St-Remy. Elle y a emmenagé, il y a un mois, avec ses quatre enfants.
Elle commençait à reprendre goût à la vie. « Elle travaillait au champ avec son père. Elle l’accompagnait également au marché, où son père tient un étal. Son tempérament chaleureux et sa bonne humeur lui ont permis de se faire rapidement de nombreuses amies », explique Mala, 60 ans, sa mère. Pendant la journée, les enfants étaient à l’école et dans l’après-midi, c’est Mala qui s’occupait des petits.
Le dimanche 9 juillet, Anju était partie travailler avec son père. Elle est revenue vers 17 h 30. « Linn pase, linn dir li pa pou manze. Li pe al kwi », explique la mère de la victime. Nul ne pouvait prévoir le drame qui se préparait.
Anju, sans se douter de rien, est rentrée. Son époux, qui se trouvait déjà dans la maison, attendait le moment de passer à l’acte. Aussitôt après l’entrée d’Anju, il l’a empoignée et l’a traînée de force dans sa chambre. Il a verrouillé la porte de la chambre, après quoi il a commencé à l’agresser à l’aide d’un couteau.
« Mo tizenfan inn vinn galope, linn dir Papa pe touy Mama » lâche Mala en pleurs. Elle s’est précipitée dans la maison où vit sa fille. « Les voisins ont dû enfoncer la porte pour accéder dans la chambre », poursuit-elle. « Ma fille était étendue sur le lit. Elle était en sang. Monn pran kouto ek so misie, li dir li pou piker encore. Mo dir li ki ou pou piker, mo piti inn fini mor ! » Après avoir commis ce meurtre, l’époux a tenté de se donner la mort.
La police de Flacq a été mandée sur place. L’époux a été conduit au poste de police avant d’être admis à l’hôpital de Flacq. L’autopsie a révélé que la jeune femme a reçu une dizaine de coups de couteau. Elle a été atteinte au cœur. Ses funérailles ont eu lieu lundi après-midi devant les parents, les proches et ceux qui étaient venus témoigner de leur soutien à la famille affligée.
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