
Face à une crise de gouvernance et la démission annoncée du gouverneur Rama Sithanen, la BoM est sous le feu des projecteurs ces dernières semaines. Une situation qui vient remettre en question sa mission initiale et son rôle dans la stabilité économique du pays.
Publicité
En vertu de la loi fondatrice de 1966, la BoM avait pour vocation première de préserver la valeur de la roupie mauricienne et de garantir sa convertibilité. En 2004, un nouveau cadre légal a redéfini ses priorités, centrées désormais sur la stabilité des prix et la promotion d’un développement économique équilibré. Malheureusement, ces objectifs semblent aujourd’hui relégués à l’arrière-plan.
Selon le Dr Ashok Aubeeluck, économiste, la mission centrale de la BoM a été diluée sous l’effet d’influences extérieures. Il déplore que des intérêts politiques et familiaux aient pris le pas sur les considérations économiques, compromettant l’image de l’institution. Pour lui, le rôle de cette dernière dans l’orientation de la politique monétaire s’est estompé au profit d’agendas non transparents.
Lors d’une conférence de presse récente, le Premier ministre Navin Ramgoolam a reconnu la situation préoccupante de la Banque centrale, tout en défendant le bilan de Rama Sithanen. Il a mis en avant une appréciation de 6 % de la roupie face au dollar, une inflation en baisse à 3,3 %, ainsi que des réserves de devises atteignant 9,5 milliards de dollars en septembre 2025, contre 8,4 milliards en novembre 2024. La BoM aurait également enregistré un bénéfice de Rs 7,3 milliards.
Transparence et innovation
Pourtant, les chiffres publiés par Statistics Mauritius montrent une autre facette de la situation. L’inflation en glissement annuel est passée de 2,7 % en août 2024 à 4,8 % en août 2025, signalant une pression persistante sur les prix à la consommation.
Le Dr Ashok Aubeeluck estime que les propos du Premier ministre relèvent d’une posture politique visant à préserver la stabilité gouvernementale. Il insiste sur le fait que le fonctionnement de l’institution mérite une révision en profondeur. Il parle d’un passage de Charybde en Scylla entre l’ancien et l’actuel régime, où la transparence, la méritocratie et la vision auraient été reléguées.
L’économiste souligne également la nécessité de repenser certaines pratiques, notamment la double fonction du gouverneur qui préside également le conseil d’administration de la Financial Services Commission. « Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument », prévient-il.
En attendant la nomination d’un nouveau gouverneur, plusieurs questions demeurent. Quel profil pour redonner à la BoM sa crédibilité ? Un analyste estime que le prochain titulaire devra innover et mettre en place des stratégies pour attirer davantage d’investissements, tout en restaurant l’image de l’institution.
Les fonctions de la BoM selon son mandat
- Mener la politique monétaire et gérer le taux de change de la roupie, en tenant compte du développement économique ordonné et équilibré de Maurice.
- Réglementer et superviser les institutions financières relevant de sa compétence, à savoir les banques, les établissements de dépôt non bancaires, les bureaux de change et les négociants en devises.
- Émettre de la monnaie.
- Agir en tant que banquier du gouvernement et des banques.
- Gérer les systèmes de compensation, de paiement et de règlement de Maurice.
- Gérer les réserves de change de Maurice.
- Collecter, compiler et diffuser des statistiques monétaires et financières connexes.
- Conseiller le gouvernement sur les questions financières.
- Promouvoir la compréhension du système financier par le public.
- Gérer le Bureau d’information sur le crédit de Maurice.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !