Elle a été secourue par les gendarmes le jour de la fête des Mères. Victime d’une extrême violence de la part d’un homme qui se disait amoureux d’elle, S.H. souhaite en parler pour que d’autres femmes ne se fassent pas piéger.
« Mon péché, c’est d’avoir cru qu’un homme voulait de moi comme femme pour me rendre heureuse… » Recroquevillée sur un fauteuil, les mains tremblantes, tête baissée, S.H., 52 ans, pleure toutes les larmes de son corps. Victime de sévices sexuels à La Réunion, elle est rentrée à Maurice il y a quelques jours. Dans son corps et son cœur meurtris, une immense douleur qu’elle veut crier.
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Célibataire, S.H. raconte qu’elle souhaitait rencontrer quelqu’un pour qu’enfin la solitude cesse de la ronger. Suivant les conseils d’une amie, elle s’inscrit sur un site de rencontre. « J’ai alors fait la connaissance de R. qui m’a dit qu’il avait eu le coup de foudre pour moi. Vous allez me trouver bête, mais j’y ai cru telle une ado amoureuse… »
Le bourreau présumé est en détention
Après avoir été placé en garde à vue dimanche 29 mai, R., qui a un casier judiciaire, est toujours en détention. Pour l’heure, nous ne savons pas s’il a avoué les faits qui lui sont reprochés. Cependant, les gendarmes sont en possession d’une série de preuves contre lui, incluant des vidéos pornographiques et des messages qu’il aurait envoyés sur le téléphone de S.H.
L’homme lui aurait promis monts et merveilles. Et c’est ainsi que le 20 mai dernier, elle se rend à l’île sœur. « Dès que nous sommes arrivés chez lui, il a voulu me conduire dans la chambre. Comme la maison était vraiment en désordre et sentait mauvais, je lui ai proposé de mettre de l’ordre. J’ai pris au moins trois heures pour faire le ménage. Il m’a demandé de prendre un bain et puis il m’a dirigée vers la chambre. »
Prisonnière
Si S.H. est interpellée par l’empressement de R., elle se dit que c’est le premier jour et que c’est pourquoi il agit ainsi. Elle déchante vite. « Tous les jours, du matin au soir, j’ai été victime de sévices sexuels de la part cet homme », raconte-t-elle en pleurs. Elle réalise que R. ne lui a vendu que du rêve.
Selon S.H., « c’est un grossier personnage que j’ai découvert. Il me menaçait et m’obligeait à avoir des relations sexuelles avec lui au réveil. Il n’hésitait pas à introduire des objets dans mes parties intimes. Il m’insultait. Il me disait qu’il allait faire venir d’autres hommes... » Elle l’aurait supplié. « Mo dir li pa fer sa avek mwa... »
S.H. remercie les autorités réunionnaises
La victime alléguée tient à remercier les autorités réunionnaises et les associations de protection de la femme sur place. « Je serais peut-être morte si personne n’était venu à mon secours. Je remercie les gendarmes, l’association GARMS, le consulat et l’association des Femmes Solid’air pour leur soutien et les Mauriciens qui sont à La Réunion et qui ont fait de leur mieux pour me venir en aide. Toute ma famille leur en est reconnaissante. »
La Mauricienne aurait été prisonnière. « Avant que je ne me rende à La Réunion, il me disait qu’il travaillait, mais ce n’était pas vrai. Il était tout le temps à la maison et je ne pouvais rien faire. Quand une amie ou un membre de la famille appelait, il restait à côté de moi et me disait de parler en français pour qu’il comprenne. Je ne pouvais rien dire. »
Selon S.H., R. l’aurait un jour emmenée chez un de ses amis. Sur place, ce dernier lui aurait déclaré qu’il voulait avoir des relations sexuelles avec elle. « J’ai demandé à R. pourquoi il ne disait rien. Il m’a répondu qu’on pouvait bien le faire à trois, car son ami est en situation de handicap. » La quinquagénaire refuse et se met à pleurer. « On est rentré, mais je savais que la prochaine fois je n’y échapperais pas. »
Pendant plus d’une semaine, S.H. serait demeurée l’esclave sexuel de R. « Je pleurais tous les soirs, mais cela ne l’empêchait pas d’abuser de moi. Il me menaçait avec des armes tranchantes. J’avais parfois envie de passer par la fenêtre, mais j’étais tétanisée. Il m’a montré un tatouage de cercueil sur son bras et me disait qu’il l’avait fait le jour où la personne qu’il a tuée a été enterrée… »
Son message aux femmes
« J’ai compris que d’autres femmes avaient été séquestrées comme moi, mais elles n’ont pas voulu porter plainte. » En rendant publique son histoire, S.H. souhaite libérer la parole et sauver d’autres femmes. « Le déshonneur que l’on ressent est immense. Mais je sais que je ne méritais pas tout cela et qu’aucune femme ne mérite cela. Je leur demande donc de ne pas se taire. En nous taisant, nous permettons à ces personnes de faire d’autres victimes. »
Secourue
Son salut, elle le doit à ses enfants qui finissent par comprendre que quelque chose ne va pas. « C’était le jour de la fête des Mères. J’avais caché mon passeport et envoyé l’adresse à mes enfants. Quand ils m’ont appelée, ils ont tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Ils ont alors contacté un de leurs amis qui a appelé la gendarmerie. »
Le même jour, les gendarmes ont débarqué au domicile de R. « Quand il a ouvert la porte, j’ai tout de suite couru vers les gendarmes. Monn dir zot s’il vous plaît ed mwa. Ils lui ont passé les menottes et l’ont embarqué. »
Il m’insultait. Il me disait qu’il allait faire venir d’autres hommes... "
Après avoir été examinée, avoir reçu les premiers soins et avoir été placée dans un lieu sûr, S.H. a pu regagner Maurice. Elle a besoin d’un soutien psychologique et espère que justice sera faite. Sa révolte, elle voudrait la transformer en force pour pouvoir survivre. Et vivre, tout simplement.
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